En observant le paysage, il vous arrive certainement de croiser au loin une usine désaffectée, appelée couramment : friche industrielle. Vous vous dites alors que ce bâtiment, sans avenir selon vous, devrait être détruit ne serait-ce que pour la beauté du paysage. Sachez alors que ces friches ont de l’avenir !

Qu’est-ce qu’une friche industrielle ?

Une friche est un espace laissé à l'abandon, temporairement ou définitivement, à la suite de l'arrêt d'une activité agricole, portuaire, industrielle, de service, de transformation, de défense militaire, de stockage, de transport.

Les friches industrielles concernent des installations industrielles et commerciales abandonnées, inexploitées ou sous-utilisées, dans lesquelles la contamination de l'environnement, réelle ou perçue, rend une expansion ou un réaménagement difficile.

Où sont localisées ces friches ?

Les friches industrielles se rencontrent dans de nombreux pays, mais avec des spécificités variées. Si dans certaines régions du monde elles proviennent de développements industriels sauvages, en Europe elles s'intègrent pour beaucoup dans une tendance à long terme de replis des industries lourdes.

En France, les plus fortes densités de friches industrielles se trouvent en Lorraine, Nord-Pas-de-Calais et région parisienne. Les industriels et investisseurs internationaux devenant de plus en plus prudents sur les questions environnementales, les sites douteux ont de plus en plus de mal à trouver des acquéreurs, et passent ou restent à l'état de friche. Les acquisitions multinationales incluent de plus en plus une phase de Due Diligence au cours de laquelle les questions environnementales sont examinées avec soin. Les pouvoirs publics des pays industrialisés se sont préoccupés du nombre croissant de friches industrielles portées à leur connaissance. En France, l'ADEME a pris en charge quelques friches orphelines dont la pollution représentait une menace urgente.

En 2006, 250 000 sites considérés par l’Agence européenne de l’environnement (AEE) comme contaminés et nécessitant des mesures urgentes de réhabilitation étaient recensés sur le territoire de l’Union Européenne. En France, en 2014, selon les bases de données du BRGM2, 300 000 à 400 000 sites seraient potentiellement pollués. Bon nombre de ces sites seraient, plus particulièrement, situés dans des zones fortement urbanisées. A titre d’exemple, la région Île-de-France compterait a minima 429 sites et sols pollués en 2012, soit 10,4 % des sites et sols pollués de France. Rapportés aux besoins en logement de cette région, ces chiffres permettent de comprendre les enjeux économiques et environnementaux posés par la reconversion des friches industrielles.

Juridiquement qu’en est-il ?

Les friches industrielles sont soumises à la nomenclature des Installations Classées pour la Protection de l’Environnement (ICPE) et récemment la loi ALUR (n°2014-366) du 24 mars 2014 est intervenue en la matière afin de permettre une meilleure prise en charge des sites dont l’état de pollution est avéré ou supposé et d’agir dans le sens d’une plus grande maîtrise de l’urbanisation en vue de lutter contre l’étalement urbain.

Quel avenir pour ces friches ?

A Lyon, un fonds spécialisé dans la réhabilitation de friches industrielles lourdement polluées a été lancé par de grands investisseurs institutionnels. Il s’agit du fonds Ginkgo 2 qui a déjà recueilli la somme de 60 millions d’euros. Ce fonds permettra notamment de valoriser un ancien site Fagor-Brandt dans le quartier lyonnais de Gerland. Le but de ce nettoyage est de générer de nouveaux droits à construire avec à la clef la construction de logement notamment.

Dans le Nord, la mairie de Rieulay a réussi un projet ambitieux : réimplanter la nature sur des friches industrielles. En effet, il y a quelques années, cette ville abritait le plus vaste terril de la région. La commune n’avait aucun puits de mine, mais disposait de marais sur lesquels l’industrie déversait des monceaux de schistes et de grès remontés des fonds noirs et acheminés par voie ferrée. L’époque du charbon avait laissé sur son passage d’immenses champs de cailloux. Aujourd’hui cette zone accueille une base de loisir, un étang de pêche, une réserve ornithologique, etc.

Une véritable renaissance pour la faune et la flore !