Le 13 juillet 2017, La Commission européenne a annoncé saisir la Cour de justice de l’Union européenne au sujet de l’abattage des arbres actuellement en cours dans la forêt protégée de Bialowieza. Ce recours intenté par la Commission européenne est la conséquence d’un certain nombre d’avertissements lancés par cette dernière et restés sans réponse.

Quelle est l’objet de ce différend ? En cause, l’adoption par les autorités polonaises d’un programme d’exploitation de la forêt de Bialowieza qui permettrai notamment de tripler le nombre d’opérations d’exploitations forestières dans le district (de Bialowieza) et d’inclure dans l’exploitation forestière des zones jusqu’à présent exclues. Sauf que la forêt dont il est question est une des dernières forêts primaires d’Europe (avec Perucica en Bosnie-Herzégovine notamment) et aussi la plus ancienne d’Europe.
On qualifie de primaire une forêt qui est restée à l’écart de la plupart des influences humaines. La forêt de Bialowietza est inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 1979 et a été aussi reconnue par l'UNESCO en tant que réserve de biosphère depuis 1976. C'est la seule partie restante de l'immense forêt ayant recouverte les plaines du nord et centre de l'Europe après la dernière période glaciaire.
En outre, la Commission insiste sur le fait que le programme d’exploitation implique des « mesures qui comprennent l’abattage d’arbres centenaires » mettant en cause l’intégrité de ce site Natura 2000 mais aussi des espèces protégées comme les bisons d’Europe.

En raison de son caractère « protégé », la Commission européenne a considéré qu’il fallait adopter des mesures exceptionnelles pour stopper des dégâts que M. Brivio, membre de la Commission, a qualifiés d’ « irréparables ».
De son côté, le gouvernement polonais semble davantage s’amuser de cette saisine que s’en inquiéter. En effet, le ministre de l’Environnement polonais, le professeur Jan Szysko, a souligné son enthousiasme à se présenter devant la CJUE et prouver aux juges que les activités entreprises dans la forêt de Bialowieza respectent la loi.

Précisément, c’est sur le fondement d’une loi européenne relative à « la reconstitution et la préservation des sites et des espèces importants pour l’UE» que le gouvernement polonais entend se défendre notamment en poursuivant l’objectif de cette loi, à savoir s’opposer « à la dépréciation des réalisations de la population locale, des représentants de l’École polonaise des forêts et des services de protection de la nature ». En outre, la Pologne soutient qu’elle procède à des coupes de « protection » pour stopper des attaques d’insectes xylophages, sécuriser la circulation routière et lutter contre les risques d’incendie.
A côté de la Commission européenne, se dresse le comité de l’Unesco chargé du patrimoine mondial, qui a exprimé sa préoccupation quant aux opérations menées dans la forêt de Bialowieza et a annoncé le mois dernier initier une mission de surveillance. Enfin, l’Unesco a souhaité recevoir une mise à jour sur l’état de la forêt afin d’étudier la pertinence ou non de l’inscrire sur la liste du patrimoine mondiale en péril, en 2019, si un risque avéré ou potentiel était constaté.

Si les associations de défense de l’environnement ont de leur côté salué la décision de la Commission, il est à noter que des milliers de personnes ont manifesté fin juin à Varsovie pour demander le classement en parc national de l'intégralité de la forêt de Bialowieza.