Le scandale Volkswagen des moteurs truqués afin de pouvoir faussement « respecter » les niveaux d’émissions polluantes aux USA fait, à juste titre, l’objet de toute l’actualité de ces derniers jours.

Pour autant cette actualité fait de l’ombre à une autre réalité tout aussi intéressante en matière d’environnement. En effet, à l’instar de nombreuses entreprises européennes, le groupe VOLKSWAGEN fait manifestement de plus en plus d’efforts pour réduire les émissions de ses sites de production.

Selon le Dr. Liendel Chang, directeur environnement, production et développement du groupe Volkswagen (interview de juin 2015 à Produktion - Technik und Wirtschaft für die deutsche Industrie), le groupe a pour objectif de réduire d’ici 2018 de 25 % les émissions de tous ses sites de production. Les émissions concernées sont l’eau, le CO2, les déchets et les dissolvants. En juin 2015, l’objectif était déjà atteint à un peu plus de 19,3 %. Cette campagne est menée, selon les marques, sous différents « labels », à savoir :
- « Think Blue Factory » pour Volkswagen,
- “Ultra” pour Audi,
- “Green Production” pour Skoda,
- “ Ecomotive Factory” pour Seat.

Selon les rapports de 2014 du groupe Volkswagen (Nachhaltigkeitsbericht 2014), les mesures mondialement mises en place ont permis de réduire de près de 190.000 t d’émission de CO2 et d’économiser près de 505 GWh d’énergie, le tout générant une économie de plus de 30 Mio €. Ces chiffres reposent sur des données saisies auprès des différents sites sur la base d’une norme interne (VW-Norm 98 000) concernant des sites regroupant environ 550.000 salariés et une production de plus 10.000.000 de véhicules légers et de près de 200.0000 véhicules utilitaires. Les déchets non recyclables ont été réduits de 31 % à en 2010 à 23 % en 2014 et les déchets recyclables ont augmentés de 69 % en 2010 à 77 % en 2014 (site Volkswagen : Zahlen und Ziele). Parmi ces mesures figurent l’arrêt des machines non utilisées en production, pour autant que cela soit techniquement possible et non dommageable. Par exemple, sur le site de Hanovre 4.200 t d’émission de CO2 ont pu être évitée en 2014. Sur le site de Uitenhage en Afrique du Sud, les machines ont été utilisées pour le strict minimum les week-ends générant une économie annuelle de 1825 MWh. Comme le souligne le Dr. Liendel Chang, l’intérêt de ces mesures environnementales est aussi de générer une économie financière, le titre de l’interview étant d’ailleurs « Umweltschutz rechnet sich » (La protection de l’environnement est rentable).

Cette politique de Volkswagen de réduire les émissions ne lui est d’ailleurs pas propre. Pour rappel, dans le cadre de la loi Grenelle 1, la France a réaffirmé son objectif de diviser par quatre ses émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2050 et s’est engagée :

- au niveau international, dans le cadre du protocole de Kyoto à stabiliser ses émissions de gaz à effet de serre sur la période 2008-2012 par rapport au niveau des émissions de 1990 ;

- au niveau communautaire, dans le cadre de l’adoption du paquet énergie climat, sur une réduction de 14 % entre 2005 et 2020 des émissions de gaz à effet de serre des secteurs non soumis à la directive sur le marché des permis d’émissions de gaz à effet de serre (directive SCEQE).

Ainsi, selon le Carbon Disclosure Project les émissions de CO2 de la centaine de grandes entreprises sondées, dont toutes celles du CAC 40, ont diminué en 2014 de 15,8 millions de tonnes par rapport à 2013. Parmi celles-ci dix entreprises françaises (Atos, Cap Gemini, Danone, Groupe Steria, Kering, L'Oréal, Orange, Renault, Schneider Electric et Thales) ont obtenu la note de performance la plus élevée et font partie des « leaders de performance » 2014. Elles sont 11 en Allemagne, 3 en Belgique, 4 en Italie et 19 au Royaume-Uni.

Toutefois, le scandale Volkswagen soulève des interrogations quant à la fiabilité de tous ces chiffres annoncés par les uns et les autres et les normes internes aux entreprises qui permettent de les saisir. Ce scandale démontre ô combien les objectifs environnementaux imposés aux entreprises doivent être appréciés par rapport aux économies qu’ils sont susceptibles de générer. Il soulève aussi la question des contrôles des chiffres annoncés.

Or, la mise en place de contrôles va devoir passer par des décisions politiques. Toutefois, à cet égard, il doit être relevé que lors des débats actuellement en cours sur le projet de loi santé, un amendement demandant la mise en place d’une expertise technique indépendante relative à la mesure des émissions de polluants par les voitures a été rejeté mi-septembre. Comme le dénonce la sénatrice de Seine-Saint-Denis Aline Archambaud qui a déposé cet amendement "Les normes et méthodes de mesure de la pollution de l'air due à l'automobile peuvent aussi bien concourir à révéler la pollution qu'à la dissimuler. Les cycles de conduite qui servent de référence aux tests d'émissions polluantes ne sont, par exemple, pas représentatifs des conditions réelles de circulation, les particules fines reformées quelques mètres derrière le véhicule ne sont pas prises en compte par les tests, et la discrimination entre les différentes tailles de particules fines est sujette à caution. Or, la seule expertise technique aujourd'hui disponible est celle du lobby industriel".

L’avenir dira si des leçons vont être tirées du scandale Volkswagen et lesquelles, et ce de façon à pouvoir avoir autant que faire se peut la certitude que les mesures mises en place, notamment, par les entreprises aux fins de réduction de leurs émissions et toutes autres mesures pour la sauvegarde de l’environnement et au bout du compte pour la santé de tous sont bien réelles. En l’état, le doute est permis et doit d’une façon ou d’une autre être écarté.