Depuis le 1e janvier 2017, l’Agence française pour la biodiversité (AFB), issue de la loi pour la reconquête de la biodiversité adoptée en août 2016 est devenue effective. Cette agence désormais considérée comme « le bras armé » de la nature, devra assurer de multiples missions telles que la gestion des parcs marins, la police de l’environnement ou encore lutter contre les espèces envahissantes.

En plus d’être sous la surveillance du Ministère de l’Environnement, de l’Energie et de la Mer, l’Agence a pour président d’honneur l’astrophysicien Hubert Reeves. Ce dernier avait d’ailleurs exprimé ses volontés avant la création de l’établissement public, en déclarant qu’il souhaitait « défendre et promouvoir auprès de tous, ce projet d’agence : une agence couvrant tous les domaines de la biodiversité, une agence dont la gouvernance fait place à toutes les parties prenantes, une agence ouverte sur ses partenaires, une agence qui touche le public, une agence enfin disposant de moyens humains et budgétaires pour mener ces actions. ».

Le concept, bien que pouvant sembler révolutionnaire est toutefois loin d’être nouveau. En effet, cette entité était déjà un engagement du Grenelle de l’environnement, par la suite repris par la loi Grenelle d’août 2009 prévoyant sa création pour la fin décembre 2010.

Alors que l’AFP a mis pas moins de dix ans à voir le jour, la Ministre de l’environnement Ségolène Royal maintient encore aujourd’hui son caractère indispensable, considérant qu’il y a « urgence à agir ». En effet, il semble ici utile de rappeler que selon la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature, en France métropolitaine : 9 % des mammifères, 24 % des reptiles, 23 % des amphibiens, 22 % des poissons d’eau douce et 32 % des oiseaux nicheurs sont menacés de disparition.

C’est ainsi qu’au terme de longues années d’incertitude, l’AFB à finit par voir le jour. Cette dernière est issue de la fusion de quatre organismes préexistants - l’Office national de l’eau et des milieux aquatiques (Onema), l’Atelier technique des espaces naturels, l’Agence des aires marines protégées et les Parcs nationaux de France ainsi que des employés du service du patrimoine naturel et de la Fédération des conservatoires botaniques nationaux – comptant en tout 1.220 agents. S’agissant des objectifs poursuivis par l’Agence, Christophe Aubel, le directeur de cette dernière, a affirmé qu’elle poursuivrait l’ensemble des missions des quatre entités fusionnées.

Toutefois, l’on peut constater que l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) ne fait pas partis des entités fusionnées, notamment de par la pression exercé par le lobbying des chausseurs pour rester indépendant. Dès lors, l’AFB n’englobe pas tous les « milieux terrestres » comme le souligne l’ONG Humanité & Biodiversité, ce qui peut être critiquable.

L’existence juridique effective de l’Agence depuis quelques jours, relance le débat de savoir si cette dernière va pouvoir répondre aux missions lui incombant. En effet, alors qu’une enveloppe de 225 millions d’euros a été alloué au projet, nombreux ont mis en avant le manque de budget imputé à l’Agence. On peut par exemple citer Jean-David Abel, vice-président de France Nature Environnement, qui considère que « la création de l’AFB est une avancée, mais elle reste précaire. L’agence débute avec des moyens insuffisants, alors qu’elle doit faire rapidement la preuve de son utilité sur le terrain. ». De la même manière, le secrétaire général adjoint du Syndicat national de l’environnement (SNE-FSU), affirme que « Les fonds ne suivent pas. Le budget est identique à celui des quatre anciens organismes alors que les missions et les compétences sont plus nombreuses. ».

Cependant, les 60 millions d’euros des « investissements d’avenir » semblent constituer une lueur d’espoir. Cette somme viendrait s’ajouter au budget initial alloué à l’AFB, bien qu’il n’existe aucune certitude concernant l’affectation des fonds à des projets concernant la biodiversité.

Affaire à suivre prochainement puisque la première réunion du Conseil d’administration se tiendra ce jeudi 19 janvier, avec pour ordre du jour, l’élection du président de l’Agence et l’arrêt des premières grandes mesures liées à la biodiversité et à la protection de la nature.