Les résultats d’une récente étude scientifique présentèrent le sud de l’Australie comme étant en endroit propice à l’installation d’un lieu de stockage et d’élimination de déchets nucléaires. Une telle installation semblant même susceptible d’être économiquement viable et de générer des bénéfices pour la région. De telles installations pourraient être opérationnelles dès la fin des années 2020. L’étude suggère par ailleurs la mise en place d’un fond souverain destiné à « accumuler et partager équitablement les bénéfices tirés de l’entreposage et l’élimination des déchets ».

Cependant la commission royale à qui le dossier a été confié souligne les risques importants inhérents à de telles structures : stocker les déchets nucléaires d’autres pays augmentera considérablement le rayonnement radioactif et les émissions de radiations dans l’environnement. Ces dernières pouvant être inhalées par des humains, animaux ou causer des dommages aux plantes.

Cependant, la commission prend également en exemple la Finlande et la Suède, deux pays ayant développé des installations sûres pour l’élimination à long terme des déchets nucléaires. Les risques pourraient être atténués par le stockage des déchets sous forme solide dans des zones géologiquement stables avec plusieurs couches d'emballage permettant de confiner les radiations et d’éviter la contamination des eaux souterraines.

L’Australie du Sud semble appropriée pour de telles installations dans la mesure où la région présente de faibles niveaux d'activité sismique, un milieu aride dans de nombreuses parties de l'état, une structure politique stable permettant d’obtenir un accord à long terme avec les propriétaires et les communautés locales.

Cependant de nombreuses voix s’élèvent contre ce projet, à la fois parmi les communautés locales mais également les scientifiques et ONGs.
Premièrement il est souligné que le rapport de la commission royale ne tient pas compte de la spécificité des sites envisagés et des communautés et terres autochtones (notamment aborigènes) ; ne favorisant que les visions commerciale de projet. Le projet prévoyant que le stockage des déchets nucléaires et l'élimination pourraient générer 5 milliards au$ par an pour les 30 premières années d'exploitation et environ 2 milliards au$ par an jusqu'à la disparition totale des déchets. Cela se traduirait par un gain de51 milliards au$ de profit sur la durée du projet. Le rapport prédit également la création d’environ 1500 emplois à temps plein sur 25 ans.

Le rapport a également prévu que l'expansion de l'exploitation minière de l'uranium pourrait être économiquement bénéfique, mais « n’est pas au cœur du projet ».
L’autre enjeu majeur est le déploiement d’une industrie nucléaire dans le pays (chose à laquelle s’opposent bon nombre de parties-prenantes). La commission royale souligne que l’énergie nucléaire ne serait pas commercialement viable en Australie du Sud dans un avenir proche. Toutefois il suggère d’entamer une étude sur le sujet afin de planifier « un développement de l’énergie nucléaire en complément des autres technologiques à bas rejets de carbone ».
La commission s’apprête à mener une consultation nationale concernant le projet d’enfouissement de déchets nucléaires internationaux ; son rapport final devant être délivré le 6 mai.

Le gouvernement fédéral est actuellement à la recherche d'un site pour le stockage à long terme des déchets nucléaires de niveau intermédiaire.

Craig Wilkins, conseiller pour la conservation SA, a salué les conclusions de l’étude démontrant que l'énergie nucléaire, la conversion de l'uranium, l'enrichissement et le retraitement du combustible nucléaire ne sont pas économiquement viables, mais s’oppose à la proposition de stockage nucléaire : "Si nous acceptons de stocker des déchets nucléaires chez nous, c’est accepter de stocker ce que le monde a eu de pire tout en le présentant comme quelque chose de bon » dit-il.
Il ajoute que : "La commission royale présente une vision optimiste des bénéfices potentiels d'offrir l’Australie comme décharge de déchets nucléaires mondiale mais ne prend pas suffisamment les enjeux sanitaires et humains ».

Le Ministre fédéral des ressources et de l’énergie Josh Frydenberg a déclaré que le gouvernement se félicite de la publication des conclusions provisoires y voyant une opportunité « pour discuter des industries nouvelles et qui pourraient créer des emplois, de la croissance et des revenus importants pour l'Australie ».
Cependant il note également qu’un tel développement est assujetti à un changement législatif et réglementaire important dans la mesure où de telles installations présentent des enjeux à la fois financiers mais également sanitaires, environnementaux et humains face auxquels de nombreuses voix s'élèvent.