La consommation collaborative n'est pas un phénomène nouveau : recycleries ou autres systèmes d'échanges locaux existent depuis une vingtaine d'années. Mais entre la crise économique de 2008 et l'essor des technologies numériques, ces pratiques ont pris de l'ampleur et les modes de consommation collaboratifs se multiplient. Don, troc, prêt, partage de biens ou de services, location, revente… se font ainsi plus simplement et sont source d'économies pour les usagers.

Certes, elles restent largement marginales par rapport au volume total de biens échangés. Mais leur développement rapide justifie que des questions sur leurs impacts environnementaux se posent. Intuitivement, la consommation collaborative semble offrir de belles promesses : si la durée d'usage des biens augmente, il n'est plus nécessaire d'en pro¬duire autant pour assurer un même niveau de service et cela entraîne des économies de ressources.

Pour rappel, la consommation collaborative désigne un modèle économique où l'usage prédomine sur la propriété: l'usage d'un bien, service, privilège, peut être augmenté par le partage l’échange, le troc, la vente ou la location de celui-ci.

Une étude de l'ADEME démontre pourtant que la consommation collaborative n'est pas nécessairement bénéfique pour l'environnement, étant donné que selon ce rapport « l'ensemble des pratiques de la consommation collaborative est gigantesque et leurs impacts ne peuvent pas être appréhendés de manière unique, note Laurent Meunier, du service économie et prospective de l'Ademe. Nous avons donc choisi d'établir une analyse précise et des scénarios prospectifs sur le développement d'une dizaine d'entre elles parmi quatre catégories : les biens hors alimentaires, les biens alimentaires, les biens immobiliers et les services de mobilité. »


L'étude s'est ainsi focalisée sur des modes de consommation révélateurs de la vie quotidienne, avec un potentiel de développement significatif et pour lesquels des données étaient disponibles : le covoiturage, courte et longue distance, les communautés d'acheteurs, la mise à disposition de logements sur de courtes périodes, le partage de logements et d'objets... Les indicateurs tels que le changement climatique, la pollution de l'air, l'épuisement de ressources minérales et fossiles, l'écotoxicité en eau douce, la toxicité humaine ou la demande cumulée en énergie ont été appliqués à chacune de ces pratiques, et complétés par une analyse de sensibilité, lorsque celle-ci était accessible. « C'est le cas pour certaines pratiques touristiques, précise Laurent Meunier. Des données montrent que si l'on peut louer son appartement lorsque l'on s'absente, on va rester plus longtemps en vacances ou aller plus loin, ce qui change l'impact environnemental de la démarche. »