Vendredi dernier, le 1er juillet 2016, un rapport intitulé « le Nuage noir de l’Europe », rédigé par plusieurs Organisations Non Gouvernementales (ONG) a été publié. Cette étude analyse pour la première fois le déplacement des poussières de charbon émanant des centrales européennes ainsi que leurs effets sur la santé des populations.

Ce rapport réalisé par le WWF, l’Alliance pour la santé et l’environnement (Heal), le Réseau Action Climat Europe (CAN Europe) et le think thank Sandbag, met en évidence le phénomène de dispersion de la pollution de l’air due à l’industrie du charbon à travers les pays européens.

Selon les résultats, les centrales à charbon de l’Union Européenne (UE) ont été à l’origine de près de 23 000 décès prématurés en 2013. De plus, la pollution due à cette industrie provoquerait également de nombreuses maladies cardiaques, des bronchites chroniques ou encore des cancers.

Parmi les pays de l’UE, ceux dont les centrales à charbon ont le plus de conséquences néfastes pour les Etats voisins sont la Pologne, l’Allemagne, la Roumanie, la Bulgarie et le Royaume-Uni. Le rapport dresse en ce sens la liste des trente centrales les plus « toxiques ». Cependant, les pays les plus touchés ne sont pas ceux qui exploitent le plus l’industrie du charbon. En effet, ce sont surtout leurs voisins. Ainsi, les pays les plus impactés sont l’Allemagne, l’Italie, la France, la Grèce et la Hongrie.

Par exemple, la France est un des pays les plus touchés par la pollution issue des centrales des Etats avoisinants alors qu’elle ne possède plus que deux centrales à charbons sur son sol. Pourtant, en 2013, 1 200 décès prématurés ont été causés en France par la pollution des installations allemandes, britanniques, polonaises, espagnoles et tchèques.

Le rapport s’ouvre sur un constat alarmant et sans appel : « le charbon est la plus grande menace pour notre civilisation et pour toute vie sur notre planète ». Cette source d’énergie fossile a représenté 18% des émissions de gaz à effet de serre de l’UE en 2014.

Ce sont les particules fines qui constituent l’élément le plus toxique de la pollution par le charbon causant environ 19 000 morts à elles seules. Il s’agit de particules d’un diamètre inférieur à 2,5 microns qui pénètrent profondément le système respiratoire et sanguin. De plus, en raison de leur légèreté, elles peuvent se déplacer très loin, bien au-delà des frontières, sur des centaines de kilomètres. A côté de la dangerosité des particules fines, le mercure issu de la combustion du charbon touche et endommage le système nerveux de milliers de fœtus en Europe tous les ans.

Par ailleurs, contrairement aux idées reçues, il ne s’agit pas d’une source d’énergie bon marché. Le rapport évoque en ce sens, les coûts sanitaires élevés associés à la dépendance au charbon de nombreux pays européens.

Outre ces constatations, l’étude démontre que chaque fermeture de centrale à charbon se traduit par des bénéfices importants que ce soit en termes de santé des populations qu’en faveur du climat. Ainsi, le rapport précise que la sortie du charbon doit être un objectif commun et partagé à tous les pays de l’UE. A noter que le réchauffement de la planète ne fait qu’accroître le problème et que la communauté internationale s’est engagée en décembre 2015 à Paris, lors de la COP 21, à limiter le réchauffement à 2°, voire 1,5°.

Pour encourager et favoriser une sortie du charbon, le rapport envisage une réforme structurelle du système des marchés d’émissions dans l’objectif de fixer un prix significatif aux émissions de carbone. Il est également précisé que « cela devrait s’accompagner d’un Standard de performance d’émissions pour le CO² des centrales de production d’électricité afin de fournir un signal d’investissement clair vers la décarbonation du secteur électrique ».

Reste à noter que la fermeture de plusieurs centrales à charbon est envisagée voire programmée entre 2016 et 2020.