Le 14 juin 2017 le pneumologue, très médiatisé, Michel Aubier a été jugé devant le tribunal correctionnel de Paris pour « faux témoignage sous serment ».
En effet, le Sénat a dénoncé Michel Aubier à la justice pour avoir menti sur ses liens avec le groupe Total, lors d'une audition sous serment devant la commission d'enquête sénatoriale en 2015.
Au cours de cette audition il a déclaré n'avoir « aucun lien d'intérêt avec les acteurs économiques ».

Michel Aubier est un pneumologue reconnu, il était chef du service pneumologie de l'hôpital Bichat de Paris jusqu'en août 2016. Ce dernier a toujours eu un discours très relativiste, au sujet de l'impact des particules fines émises par les moteurs diesel sur la santé, dans les médias.

Il avait, notamment, déclaré sur France 5 en 2016 que « pour le moment, ce qui a juste été démontré, c’est essentiellement des cancers lors d’expositions assez fortes, c’est-à-dire professionnelles. En ce qui concerne les expositions « naturelles », c’est beaucoup plus discuté. Il semble que ce soit en tout cas un facteur favorisant chez les sujets qui ont déjà des prédispositions à développer les cancers, c’est-à-dire les fumeurs ».

Sauf que depuis 1997, Michel Aubier travaillait, à temps partiel, en tant que médecin conseil à la direction général du groupe Total, et depuis 2007, celui-ci était membre du conseil d'administration de la Fondation Total. L'enquête a révélé que le pneumologue a été rémunéré plus de 150 000 euros par an par Total en 2013 et 2014.

En ce qui concerne la sanction, l’article 6 de l’ordonnance du 17 novembre 1958 relative au fonctionnement des assemblées parlementaires et qui renvoie à l’article 434-13 du code pénal dispose que « le témoignage mensonger fait sous serment devant toute juridiction ou devant un officier de police judiciaire agissant en exécution d'une commission rogatoire est puni de cinq ans d'emprisonnement et de 75 000 euros d'amende ».
En l'espèce, la procureur a retenu qu'il y avait bien un lien de subordination avec Total. De ce fait, elle a requis la culpabilité de Michel Aubier et sa condamnation, plutôt clémente, à une amende de 30 000 euros.

Il s'agit d'un procès inédit car c'est la première fois que le Sénat se constitue partie civile et qu'il peut donc demander réparation du préjudice subi.
Cependant, l'avocat du médecin, François Saint-Pierre estime que cette procédure est contraire à la loi. Selon lui, le serment n'est pas contraignant car la commission d'enquête sénatoriale n'est pas une juridiction. L'avocat de la défense a l'intention de soulever une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) au tribunal de Paris. Dans le cas où la QPC serait acceptée l'affaire devrait patienter jusqu'à ce que le Conseil constitutionnel se positionne.

Cette affaire a valu au Docteur Aubier le surnom de « Docteur Diesel » par le journal le « Canard enchaîné ». En effet, l'impact des moteurs diesels sur la santé humaine est aujourd'hui largement démontrée. Il est important de rappeler que les rejets de Nox, émis par les véhicules diesel, dans l’atmosphère seraient responsables de 107 600 décès prématurés chaque année dans le monde.