L’américain écologiste David Tilman et ses collaborateurs ont publié en juin dernier un article intitulé « Future threats to biodiversity and pathways to their prevention », traduit par « Prédiction des menaces futures sur la biodiversité et piste pour les réduire » et paru dans la revue Nature, n° 546. Cet article expose que les extinctions des espèces animales attendues pour les 50 prochaines années ne sont pas irréversibles et peuvent être limitées par des actions anthropiques.

D’après ces chercheurs, la forte croissance démographique attendue pour les prochaines décennies, serait la principale cause de ces extinctions. En effet, ajouté aux changements environnementaux, cette croissance engendrera un fort développement économique, avec une augmentation de la demande en protéines animales, ce qui devrait accroître le nombre de terres cultivées et à termes, détruira les habitats des animaux, ainsi que leur fragmentation.

Ces chercheurs ont réalisé une projection en 2060 et ont déterminé que les extinctions seront particulièrement importantes en Asie, Afrique subsaharienne et Amérique du Sud. Pour arriver à cette conclusion, ils ont étudié la période entre les années 70 et 2010 et ont observé que ces trois régions ont eu une croissance démographique très intense, ainsi elles présentent aujourd’hui les indices de risque d’extinction les plus élevés.

D’après cette étude, en 2060, nous aurons besoin de 710 millions d’hectares de terres agricoles supplémentaires pour nourrir l’ensemble de la population mondiale. Cela devrait engendrer l’extinction d’environ 62% des grands mammifères que nous connaissons actuellement.

Plusieurs mesures sont envisagées afin d’éviter ce phénomène. La première consiste en le fait de poursuivre, d’étendre et de connecter entre elles, les terres protégées. En effet, leur utilité a déjà été prouvée, elles ont déjà permis de sauver 31 espèces d’oiseaux et 20% des mammifères menacés. Ces aires pourraient être implantées dans toutes les zones qui connaissent une forte biodiversité.

Ensuite, il faudrait changer les pratiques humaines, notamment réduire notre surconsommation de viande par des régimes alternatives. Le braconnage devrait également être maîtrisé. Les zones cultivées pourraient être concentrées exclusivement là où la productivité agricole est favorable. Dans ce contexte, il serait aussi possible de mettre en place des accords commerciaux permettant de concentrer la production agricole dans certaines régions. Cela permettrait également d’éviter la fragmentation des territoires des animaux.

Enfin, il serait nécessaire d’accroître le rendement des cultures. C’est-à-dire d’essayer de favoriser une production en adéquation avec les besoins de la population. Pour ce faire, il faudrait une technologie adaptée dans toutes les régions du globe. La réduction du défrichage devrait également permettre de réduire notre impact sur l’environnement.

Si toutes ces actions étaient menées volontairement au niveau international, les chercheurs estiment qu’il devrait y avoir une annulation de moitié, des risques d’extinction prévus d’ici 2060.