Les industriels ont-t-ils tiré la leçon du scandale Spanghero en matière d’étiquetage de la viande ? Selon une enquête menée par l’association de consommateurs UFC Que Choisir parue le 8 février 2016 ce n’est pas le cas de tous. Le mois dernier, l’association a vérifié l’étiquetage de 245 aliments de consommation courante, plats préparés inclus, à base de viandes issues de la filière bovine et porcines pour treize marques nationales et sept enseignes de la grande distribution. Sa conclusion : trois ans après l’affaire des lasagnes contenant de la viande de cheval, l’origine n’est pas mentionnée pour 54% des produits étudiés.

Il convient en effet de rappeler que la réglementation en vigueur n’impose pas aux industriels d’indiquer la mention de la provenance sur certains produits. En ce sens, le règlement européen n°1169/2011 du 25 octobre 2011 qui régit l’information des consommateurs prévoit que l’obligation d’indiquer le pays d’origine des aliments ne s’applique qu’aux produits bruts. En revanche, cette obligation ne concerne pas les aliments cuits ni les produit transformés.

Certes la France a introduit dans la loi de mars 2014 relative à la consommation une disposition légale visant à rendre l’étiquetage du pays d’origine obligatoire mais celle-ci pour entrer en vigueur suppose doit être déclarée compatible avec le droit communautaire par la Commission européenne. En outre, la régulation des étiquetages n’est pas approuvée par la Commission européenne qui souhaite privilégier une démarche volontaire compte tenu de la complexité et des coûts estimés qu’un étiquetage obligatoire créerait à l’égard des industriels et des distributeurs.

Concernant la mise en œuvre, certains produits sont très élaborés. L’étiquetage dans cette hypothèse peut s’avérer être une procédure complexe à effectuer. Par exemple, comment étiqueter un produit fini avec un morceau provenant de différentes filières animales et de plusieurs pays ? Cependant l’association de consommateurs a relevé que des mentions de l’origine de la viande sont présentes dans toutes les familles d’aliments, y compris les plus complexes.
La présence ou l’absence d’étiquetage indiquant la provenance de la viande dépend donc pour une grande partie de la politique d’approvisionnement et de transparence décidée par chaque marque.
En outre, certains industriels considèrent qu’un étiquetage indiquant la provenance de la viande serait préjudiciable au consommateur en entraînant un surcoût du produit de 15% à 50%.

Dans un rapport sur l’obligation d’étiquetage d’origine de la viande utilisée comme ingrédient datant de 2013, la Commission concluait que les consommateurs souhaitent que l’origine figure sur l’étiquetage mais ne sont pas prêts à payer le coût supplémentaire qui en résulterait.
Au vu de l’échec de l’étiquetage volontaire, faudrait-il mieux instaurer une régulation ? Le Parlement semble abonder en ce sens. En effet il a adopté en février 2015 une résolution demandant à la Commission Européenne de légiférer pour imposer cet étiquetage. Il s’apprête à voter une nouvelle résolution réitérant cette demande.