Si la définition de la radioprotection peut être la suivante : « ensemble de mesures destinées à assurer la protection de la population et des travailleurs face aux rayonnements ionisants. » (IRSN), la protection ne doit pas être considérée de manière absolue. La protection radiologique s’occupe uniquement des rayonnements qui entraîneraient des effets nocifs sur l’homme ou l’environnement. Le code de la santé publique a prévu des valeurs limites d’exposition à l’article R.1333-8 pour la population qui sont faibles sans être égale à zéro : La somme des doses efficaces reçues par toute personne n'appartenant pas aux catégories mentionnées à l'article R. 1333-9, du fait des activités nucléaires, ne doit pas dépasser 1 mSv par an. Sans préjudice de la limite définie pour les doses efficaces, les limites de dose équivalente admissibles sont fixées, pour le cristallin, à 15 mSv par an et, pour la peau, à 50 mSv par an en valeur moyenne pour toute surface de 1 cm2 de peau, quelle que soit la surface exposée.

Les travailleurs soumis dans leurs activités aux effets des rayonnements ionisants bénéficient de valeurs limites de doses qui leurs sont propres. Ce sont des valeurs supérieures aux valeurs limites permises pour la population. Elles sont inscrites dans le code du travail à l’article R. 4451-12 pour la valeur globale et l’article R. 4451-13 pour les valeurs des parties du corps.

Le cristallin bénéficie d’une valeur d’exposition qui lui est propre. Tissu de l’œil radiosensible, il peut être endommagé sous l’effet des rayonnements ionisants. On peut s’attarder sur le cristallin dans la mesure où les récentes recommandations de la Commission internationale de protection radiologique (CIPR) ont abouti à une prise de conscience de la nécessité de renforcer sa protection.
S’agissant de la dosimétrie, la directive Euratom du 15 décembre 2013 a formulé des nouveautés à l’article 6, paragraphe 1, a) relatif aux contraintes de dose pour l’exposition professionnelle et à l’article 9 relatif aux limites de doses pour l’exposition professionnelle. La directive a introduit pour l’exposition professionnelle la règle selon laquelle la limite de dose doit être contrôlée au regard de la somme des expositions professionnelles annuelles du travailleur. Par conséquent, la limite de doses au niveau du cristallin a été réduite à 20mSv par an contre 150 mSv actuellement admis dans le code du travail.
En effet, la conséquence d’une très forte exposition est le développement d’opacités pouvant mener jusqu’à la cécité suite à une cataracte radio-induite.

En effet, les rayonnements ionisants fragilisent le cristallin, ce qui dégrade la vue. Ce phénomène est particulièrement visible auprès du personnel médical qui travaille en radiologie interventionnelle. La radiologie interventionnelle consiste en l’utilisation de techniques d’imagerie par rayons X afin de simplifier les gestes nécessaires à l’insertion de dispositifs médicaux à l’intérieur de l’organisme. Durant un acte de radiologie interventionnelle, le professionnel de santé, tel que le cardiologue ne peut suivre les conseils d’éloignement de la source des rayonnements.

Des mesures de préventions sont recommandées comme le port de lunettes plombées, car le plomb a pour propriété de limiter voir empêcher le passage des rayonnements ionisants et ainsi réduire jusqu’à 80% la dose reçue par le travailleur. Cette mesure bénéficie d’une popularité limitée tant le port de ces lunettes peut être encombrant.

L’une des mesures préconisée pour améliorer le suivi de l’exposition du cristallin des travailleurs est l’utilisation de dosimètre cristallin. En parallèle de l’abaissement des valeurs limites de dose au cristallin, la mesure des expositions devra être encadrée. Actuellement les dosimètres cristallins sont peu pratiques. Ils doivent être placés prêt de l’œil pour effectuer des mesures fiables et exploitables. L’IRSN travaille sur un modèle de dosimètre cristallin ergonomique, monté sur un serre-tête et utilisant la technologie de dosimètre par thermoluminescence.

Le renforcement de la surveillance par la PCR à travers le suivi de la dosimétrie opérationnelle et de la surveillance par le médecin à travers le suivi médical sont d’autres moyens pour empêcher l’apparition de cataracte radio induite.