Depuis le 13 juin 2017, la Tunisie a déployé un corps de policiers municipaux spécialement affectés à la verbalisation des infractions liées aux dépôts de déchets sauvages, à la ville comme à la campagne, dans 34 municipalités du Grand Tunis, avant l’entrée en fonction d’agents supplémentaires dans 40 autres municipalités du pays.

Cette police de l’environnement, bien que placée sous l’autorité des municipalités, est indépendante de la police municipale, et en lien direct avec le ministère de l’environnement.

La multiplication des déversements d’ordures dans l’espace public est une problématique préoccupante dans le pays, notamment depuis la révolution de 2011.

Le 30 avril 2016, une loi a été adoptée prévoyant des sanctions en cas de violation des règles spécifiques d’hygiène et de propreté : jeter ses ordures en dehors des containers prévus à cet effet, ou les brûler sera passible d'une contravention allant de 40 à 60 dinars (14,5 à 21 euros). Les délits seront, eux, punis d'amendes allant de 300 à 1.000 dinars (109 à 363 euros), voire de peine d’emprisonnement en cas de mise en danger de la santé publique.

Après une période de sensibilisation de la population, les agents seront en mesure de faire appliquer ces sanctions, à compter du 13 aout prochain.

Si 80% des Tunisiens approuvent qu'une amende soit imposée à toute personne qui jetterait des déchets dans l’espace public, d’après une étude réalisée par la fondation allemande Heinrich Böll, cette mesure ne fait pour autant pas l’unanimité, et suscite la polémique quant à son utilité et à son efficacité.

Selon Houcine Rehili, spécialiste du développement durable et territorial, et membre du parti politique, siégeant à l’assemblée, Front populaire, la décision relative à la mise en place d’une police environnementale est une solution démontrant un manque de vision des responsables politiques sur la question environnementale, avec une gestion des déchets actuellement « aux antipodes de celle actuellement en vigueur dans les pays avancés ».
Parmi les critiques inhérentes à ce nouveau corps de police, son utilité relative : ses prérogatives chevauchant à la fois sur celles de la police municipale, dont l’une des missions vise assurer la propreté et l’amélioration du cadre de vie, et sur celles de l’agence nationale de protection de l’environnement (dont les experts assermentés, chargé du contrôle des pollutions industrielle, commerciale ou urbaine, ont qualité d’officiers de police judiciaire), une augmentation des moyens de ces entités aurait pu être une solution préférable.

En outre le nombre insuffisant de conteneurs à déchets dans les rues, une collecte irrégulière de ceux-ci, et un manque de centre de traitements et de décharges seraient, en amont, l’une des causes principales du phénomène. Un ajustement du nombre de ceux-ci, ainsi qu’une mobilisation des moyens nécessaires pour sensibiliser les citoyens au respect de l’environnement, seraient plus efficaces qu’un régime répressif selon le spécialiste.

Si le ministre de l’environnement reconnait l’insuffisance des équipements, l’incivisme des citoyens et leur absence de conscience environnementale est également, selon lui, un facteur essentiel, ce qui justifie le déploiement de sanctions.
En mars, pour protéger la diversité biologique et mettre fin à la pollution visuelle selon les autorités, les sacs en plastique ont déjà été interdits dans les supermarchés de Tunisie.

L’avenir dira si ces mesures ont un impact significatif sur cette problématique.