Depuis des années des associations de protection de l’environnement, dont France Nature Environnement, ainsi que des communes, riverains et amoureux du parc national des calanques de Marseille se battent contre les rejets de boues rouges déversées légalement dans la mer.

En effet, le site industriel de Gardanne implanté à une trentaine de kilomètre des calanques de Marseille dans les Bouches du Rhône rejette depuis plus de 40 ans ses boues rouges dans la mer Méditerranée. Une catastrophe pour la biodiversité et notamment les coraux qui, d’année en année, dépérissent.

Le site industriel de Gardanne est géré par la société Altéo et existe depuis 1893. Il est aujourd’hui le plus grand producteur d’alumines au monde. L’alumine, ou oxyde d’aluminium (Al2O3) est un composé chimique qui existe à l’état naturel dans la bauxite. L’extraction d’alumine dans la bauxite est réalisée par le procédé Bayer, inventé par l’Autrichien Karl Josef Bayer. Ce procédé consiste à attaquer la bauxite à la soude à haute température et sous pression, cependant, ce procédé est très polluant. En effet, il en ressort des impuretés (silice, aluminium et hydroxyde de fer) de couleur rouge, appelées de ce fait : boues rouges. Pourtant d’autres procédés moins polluants existent tel que le procédé Orbite qui est à la base d’une méthode de traitement et de valorisation des boues rouges.

Malgré le scandale, « Stéphane Bouillon, préfet de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, préfet des Bouches-du-Rhône, a signé le lundi 28 décembre 2015 un arrêté autorisant la société Altéo à continuer à exploiter à compter du 1er janvier 2016 ses usines sur le site de Gardanne et autorisant, pour une durée de six ans, le rejet dans la mer d’effluents aqueux dépassant les limites réglementaires » a annoncé mardi 29 décembre 2015 la préfecture dans un communiqué. Pour justifier sa décision, le préfet s’est appuyé sur l’avis du Conseil supérieur de la prévention des risques technologiques, une commission rattachée administrativement au ministère de l’Ecologie.

Cet avis était le résultat d’analyses réalisées par le Bureau de Recherches Géologiques et Minières (BRGM) et de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES), qui avaient conclu que « le traitement par filtre presse des boues rouges réalisé par Altéo fait partie des MTD (Meilleures Techniques Disponibles) dans la filière de la production d’alumine pour ce qui concerne le traitement des matières en suspensions ». De plus, « Le BRGM n’a pas identifié de solution permettant de supprimer totalement les effluents liquides ». Cependant, « la technique de filtration sous pression permet d’éliminer les matières en suspension et donc les métaux associés, d’où un abattement de 65 % pour l’arsenic, de 82 % pour l’aluminium et de plus de 99 % pour le fer. Malgré ces forts taux d’abattement, les teneurs résiduelles restent supérieures aux valeurs limites de l’arrêté générique de 1998"

Une décision inacceptable pour les riverains et les associations de défense de l’environnement. A ce titre, cinq associations de défense de l’environnement ont, par référé, demandé la suspension de l’arrêté préfectoral autorisant le site de Gardanne à poursuivre ses rejets aqueux au-delà des seuils réglementaires pendant 6 ans. Cependant, le 26 février dernier, le tribunal administratif de Marseille a rejeté la requête des associations. Dans son ordonnance, le tribunal a estimé que « l’existence d’une situation d’urgence » n’était pas établie et que les études n’ont pas révélé « de danger grave et immédiat » pour le milieu marin.

Une décision difficile à entendre pour les associations de défense de l’environnement mais également pour les riverains déplorant de jour en jour la dégradation du site classé des Calanques de Marseille.