Par la notion de « septième continent », il ne faut pas imaginer une immense plaque de déchets mais plutôt une « soupe de plastique » composée de macro déchets éparses et de petits fragments. Il s’agit donc d’une multitude de micro-plastiques, d’un diamètre inférieur à 5 millimètres, en suspension à la surface ou jusqu’à 30 mètres de profondeur.

Cette pollution ne se situe pas uniquement dans une zone unique mais est présente dans cinq grands bassins océaniques, au sein du Pacifique Nord, mais aussi du Pacifique Sud, de l’Atlantique Nord et Sud et de l’océan indien. La rencontre des courants marins de ces zones, influencés par la rotation de la Terre s’enroulent dans le sens des aiguilles d’une montre dans l’hémisphère nord et dans le sens inverse dans l’hémisphère sud, selon le principe de la force Coriolis. Ces phénomènes forment alors des vortex que l’on appelle des gyres océaniques. Sur plusieurs années, tous les déchets qui flottent sur l’eau sont aspirés vers le centre de la spirale où ils s’amalgament et d’où ils ne sortent jamais.

La première plaque de déchets découverte par hasard en 1997 au centre du Pacifique Nord et surnommée « la grande poubelle du Pacifique » marque le début de la lutte contre le plastique dans les océans. De nombreuses expéditions ont été menées sur les océans du globe afin de mesurer l’ampleur du phénomène. Des expéditions sont lancées dans le Pacifique Nord, dans l’Atlantique Nord et Sud ainsi que dans le Golfe de Gascogne plus récemment.

Grâce aux études menées sur le sujet, un constat alarmant se dessine, non seulement le phénomène s’aggrave et se développe mais il serait également irréversible !

Les déchets qui peuplent les océans proviennent en effet à 80 % des terres. Ils sont portés par le vent ou les rivières, le reste tombant des navires de commerce. Jusqu'alors, les débris flottants étaient détruits par les micro-organismes. Cependant, cela n'est pas le cas des plastiques constitués essentiellement de polyéthylène, de polypropylène et de PET (polytéréphtalate d'éthylène). De plus, les plastiques constituent 90 % des déchets maritimes. Or, ces quantités ne cessent d'augmenter. On estime que 300 millions de tonnes de plastique sont produites chaque année dans le monde, dont près de 10 % finissent dans les océans.

Les déchets peuplant les océans, notamment les plastiques peuvent affecter les animaux situés au sommet de la chaîne alimentaire. Les plastiques mettent des centaines d’années à se dégrader. Par ailleurs, un autre phénomène vient aggraver ce constat. En effet, la lumière du soleil photodégrade les plastiques en les fractionnant en morceaux. Cela ne fait qu’empirer les choses dans le sens où, devenu plus petit, le plastique constitue une grave menace pour la biodiversité. Ils peuvent alors être ingérés par les poissons, les oiseaux et autres organismes marins entraînant des blessures ou encore des étouffements. Enfin, les déchets génèrent des substances toxiques allant jusqu’à créer un déséquilibre des écosystèmes.

Face à ce constat inquiétant, des opérations de nettoyage des gyres ont été entreprises ou sont à l’étude. Cependant, de nombreux obstacles sont à surmonter. Tout d’abord, l’ampleur des zones contaminées implique un travail de nettoyage gigantesque qui engendre du temps et un coût titanesque. Par ailleurs, ces déchets se situent essentiellement hors des eaux nationales et des zones économiques exclusives (ZEE). De ce fait, aucun Etat ne veut en assumer la responsabilité ni le coût.

Malheureusement, il est déjà trop tard. En effet, il est impossible de débarrasser complètement les océans de leurs déchets plastiques. Ils sont partout et il est irréalisable des retirer en pleine mer. Ainsi, c’est sur la terre ferme qu’il faut concentrer les efforts en traitant les déchets plastiques avant qu’ils n’atteignent les voies d’eau. Si rien n’est fait, en 2050, les océans recenseront plus de plastiques que de poissons…

Dans un premier temps, afin d’endiguer ou du moins de limiter le phénomène, il serait opportun de se concentrer sur la source du problème avec le nettoyage des canaux et rivières qui débouchent dans les océans, ainsi que les plages. Cela permettrait de prévenir une accumulation de déchets plus au large et en profondeur.

L’essentiel reste tout de même dans la nécessité de réduire la quantité de déchets produite en militant la consommation d’emballages, en favorisant leur recyclage et leur réutilisation et en recherchant d’autres alternatives telles que les plastiques biodégradables par exemple. Sans cela, les océans risquent de continuer à s’asphyxier avec des conséquences à craindre pour tous les écosystèmes ainsi que pour l’humanité.