Dans la nuit du 1er au 2 août, un satellite dédié à l’observation environnementale de la Terre et à sa végétation a décollé depuis le Centre Spatial Guyanais (CSG), port spatial de l’Europe. Ce satellite, dénommé Venµs pour « Vegetation and Environment monitoring on a New Micro (μ) Satellite », qui se traduit « contrôle de la végétation et de l’environnement par un nouveau micro satellite ».

Conçu et développé par le Centre national d'études spatiales (CNES) et l’Agence Spatiale Israélienne (l’ISA), il est considéré comme un « petit satellite » tant niveau poids (environ 288 kilos) que niveau prix (près de 100 millions d’euros). Il pourra analyser « l’évolution de la végétation » et « observer 110 sites tous les deux jours avec une précision de 5 mètres » selon les mots de Jean-Yves Le Gall, président du CNES.

De la forêt amazonienne aux grandes plaines glacées de Sibérie, c’est par le biais d’une observation multi-spectrale à haute résolution spatiale d’environ 5 mètres, ce satellite transmettra un ensemble de données qui seront exploités aussi bien par la communauté spatiale internationale que par la communauté scientifique. Ce satellite, résultat d’une fructueuse collaboration franco-israélienne, est le premier satellite d’observation de la végétation dédié au changement climatique qui se trouve à 720 km au-dessus de la planète Terre.

Cette mission sera guidé par un certain nombre d’objectifs, à savoir « la surveillance de la surface de la Terre sous l’influence des facteurs environnementaux (climat, topographie, sols, etc.), l’étude des interactions avec les activités humaines, la validation de modèles basés sur les écosystèmes naturels et cultivés ou encore l’amélioration de modèles dédiés au cycle du carbone ».
Par ailleurs, les données récupérées auront une finalité météorologique, c’est-à-dire qu’en suivant l’évolution de la surface planétaire, les scénarios de prévision climatique seront améliorés, notamment par une meilleure représentation « des rétroactions entre le cycle du carbone et le climat ». Pour Gérard Dedieu, chercheurs du Centre d’Etudes Spatiales de la Biosphère, cela permettrait d’apprendre « quel est le meilleur compromis entre des systèmes très complexes, très coûteux et des systèmes plus simples qui répondraient à des besoins de gestion de ressources naturelles mais aussi de meilleures compréhensions du cycle du carbone et du changement climatique ».
Ainsi, Venµs apportera des informations en matière d’agriculture permettant d’adapter nos modes de production en la matière par rapport à l’augmentation de la population. Par ailleurs, Venµs pourra mesurer l’écoulement des glaciers et ainsi apporter une preuve supplémentaire du réchauffement climatique et de la fonte des glaces afin de mieux anticiper la montée des eaux.

La mission de Venµs prendra fin dans deux ans et demi mais pourrait, si le succès est au rendez-vous, amener des missions du même type. En attendant, une fois sa mission terminée, Venµs se placera à 410 kilomètres d’altitudes de la Terre afin d’effectuer une mission test d'un an sur la propulsion électrique. Néanmoins, il est d’ores et déjà prévu que deux autres satellites à objectif environnemental soient lancés.
En 2020, le satellite « Microcarb » aura pour fonction d‘étudier les émissions de CO2 au niveau planétaire et en 2021, le satellite « Merlin » aura pour mission de « mesurer la concentration en méthane atmosphérique avec une précision inégalée, et mieux comprendre les sources d'émission de ce gaz à effet de serre qui joue un rôle déterminant dans le réchauffement global ».