La surconsommation de sucre est l'une des causes connues de l'obésité, du diabète de type 2 et des maladies cardiovasculaires. Si la solution semble simple – réduire notre consommation de sucre –, l'Europe peine à inverser la tendance. Une récente étude sur le lobbying de l'industrie du sucre en Europe souligne la responsabilité des industriels de l'agroalimentaire contre toute réglementation contraignante.
Enrayer l'obésité est devenu une priorité sanitaire et économique. Responsable de plusieurs maladies (cardiovasculaires, diabète de type 2), l'obésité est une des premières causes de mortalité en Europe. En France, son coût social (dépenses de santé, perte de productivité...) vient d'être évalué par le Trésor public à 20 milliards d'euros pour la seule année 2012.
Face à ce fléau, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) préconise de limiter la quantité de sucre présente dans les aliments transformés et dans les sodas et de taxer les ingrédients trop sucrés. Mais l'industrie agroalimentaire résiste à toute réglementation contraignante.
Une étude de l'ONG Corporate Europe Observatory (CEO) publiée cet été montre en effet l'efficacité du lobbying des industriels du sucre en Europe, qui dépensent chaque année 21,3 millions d’euros pour des activités de lobbying auprès de la Commission européenne
Autre organisme ciblé par les industriels: l'EFSA, l'agence sanitaire européenne. Dans un avis rendu en 2010, basé majoritairement sur des études produites par les industriels, l'EFSA ne trouve pas "d’évidences scientifiques suffisantes" pour fixer un seuil de référence sur la consommation de sucre. Une position à l'opposée de l'OMS, puisque cette dernière recommande de limiter à moins de 10% les calories liées au sucre, voire à 5% pour garantir une meilleure santé. En France, on est loin du compte : 18% de l’apport énergétique des hommes provient des sucres, contre 20% chez les femmes et 22% chez les adolescents.
La législation en Europe reste ainsi très en retard compte tenu des connaissances sanitaires. Pour les aliments pour bébé par exemple, la réglementation européenne autorise jusqu'à 30% de sucre ; six fois plus que ce que recommande l'OMS !
Les industriels refusent également un étiquetage nutritionnel qui disqualifierait trop les produits très sucrés ou très gras. La France a été le théâtre du lobbying de l'Ania contre la mise en place d'un code cinq couleurs. Révélée en février 2016, cette affaire montrait la responsabilité des industriels dans le courrier adressé par le ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, à sa collègue de la Santé, Marisol Touraine, pour qu'elle abandonne ce projet.
Face à ces critiques récurrentes, les industriels font valoir leurs nombreux engagements volontaires, à l'instar de ceux pris en France dans le cadre Plan national nutrition santé (PNNS). Mais cela ne diminue pas pour autant la consommation de sucre.