La loi pour la reconquête de la biodiversité du 8 août 2016 requière plusieurs points symboliques, démontrant l’évolution des mœurs au sein de notre société. C’est en ce sens que s’inscrit la suppression du terme de « nuisible » du Code de l’environnement. En effet, c’est dans son article 60 que la loi effectue cette modification en ce qu’elle vient remplacer les termes d'"animaux malfaisants ou nuisibles" par les notions de "spécimens d'espèces non domestiques" ou d'"animaux susceptibles d'occasionner des dégâts".

Cette suppression du terme de nuisible s’inscrit parfaitement dans la tendance actuelle. On se souvient par exemple du changement de statut de l’animal passant d’un « bien meuble » à un « être vivant doué de sensibilité » au sein du Code civil (article 515-14). Ainsi, les animaux ne sont plus définit par leur valeur marchande et patrimoniale. 
Il convient dans un premier temps de définir le terme de nuisible, qui définit « L’animal sauvage qui cause des dégâts au gibier et aux cultures, et dont la chasse est autorisée en dehors de la période d'ouverture, en vue de la régulation des populations ». C’est d’ailleurs dans cette ligné, que l’étude d’impact du projet de loi biodiversité faisait ressortir que ce mot tendait "à faire de l'élimination de certaines espèces un but absolu au mépris de leur participation à certains cycles biologiques ou au principe général de conservation d'une réelle biodiversité".

Il était donc aisé de constater que ce terme faisait référence à des animaux qui seraient par essence néfastes, alors qu’il est reconnu que chaque espèce à sa place son importance et son rôle dans notre écosystème. Dès lors, la notion de « nuisible » en plus d’être erronée se trouvait aussi être aléatoire et changeante. En effet, on se souvient par exemple du statut juridique du loup, qui en France est passé de « nuisible » à « espèce strictement protégée ».

Toutefois, alors même que notre droit avance vers une meilleure reconnaissance des êtres vivants autre qu’humain, cette transition semble être controversée. En effet, le Conseil scientifique du patrimoine naturel et de la biodiversité (CSPNB) estime qu’"Aujourd'hui en France, les représentations sociales des animaux ne sont pas les mêmes selon que l'on questionne des ruraux, des agriculteurs ou des citadins". Dès lors, les modifications juridiques concernant le statut des animaux et leurs droits, ne seront peut-être pas immédiatement suivi de résultat effectifs dans la pratique.

Cette modification reste cependant à relativiser. En effet, la doctorante Aline Treillard soulève que bien que le terme de « nuisible » ai pu être remplacé par des notions plus neutres, la notion de « destruction » est quant à elle toujours présent dans le Code de l’environnement. Ce terme illustre l’existence persistance de notions anthropocentrés au sein du Code, c'est-à-dire des notions plaçant l'homme au centre de l'univers et qui considère que toute chose se rapporte à lui. Pour l’universitaire, « les nuisibles continues à faire peur au législateur ».

Pour Chantal Cans en revanche, il s’agit d’adopter une technique de législation tout à fait différente. En effet, pour elle, la loi devrait par principe proclamer une protection envers l’ensemble de la faune, et par exception poser des régimes spéciaux en cas de besoin.

Ces différents tempéraments laissent penser que le législateur n’a pas fini de se prononcer sur ce type de question, sachant qu’est toujours présent dans le Code rural le terme d’ « organisme nuisible », désignant "tous les ennemis des végétaux ou des produits végétaux, qu'ils appartiennent au règne animal ou végétal".