La semaine dernière, SEB, leader mondial du petit électroménager, affichait son ambition de se positionner comme le "champion de la lutte contre l’obsolescence programmée", preuves à l’appui. Une démarche qui reste encore marginale dans l’industrie, mais qui répond à une pression croissante de la part des consommateurs et des ONG. Et qui commence à être encouragée par la législation.
"Nous voulons nous positionner comme champion de la lutte contre l’obsolescence programmée." C’est bien l’ambition du leader mondial du petit électroménager, qui réalise aujourd’hui 4,77 milliards de chiffre d’affaires à travers le monde. Comment ? En créant, dès la conception, des produits réparables, en faisant en sorte qu’ils soient effectivement réparés et en assurant une continuité de service sur 10 ans.
La démarche ne date pas d’aujourd’hui. C’est en 2008 que SEB a amorcé le virage de la durabilité à grande ampleur. Mais il a fallu 8 ans pour que le groupe s’estime suffisamment légitime pour communiquer ses performances au grand public. Et elles sont concluantes : 97% de produits sont réparables sur 10 ans, sur l’ensemble de ses marques, grâce à une conception adéquate et la disponibilité de pièces de rechange pour plus de 40 000 articles (dans un centre de stockage, mais aussi avec des imprimantes 3D pour réaliser à la demande les pièces plus rares). Selon les estimations de SEB, cela devrait donner lieu à 500 000 produits effectivement réparés cette année. Une réparation qui peut se faire dans les ateliers de réparation classiques, mais que le groupe veut aussi pousser à réaliser chez soi, à l’aide de tutoriels.
Cette démarche semble être la bonne, les consommateurs seraient de plus en plus attentifs à la durée de vie des appareils. Et cela se traduit dans l’acte d’achat selon une étude du Comité économique et social européen (Cese) publiée en mars 2016. Une expérimentation menée sur internet pour l’étude montre ainsi qu’en moyenne, les ventes d’un produit sur lequel est affichée une durée de vie supérieure aux produits concurrents augmentent de 13,8%.
Pour autant, un décalage important semble encore persister entre nouvel achat et une réparation.
Parmi les actions prioritaires, il est alors nécessaire de garantir effectivement la réparabilité des produits. Et ce n’est pas une mince affaire. La loi Hamon, entrée en vigueur il y a un an, a bien mis en place un certain nombre de mesures pour augmenter la durabilité des produits, mais elle reste largement perfectible.
Autre mesure, "interdire la mise en place de dispositifs rendant impossible les réparations, permettre au consommateur de se procurer les pièces de rechange dans un délai minimum de 5 ans après la vente, l’informer clairement (affichage) de la durée de vie et des possibilités de réparation et intégrer dans les prix des produits des critères favorables à l’intensité d’usage et à la durée de vie".
Néanmoins on ne sait pas combien couteront ces produits à l’achat et quel sera leur coût de réparation.
Et ces critères pourraient entacher cette action, à l’origine de bon augure.