"Diesel sale", c’est le nom de l’enquête publiée la semaine dernière par Public Eye. Menée sur près de trois ans, elle a permis de mettre en lumière la nature toxique de l’essence et du gazole vendus dans 8 pays d’Afrique (Zambie, Sénégal, Mali, Côte d’Ivoire, Ghana, Congo-Brazzaville, Bénin et Angola) et distribués par 4 marques : Lynx Energy, Trafigura, Vitol et Oryx. Des carburants qui n’auraient jamais pu être vendus en Europe, tant leur teneur en soufre, en benzène et autres produits toxiques est nocive. Public Eye met en cause la responsabilité de négociants de matières premières européens.
Le point de départ de l’enquête ? Less négociants suisses en matière premières ont massivement commencé à acquérir des réseaux de stations-services en Afrique. C’est le cas de Vitol, qui a racheté les stations de Shell. Idem avec la société Trafigura, (condamnée pour l’affaire du Probo Koala En août 2006, ce navire transportait des fonds de cuve pestilentiels qui seront déversés dans plusieurs sites d'Abidjan) qui a créé son propre réseau et racheté partiellement celui de BP. Public Eye s’est alors demandée s’ils ne rachetaient pas ces infrastructures pour distribuer des carburants de mauvaise qualité.
Néanmoins, bien que les agissements soient certes immorales, aucun des échantillons prélevés ne dépassaient le seuil légal. Tout était conforme aux standards en vigueur des différents pays où nous avons prélevé nos échantillons.
Les sociétés mises en cause, ont donc beau jeu de répondre que leur commerce est légal et que la morale et la légalité sont bien deux points différents.
Chez Public Eye, la réponse est très claire : ce commerce est illégitime car il repose sur une stratégie commerciale qui consiste à s’approcher au plus près des limites légales pour maximiser ses profits.
Le coût de ce système, c’est la santé de millions d’individus. Les Principes directeurs des Nations Unies relatifs aux droits humains, adoptés en 2011, stipulent clairement que lorsque le cadre légal dans lequel une société opère n’est pas suffisant pour protéger la population, sur son droit à la santé notamment, les sociétés ne peuvent pas se contenter de respecter le cadre légal.
"Des sociétés occidentales inondent depuis des ports occidentaux l’Afrique en carburants toxiques"
La défense de ces sociétés ? Il appartient aux gouvernements africains concernés de légiférer sur ce point. La balle semble alors dans leurs camps et les sociétés devraient s’y plier.
Par exemple, entre 2013 et 2014, le Ghana a baissé la limite légale de souffre, même si ce durcissement de législation fut minime (trois fois plus élevé qu’en Europe), il fût respecté par les industriels.