Le projet Cigéo (centre industriel de stockage géologique) d’enfouissement de déchets nucléaires dans la commune de Bure à 500 mètres sous terre, dans la Meuse est encore synonyme de tensions sociales, en témoigne les affrontements en date du 15 août entre les opposants au projet d’un côté et les gendarmes de l’autre.

Cette opposition n’est pas récente. Depuis 1998, et la désignation de Bure comme site de stockage profonds des déchets nucléaires les plus radioactifs ou à vie longue du parc français, l’opposition et les actions tournées contre ce projet perdurent.

Pour rappel, le projet Cigéo vise à stocker sous terre pendant des millions d’années environ 83.000m2 de déchets. Les déchets concernés sont les déchets de haute activité (HA) et de moyenne activité à vie longue (MA-VL). Ils proviennent essentiellement de l’industrie nucléaire (traitement du combustible usé), des activités de recherche et également à faible quantité des activités militaires.

Le but de cette opération étant de stocker dans un lieu inaccessible pour l’homme ces déchets pendant une période déterminé qui correspondra au temps nécessaire à la décroissance de leur radiotoxicité. En effet, pour ce type de déchets, il faut que l’installation qui accueillera les déchets visés soit capable de contenir suffisamment longtemps les radionucléides par différentes barrières interposées entre les déchets et les écosystèmes de surface.

Les déchets radioactifs concernés ne peuvent être traités, éliminés par une filière d’élimination des déchets du fait de leur dangerosité (dû à leur forte concentration en radionucléides). Par ailleurs, pour perdre leur forte émission de radioactivité, ces déchets nécessite une surveillance et une conservation de ces derniers sur des milliers voire millions d’années d’où l’idée de les stocker sous terre. Le directeur de Cigéo, Frédéric Launeau, expliquait que ce projet de stockage sous la terre est efficace du fait que « la strate argileuse dans laquelle seront stockés les déchets est quasi imperméable. Pour faire parvenir ce déchets jusqu’à ce centre de stockage sous terre, un budget de 25 milliards (estimation du ministère de l’Energie est alloué, notamment pour que le transport s’effectue par funiculaire afin que l’homme soit le moins exposé à ces déchets et leur radioactivité. Pour l’instant, ces déchets sont stockés en surface sur différents sites (Manche, Bouche du Rhône etc…) en attendant une solution plus adaptée.

Le 2 août 2017, L’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a émis un nouvel avis (rendu public) sur le projet Cigéo dans l’optique du dépôt de la demande d’autorisation. Cette dernière juge que le projet "a atteint globalement une maturité technique satisfaisante au stade du dossier d’options de sûreté" avec une documentation justificative, ce qui n’était pas forcément le cas dans les précédents dossiers sur la question ayant fait l’objet d’un avis de l’ASN.

Toutefois, l’ASN formule certaines remarques ou mêmes réserves comme la gestion des déchets radioactifs bitumineux. Ces déchets, qui représenteront environ 18% de l'ensemble des déchets stockés par Cigéo, sont considérés comme hautement inflammables. Par conséquent, l’ASN recommande de prioriser sur la recherche de la neutralisation de la réactivité chimique des colis de déchets bitumineux.

Elle émet également des réserves sur l’architecture du stockage, le dimensionnement de l’installation face aux agressions, la surveillance de l’installation et la gestion des situations post-accidentelles. Selon elles, ces différents aspects architecturaux pourraient conduire à des évolutions de conception de l’installation. L’ASN soumet son projet d’avis à la consultation du public et arrêtera son avis final à la fin des consultations, soit en octobre 2017.

L’ANDRA prévoit de déposer la demande d’autorisation de création de l’installation Cigéo en 2019.

Si l'autorisation est accordée et le projet est validé par l’Autorité de sûreté nucléaire, la construction du centre de stockage pourrait débuter vers 2021 et les premiers colis seraient stockés aux alentours de 2030. L'exploitation commencerait avec une phase industrielle pilote qui validerait la conception.