Afin de répondre à cette interrogation cruciale puisque relevant bien du domaine de la santé publique, 24 sociétés commercialisant 40 marques, ce chiffre représentant les trois quarts du marché français, ont mis en commun leurs moyens afin dans la réalisation d'une étude inédite, menée au laboratoire de physico et toxico-chimie de l’environnement spécialisé dans les nano-traces, au sein de l’unité mixte de recherche EPOC (CNRS-Université de Bordeaux).
Au terme d'une année de recherche, de 13 200 analyses et de 130 000 euros investis, la fédération professionnelle a livré, ce jeudi 24 septembre 2015, des données lui permettant de mettre en avant « la très grande qualité » de ses produits, qui, assure-t-elle, s’avèrent exempts de tous les « composés recherchés dans 99,7 % » des cas.

Ce ne sont pas moins de 40 eaux minérales de grande consommation et rendues anonymes, qui ont été passées au crible. Les chercheurs ont ce sont focalisés sur 330 molécules de synthèse différentes dans ces échantillons et n’y ont détecté ni trace de médicaments, ni d’hormones.
Hélène Budzinski, directrice de recherche, qui a mené l’équipe de Bordeaux, est claire sur la sujet : elle n’a pas trouvé de tamoxifène, un médicament de traitement contre le cancer, alors que d’autres analyses, dont la revue 60 millions de consommateurs avait rendu compte en 2013, indiquaient le contraire.

Au sein du territoire nationa, les sources n’échappent pas en revanche, à l’omniprésence des pesticides dans les sols. Les scientifiques ont mis en lumière des traces d’herbicides dans 9 échantillons sur 40, en faibles proportions : de 2 à 10 fois inférieures aux valeurs maximales imposées par la réglementation des eaux minérales, elle-même plus exigeante que celle régissant l’alimentation.
Dans les 9 eaux contaminées, les chercheurs ont relevé des traces infinitésimales (moins de 50 nanogrammes par litre) de substances et de composés bien connus : atrazine, simazine, Diuron, Metolachlore (un organochloré comme le DDT), tous interdits depuis 2003 en France, puis dans l’Union européenne.
Il a également été trouvé certaines de leurs métabolites (leurs molécules dégradées) comme le Terbutylazine desethyl, ainsi que de l’hexazinone, tous deux prohibés.
De nombreuses pistes conduisent à penser qu'il est probable que ces pesticides constituent, dans leur majorité, une forme d’héritage de l’agriculture pratiquée il y a trente ans. « Avec le temps, les métabolites deviennent de moins en moins dégradables et de plus en plus solubles dans l’eau, » précise Lodovico Di Gioia du département recherche de Danone. À terme, ces produits persistants devraient donc avoir tendance à diminuer, tandis que d’autres contaminants tendent à se développer.

L’équipe de recherche s’est aussi penchée sur des familles de polluants, tels que les phtalates utilisés comme additifs dans des matières plastiques, les alkylphénols présents dans les détergents, lubrifiants, carburants, résines, ainsi que les acides perfluorés qui servent d’agent de surface antitache, antiadhésif, émulsifiant etc. .
Sur 29 de ces molécules « émergentes » étudiées, les analyses ont permis de détecter de l’alkylphénol par deux fois, ainsi que de faibles traces d’acides perfluorés dans quatre échantillons : deux à la limite possible de quantification, une inférieure à 6 ng/l et une sous la barre des 20 ng/l, mais aucun phtalate.
Désormais, la difficulté ne relève pas de la détection de ces substances, mais bien de la quantification de plus en plus fine de ces substances.
Il a été rapporté sur le sujet par Denis Cans, président de Nestlé Waters France que
« De 1 milligramme par litre dans les années 1970, on est passé à une performance de quelques nanogrammes par litre, soit quelques grains de riz dans une piscine olympique ».

Dans le souci que ces données soient reconnues robustes, l’étude s'est déroulée dans de strictes conditions expérimentales, sur 49 dispositifs d’analyses différents de façon à éviter le maximum d’interférence. « Elle a fait progresser mon laboratoire, assure Hélène Budzinski. Nous en sommes arrivés à demander à des techniciens d’arrêter de fumer ou de s’abstenir de boire du café pour ne pas perturber l’échantillonnage des analyses. ».
Les résultats de cette étude devraient donner lieu à une publication prochaine dans une revue scientifique, Chemosphere. Selon l'hypothèse émise par un chercheur du groupe Danonce, les résidus industriels d’acides perfluorés ont pu être apportés par la pluie. Il estime également que « l’absence de médicaments et d’hormones montre que nos aquifères ne sont pas contaminés par les eaux de surface ».
Des marques telles que Vittel ou Evian ont ainsi entrepris de veiller sur des bassins-versants de 35 km2, tâchant par là de contrôler tous les éléments et facteurs qui seraient susceptibles de porter atteinte à leurs sources.


Sources :
- http://www.lemonde.fr/planete/article/2013/03/25/des-traces-de-pesticides-et-de-medicaments-retrouvees-dans-des-eaux-en-bouteille_1853519_3244.html
- http://www.frequenceterre.com/2015/09/25/eaux-en-bouteille-des-nano-doses-de-pesticides-mais-pas-traces-de-medicaments/