Le réacteur pressurisé européen ou EPR est un projet de réacteur nucléaire de troisième génération conçu et développé par Areva au cours des années 1990 et 2000.
Ce réacteur fait partie de la filière des réacteurs à eau pressurisée.
Il a pour objectif d’améliorer la sûreté ainsi que la rentabilité économique des centrales nucléaires par rapport à celles dotées de réacteurs de génération précédente. ( Comme la seconde génération par exemple).
Prévue pour durer quatre ans et demi, la construction de ces réacteurs se révèle très problématique puisque les chantiers sont respectivement commencés depuis une dizaine d'années et sont encore loin d'être achevés. Ces chantiers coûtent plus de 10 milliard d'euros.

C'est donc un groupe d'experts du nucléaires qui s'est penché sur les défauts constatés au niveau de la cuve et du couvercle du futur réacteur EPR de Flamanville. L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) ne rendra public que dans les jours prochains leur avis. C'est une décision cruciale pour l'avenir de cette centrale de nouvelle génération, censée démarrer fin 2018. Le projet a pris des années de retard. A travers ce projet, c'est aussi l'avenir d'Areva et d'EDF qui sont en jeu. Mais pour le réseau "Sortir du nucléaire", la sûreté de l'EPR n'est pas garantie.

Le problème que constate les experts c'est que la cuve du réacteur censée présenter toutes les garanties possibles pour exclure le risque de rupture, ne remplit pas les critères initialement requis en termes de résistance. L'autorité de sûreté nucléaire propose donc des contrôles réguliers pour compenser ce défaut de qualité. Mais malheureusement ces contrôles pourraient difficilement être effectués sur le couvercle. Le rapport estime donc que son utilisation, à défaut de ces contrôles, ne saurait être envisagée au-delà de quelques années.
" EDF aurait d'ailleurs déjà commandé un nouveau couvercle et profiterait du changement de combustible nucléaire en 2021 pour remplacer le couvercle actuel " selon Charlotte Mijeon, porte-parole du réseau Sortir du nucléaire.

Cette cuve est donc non conforme par rapport à ce qui avait été prévu au départ. Voilà pourquoi si l'Autorité de sûreté nucléaire donnait son approbation, même sous conditions et en exigeant une surveillance accrue d'EDF, ce serait très grave car les principes de base de la sûreté nucléaire pour satisfaire à tout prix les intérêts d'EDF et d'Areva seraient bafoués. Cela signifierait donc que " le gendarme du nucléaire accepte que l'on rogne sur les marges de sûreté mais qu'il entérinerait les mauvaises pratiques d'Areva qui n'a pas forgé ce couvercle de cuve dans les règles de l'art et a tenté de le dissimuler."
Les experts essayent de voir si il existe des marges de sûreté sur lesquelles il serait possible de se raccrocher pour sauver le projet EPR. Mais cela pose la question de l'indépendance de l'ASN, qui est censée être intransigeante et se retrouve mise devant le fait accompli par les industriels.

Il faut donc attendre que l'ASN rende public dans les jours prochains l’avis du groupe d’experts qui s’est réuni afin de déterminer si la cuve de l’EPR de Flamanville est suffisamment résistante malgré ses défauts de fabrication.

Source : " Sortie du Nucléaire "