Mise en place par la directive 92/43/CEE dite directive « Oiseaux » de 1979, le réseau Natura 2000 a pour but de concilier les préoccupations socio-économiques et la préservation de la nature. En effet, il vise à assurer le maintien ou le rétablissement des sites naturels, terrestres et marins européens identifiés pour la rareté ou la fragilité des espèces sauvages, animales ou végétales. 1 758 sites couvrant 12,6% de la superficie de la France sont concernés par le dispositif Natura 2000, d'où l'importance d'une bonne approche quant à sa mise en œuvre. La France a choisi une démarche contractuelle associant la l'ensemble des partenaires au plus près du terrain.

Chargée par la Ministre de l’écologie, le Conseil général du l'environnement et du développement durable (CGEDD) et le Conseil général de l'alimentation, de l'agriculture et des espaces ruraux (CGAAER) viennent de remettre leur rapport portant sur l'analyse du modèle Natura 2000 en France. Ce rapport contient un état de lieux du réseau Natura 2000 tel qu'il est en place actuellement ainsi que des possibilités d'amélioration ou d'optimisation du dispositif tout en maintenant l'adhésion des acteurs. Ainsi, il met en lumière les évolutions de la politique Natura 2000 afin d'atteindre l'objectif de préservation de la biodiversité. Il est à noter qu'en 2000, ce réseau était très critiqué. Aujourd'hui, il est de mieux en mieux accepté, à tel point que la France figure parmi « trio de tête des pays européens (avec la Suède et l'Autriche) en matière de nombre de sites dotés d'un plan de gestion », selon le rapport. Cela a permit des résultats encourageants en termes de conservation des espèces et habitats naturels. Cette évolution positive peut s'expliquer par deux raisons. La première porte sur une délégation aux acteurs les plus proches du terrain, ce qui a permis une meilleure adaptation aux circonstances locales. Le seconde est relative à la mise en place d'animateur de terrain qui mettent en œuvre les documents d'objectifs définissant les orientations de gestion des sites et la qualité du climat autour de ces sites. Toutefois, ces efforts doivent être encore plus poussés afin de poursuivre cette dynamique.

En outre, le rapport soulève de nombreuses faiblesses, notamment portant sur le manque d'outils et une adhésion encore irrégulière des élus locaux. C'est ainsi que des pistes d'amélioration au nombre de 16 sont proposées pour pallier à ces difficultés. Parmi les plus notables, en matière de gouvernance, le rapport propose de passer à une politique basée sur des objectifs plutôt que continuer une politique de moyens et d'amélioration de la gouvernance avec les parties en présence. Par ailleurs, l'animation locale doit être maintenue. En effet, une meilleure information permet d'expliquer la démarche de préservation et de restauration des habitats et espèces aux acteurs concernés et de les impliquer dans cette dynamique. Une base de donnée recensant les projets autorisés pouvant affecter les sites classés Natura 2000 est nécessaire afin de surveiller et de contrôler les incidences sur ces sites. Le rapport ajoute qu'il faudrait renforcer les besoins de financements et d'optimisation des moyens et dispositifs associés. Quant à la voie contractuelle, cette démarche est critiquée par les associations qui demandent le passage à une réglementation.

Dans la seconde partie du rapport, plusieurs scénarios d'évolution sont envisagés et le choix du CGEDD et du CGAAER porte sur une poursuite de la situation actuelle tout en explorant les solutions aux problèmes identifiés. Au travers de ce rapport, est également exprimé le souhait de « définir de nouvelles modalités de travail Etats-régions sur Natura 2000 associant d'avantage les régions dans une double logique de biodiversité et surtout d'aménagement du territoire ». Sans cette implication, la situation risque de stagner voir de se dégrader, c'est pourquoi, une nouvelle cohérence et complémentarité des animateurs pourrait être ainsi repensée.

En somme, le réseau Natura 200 poursuit une construction lente, ce dispositif restant tout de même, un sujet sensible. La future Agence Française pour la biodiversité (AFB) sur Natura 2000 sera chargée de répondre à un certain nombre de besoins concernant, notamment, les expertises, les méthodes et le suivi.