« Fermer Fessenheim », c'était une des promesses de François Hollande candidat à l'élection présidentielle de 2012.
L'objectif était de réduire à terme la part du nucléaire en France à 50% contre 75% actuellement.  
La loi de transition énergétique votée en 2015 plafonne, en effet, les capacités de production nucléaire.
Fessenheim, la doyenne du parc nucléaire français était logiquement la première visée par un plan de démantèlement.
Située dans le Haut-Rhin tout près des frontières suisse et allemande, sa construction remonte à 1970, pour une mise en service en 1977.
Elle atteint cette année ses 40 ans ; sa durée de vie prévue à l'origine.
Le démantèlement d'une centrale est un processus coûteux s'échelonnant sur plusieurs décennies.
Le conseil d'administration d'EDF a adopté le 24 janvier un accord d'indemnisation du groupe pour la fermeture « anticipée » de Fessenheim.
C'est la première étape d'une longue procédure devant aboutir à son arrêt.
            Six représentants des salariés ont voté contre cette indemnisation d'un peu
moins de 500 millions d'euros, estimant qu'une fermeture entraînerait un important manque à gagner et la suppression de 2000 emplois.
Les représentants de l'Etat actionnaire à 85,6% ne se sont pas prononcés.
           
La validation de l'indemnisation précède le dépôt par EDF d'une demande d'abrogation
de l'autorisation d'exploiter Fessenheim. Le groupe a conditionné cette abrogation à trois contreparties:
L'extension de l'autorisation des travaux de l'EPR (Réacteur Pressurisé Européen) de Flamanville avant son arrivée à échéance en avril.
La possibilité de poursuivre la maintenance lourde du réacteur 2 de Paluel (Seine-Maritime) au-delà du délai légal de deux ans.
Le feu vert de Bruxelles en matière d'aides d'Etat.
La demande d'abrogation devra ensuite faire l'objet d'un décret pour entériner la décision de fermeture.
            Saluant une décision "équilibrée", Mme Royal indique avoir demandé à Berlin l'installation
d'"une commission mixte franco-allemande" pour examiner les projets d'avenir du site. L'installation d'une usine de voitures électriques Tesla, ou d'une usine de batteries ou encore la création d'un site pilote de démantèlement de centrales sont envisagés.
           
Outre-Rhin, Rita Schwarzelühr-Sutter, secrétaire d'Etat parlementaire auprès du
ministère de l'Environnement (BMUB), a salué "un pas dans la bonne direction".
            Greenpeace de son côté demande à EDF de "cesser de marchander à tout va".
De plus, les écologistes français, allemands et suisses soulignent que la plus vieille des centrales françaises est située sur une faille sismique.
Les syndicats restent, eux, totalement opposés à la fermeture. Ils l'estiment injustifiée sur les plans économique, social et environnemental.
Techniquement, la durée de vie d'une centrale peut être prolongée au delà des 40 ans grâce à des mises aux normes régulières sous le contrôle indépendant de l'ASN (Autorité de Sûreté Nucléaire).

Pour la ministre de l'environnement Ségolène Royal "Ce vote par le conseil d'administration d'EDF est quand même une grande première dans l'histoire énergétique de la France, parce qu'avant, le nucléaire c'était tabou".
Selon elle, il convient dorénavant de comparer le coût du nucléaire à celui des énergies renouvelables, "qui est en train de baisser", et d'encourager les mesures d'économies d'énergie.

Dans l'état actuel des choses, l'arrêt de la centrale nucléaire de Fessenheim ne devrait intervenir qu'au moment du démarrage de l'EPR de Flamanville, en 2018 voire un peu au-delà, a affirmé la ministre de l'Energie le 25 janvier.
Le sort de Fessenheim n'est peut-être pas scellé dans la perspective de l’élection présidentielle.
Tous les candidats ne sont pas favorables à sa fermeture.
Seule certitude, le dossier nucléaire en général et Fessenheim en particulier aura sa place dans les débats.