Les grands groupes dans le secteur des cosmétiques ont tendance à utiliser de plus en plus des micro-billes de plastique dans certains produits phares de celui-ci. Malheureusement, ces micro-billes posent de graves dangers pour la vie sous-marine : on en retrouve d’immenses quantités dans certains prélèvements effectués dans les rivières et dans la mer.

L’utilisation grandissante de micro-billes dans nombre de produits du secteur cosmétique, gants exfoliants, dentifrices et autres gommages, a vu ses conséquences néfastes sur l’environnement mises en lumière ces derniers temps au niveau européen : l’Autriche, les Pays-Bas, la Belgique, la Suède et la Grande-Bretagne sont au fait de ce problème nouveau et ont demandé leur élimination dans une déclaration commune. Chez cette dernière, ce problème retient particulièrement l’attention d’une partie des pouvoirs publics.

Des membres du comité d’audit environnemental anglais ont demandé un bannissement de leur utilisation sous 18 mois suite à la découverte de la quantité qu’on découvre dans les océans du monde entier. Ce seraient des billions de minuscules morceaux de plastique (matière connue pour sa longévité et son manque de biodégradabilité dans la nature) qui s’accumuleraient dans les milieux naturels. Soit à peu près 86 tonnes de micro-plastiques libérées dans l’environnement chaque année au Royaume-Uni selon une étude demandée par le Parlement anglais, et ce, juste pour les exfoliants pour le visage. On estime à 100 000 le nombre de particules entrant dans l’océan, ultime vaisseau de ces micro-plastiques, en une douche selon un membre de ce comité, Mary Creagh. Or, elles se déposent partout au gré de leur cheminement puisque les systèmes de gestion de l’eau ne sont pas équipés pour filtrer ces particules.

Cette pollution infiniment petite aux conséquences infiniment grandes, provient de la fragmentation de plus larges morceaux de déchets plastiques, de fibres synthétiques issues du secteur de l’habillement et enfin des micro-billes utilisées dans le secteur cosmétique. Sauf que leur utilisation dans les exfoliants, gels douche et dentifrices, peut être évitée. Cette dernière a ajouté qu’une interdiction complète était préférable au niveau international puisque la pollution, c’est bien connu, ne respecte pas les frontières. Leur présence aurait notamment été déclarée à la surface des océans, sur les plages du monde entier, mais aussi dans des endroits plus reculés comme les sédiments sous-marins ou encore la glace arctique. Une étude parue le 10 décembre 2014 dans le journal PLoS ONE chiffre la pollution plastique à la surface des océans et le constat est alarmant : cette pollution ne serait pas majoritairement le fait de ce que l’on nomme les « macro-déchets » mais celui des particules de moins de 4,75 mm, appelés micro-plastiques.

Certaines grandes compagnies se sont attelées à la tâche de façon volontaire mais de façon trop lente et limitée selon Greenpeace puisqu’elles estimaient la fin de leur utilisation d’ici à 2020.

Le problème des micro-plastiques réside en ce que leur petite taille leur permet d’être ingérés par la vie marine, leur permettant de transférer des produits chimiques de et à l’environnement.
Chaque année, ce seraient entre 80 000 et 219 000 tonnes de micro-plastiques qui entreraient l’environnement marin européen. D’aucuns estiment que leur capture via des systèmes de micro-filtrage doit être explorée.
Plus largement, cela met aussi l’espèce humaine en danger puisqu’elle peut devenir le consommateur final de ces vies sous-marines. Elle peut donc ingérer elle-même ces particules microscopiques en mangeant des fruits de mer ou du poisson par exemple. On en retrouve dans les muscles et les tissus des poissons commercialisés. Leurs conséquences sur la santé peuvent être néfastes puisqu’elles sont composées en grande partie de matières reconnues comme perturbateurs endocriniens : polluants organiques persistants (phtalates et bisphénols).

Richard Thompson, directeur de l’unité internationale de recherche des fonds sous-marins de l’Université de Plymouth estime qu’une norme d’interdiction serait une première étape bienvenue dans leur traitement. Tamara Galloway, de l’université d’Exeter l’a secondé en étant elle aussi en faveur d’une législation internationale puisque les courants et marées peuvent propager cette pollution loin de son lieu d’origine, touchant le monde entier.

Quid de l’obligation élargie du producteur des déchets ? Il reste à savoir si, ici aussi, l’émergence d’une législation en faveur de la protection de l’environnement devra attendre une crise et ses externalités irréparables. Si la France se met en marche avec l’interdiction de distribution des sacs plastiques à usage unique entrée en vigueur depuis le 1er mars 2016, il n’existe à ce jour aucune interdiction au niveau national ou européen concernant l’usage des micro-plastiques. Lueur d’espoir : on parle de ce problème dans le monde de la gestion des déchets comme d’un « gisement inexploité » puisque ces volumes insondables de plastique pourraient être recyclés.