La pollution de l’air coûterait au Monde des sommes ahurissantes chaque année, ce qui limiterait fortement le développement économique de nombreux pays selon la Banque Mondiale.
Dans son étude récente relative au coût économique de la pollution de l’air intérieure (au foyer) comme extérieure, la Banque a découvert qu’en 2013, date des plus récentes estimations, la Chine aurait perdu environ 10% de son PIB, l’Inde environ 7,5% et le Sri Lanka comme le Cambodge 8% du fait de la pollution de l’air. De leur côté, les pays développés perdraient des billions par an en jours de travail perdus et coûts d’aides sociales dus à des morts prématurées.
La pollution de l’air coûterait ainsi 7,6 milliards de dollars chaque année au Royaume-Uni, 45 milliards aux États-Unis et quelques 18 milliards à l’Allemagne.
Le continent africain n’est pas en reste, puisque le Zimbabwe, le Malawi et la République centrafricaine font partie des pays les moins pollués du monde, même si le Liberia détient le record de la plus basse perte de revenus du travail (estimée à 25 millions de dollars).

A partir des données fournies par l’Institute for Health Metrics and Evaluation (IHME), un institut de statistiques sur la santé publique sous le chaperon de l’Université de Washington, la Banque Mondiale estime que la pollution de l’air tue aujourd’hui 5,5 millions de gens prématurément (d’un an minimum). Elle passe ainsi au quatrième rang des facteurs de risques de décès prématurés dans le monde derrière les risques métaboliques, les risques alimentaires et les risques liés au tabagisme. Elle est connue pour provoquer des cancers et des maladies du cœur, des poumons et de l’appareil respiratoire.
Sans inclure le coût du traitement des maladies qui peuvent survenir de son fait, la Banque Mondiale a calculé en 2013 que le coût de ces morts prématurées équivaudrait à 225 billions de dollars pour l’économie mondiale. Chiffres qui, selon elle, ne peuvent refléter qu’imparfaitement le coût global de cette menace : le chiffre serait incommensurablement plus grand si l’on y incluait les coûts de santé. Le problème est qu’a fortiori, l’échelle du problème est d’autant plus grande que l’on s’intéresse plus précisément au mode de vie des personnes dans le besoin : ces dernières ont par exemple plus de chances d’habiter dans des zones polluées, facteur multiplié par le fait qu’elles bénéficient moins, dans les faits, de possibilités d’accès à un système de santé. Chez les pays en voie de développement, le risque sanitaire posé par la pollution de l’air prend la première place. « En 2013, 93 % des morts et maladies non fatales attribuées à cette cause étaient localisées chez eux avec en moyenne plus de 90% de la population exposée à des niveaux de pollution atmosphérique dangereux » selon Urvashi Narain, un économiste environnemental de cette institution. Le rapport de cette dernière met en exergue l’augmentation dans de nombreux pays de pollution extérieure, corollaire évident de l’inflation du nombre de voitures individuelles là-bas. Tandis qu’au niveau de la pollution intérieure, le constat serait tout aussi alarmant puisque des milliards de personnes continuent de dépendre de l’utilisation de bois, charbon et autres sources polluantes pour cuisiner ou chauffer leur habitat. L’institution estime que la pollution de l’air, non contente d’être un risque sanitaire, limite fortement le développement des pays. Et ceci, notamment en réduisant la qualité de vie et la production de nombreux pays. L’étude, à ce titre, a constaté un lien entre le développement économique et la pollution atmosphérique : ainsi, entre 1990 et 2013, les pertes enregistrées par les aides sociales ont quasiment doublé et les pertes de revenu du travail ont augmenté de 40% malgré les gains en développement économique et les améliorations sanitaires dont ils témoignaient à côté. Dans les pays pauvres, le déclin de la mortalité a été totalement éclipsé par le développement de la population et l’exposition grandissante à un air pollué. Depuis 2013, 87% de la population mondiale vit dans des zones qui excèdent les niveaux recommandés par l’OMS ; problème avec une acuité particulière envers les pauvres.
« La pollution de l’air, dit Laura Tuck, vice-présidente du développement durable à la Banque Mondiale, est un challenge qui a pour conséquences de menacer le bien-être des populations, de porter atteinte au capital naturel et matériel, et de limiter la croissance économique ». Elle ajoute qu’ : « Avec cette étude, qui chiffre les coûts économiques de la mortalité prématurée liée à ce fléau, nous espérons trouver un écho chez les décideurs et faire en sorte que l’on consacre davantage de ressources à l’amélioration de la qualité de l’air. Avec des mesures de lutte contre la pollution urbaine et des investissements dans des sources plus propres d’énergie, nous pouvons parvenir à réduire les émissions de particules dangereuses, ralentir le changement climatique et, par-dessus tout, sauver des vies ».