Les émissions de gaz à effet de serre du territoire parisien sont recensées et évaluées tous les cinq ans. Pour ce faire, la méthode du bilan carbone est utilisée.

Qu’est-ce que le bilan carbone ?

Le bilan carbone est un outil de comptabilisation des émissions de gaz à effet de serre se basant sur l’énergie primaire et l’énergie finale des produits et services.
Une source d’énergie primaire est une forme d’énergie disponible dans la nature avant toute opération de transformation. A titre d’exemple d’énergies primaires, on peut citer les combustibles, l’énergie thermique, hydraulique, mécanique, nucléaire… On parle d’énergie finale lorsque l’on considère l’énergie au stade final de la chaîne de transformation, c’est-à-dire, au stade de son utilisation par le consommateur final.
La méthode du bilan carbone a été développée par l’Agence de l’environnement et la maîtrise de l’énergie (Ademe).

A quoi sert le bilan carbone ?

Le bilan carbone permet de mesurer le nombre de tonnes de CO2 (et autres gaz à effet de serre) émis par une entité (individu, entreprise, collectivité…). Grâce à cet outil, cette dernière pourra évaluer ses émissions de gaz à effet de serre et prévoir des stratégies visant à les réduire de façon à diminuer son empreinte carbone.

Paris et son Plan Climat

Dans l’esprit de la COP 21 de décembre 2015 dont elle a été l’hôte, la ville de Paris est déterminée à devenir un exemple pour les autres collectivités dans la lutte contre le changement climatique.
Le 13 juillet 2016, la capitale a présenté son bilan carbone. Des résultats sont là mais des efforts restent à faire pour parvenir aux objectifs fixés par son Plan Climat Energie. En effet, lancé en 2007 et actualisé en 2012, ce programme vise à réduire de 75% les émissions de gaz à effet de serre de Paris en 2050. La capitale a été l’une des premières collectivités locales à adopter un tel plan d’actions.
En outre, les objectifs sont plus ambitieux que ceux fixés par l’Union Européenne. Paris vise ainsi, au travers de mesures opérationnelles et concrètes, la réalisation du processus de transition énergétique, l’adaptation du territoire au dérèglement climatique et la maîtrise des émissions de gaz à effet de serre sur le territoire parisien.
Les objectifs d’ici 2020 pour l’ensemble des activités du territoire parisien sont les suivants :
- Réduire les émissions de gaz à effet de serre de 25% par rapport à 2004,
- Diminuer la consommation énergétique de 25% par rapport à 2004,
- Utiliser 25% d’énergies renouvelables et de récupération dans la consommation énergétique,
- S’adapter aux évolutions climatiques.
Concernant le patrimoine parisien et son administration, les objectifs susvisés sont portés à 30%.
Ces objectifs ambitieux feront l’objet d’une révision en 2017 en fonction des résultats.

Le bilan 2004-2014 pour Paris

Tous les cinq ans, les émissions de gaz à effet de serre et des consommations d’énergie du territoire parisien sont évaluées. Des bilans ont été réalisés en 2004, 2009 et dernièrement, ce sont les résultats de décembre 2014 qui sont présentés.
C’est la méthode du bilan carbone, développée par l’Ademe qui a été utilisée. Elle évalue les émissions directes et indirectes des 7 grandes familles de gaz à effet de serre et prend en compte l’ensemble des activités d’un territoire donné.

Un bilan carbone en bonne voie dans certains secteurs…

Le bilan carbone de Paris pour 2014 s’élève à 25,6 millions de tonnes équivalent CO2, soit une baisse de 9,2% par rapport à 2004. A noter que plus d’un tiers des émissions de ce bilan sont générées par les déplacements en avion des parisiens pour leur travail ou leurs loisirs ainsi que par le fret en avion de produits manufacturés à l’étranger.
Les quatre grands secteurs sont en baisse en termes d’émissions de gaz à effet de serre. Il s’agit du secteur Bâtiments (moins 15%), du secteur du transport de personnes, du transport de marchandises et de celui des consommations et des déchets. Au total, en 10 ans, plus de 2,6 millions de tonnes équivalent CO2 ont été évitées.

C’est dans le secteur des transports que les évolutions sont les plus significatives. En effet, Paris enregistre la plus forte baisse d’émissions carbone (39%) depuis 2004. Ces résultats sont notamment dus à la mise en place de plusieurs mesures telles que la création de la ligne de tramway T3 permettant la réduction de 50% du trafic sur de grands axes routiers, l’extension de certaines lignes de métro, le développement de Vélib’ et d’Autolib’ ainsi que les mesures de restriction de circulation. Les résultats sont donc encourageants dans ce domaine et les efforts sont à poursuivre.

Dans le secteur de l’habitat, la rénovation énergétique de 4 500 logements sociaux et la construction de 7 500 autres à haute performance énergétique tous les ans a permis une baisse significative des émissions de gaz à effet de serre dans ce domaine, soit plus de la moitié du chemin parcouru pour parvenir aux objectifs fixés.

Dans le secteur des déchets, l’objectif est moindre (15% d’ici 2020), mais le domaine a enregistré une baisse de 13% en 2014. Cela est notamment dû au développement du tri sélectif, à l’amélioration d compostage ainsi qu’à la création de huit ressourceries évitant l’incinération ou l’enfouissement de plusieurs milliers de tonnes de déchets.

…mais mitigé pour le territoire parisien

Cependant, malgré ses résultats, Paris va devoir poursuivre ses efforts. En effet, la baisse de 9,2% des émissions de gaz à effet de serre entre 2004 et 2014 reste insuffisante pour atteindre l’objectif de réduction fixé à 25% d’ici 2020.

Dans le secteur de l’alimentation, c’est une augmentation de 10% des émissions carbone sur 10 ans qui est enregistrée.

Dans le secteur de l’énergie, une réduction de la consommation énergétique est présente (moins 7% par rapport à 2004), mais cela reste insuffisant. En effet, pour les énergies renouvelables par exemple, leur part n’a augmenté que de 5 points pour parvenir à 15,6% de la consommation énergétique du territoire alors que l’objectif est fixé à 25% d’ici 2020.

Par ailleurs, le secteur de l’administration n’a réduit ses émissions de gaz à effet de serre que de 2% par rapport à 2004. La baisse est moindre mais peut s’expliquer par l’amélioration du service public sur la même période avec notamment, la création de nouveaux équipements ou encore le renforcement de la collecte sélective des déchets. Au final, selon le dernier bilan carbone de la capitale, l’augmentation des émissions dans le secteur de l’administration a permis globalement de diminuer les émissions du territoire.

Enfin, à noter que les émissions issues du trafic aérien des touristes ne sont pas prises en compte dans le bilan carbone de Paris. Pourtant, en dix ans, le trafic passager a énormément augmenté et le nombre de touristes visitant la capitale chaque année est considérable.

Ainsi, malgré de nombreux efforts encourageants, le bilan carbone de Paris reste mitigé et la révision du Plan Climat prévue pour 2017 devra prévoir des mesures complémentaires afin de parvenir aux objectifs fixés et de faire de Paris, hôte de l’historique COP 21, un exemple dans la lutte contre le changement climatique.