Si le cours du baril de Brent est resté stable de 2011 à 2014 à 110 dollars, il entame une chute à partir de juin 2014 et est estimé à 50 dollars en décembre. Cette baisse de prix laisse de la marge aux entreprises et industries fortement consommatrices de pétrole, notamment dans l’industrie chimique. En effet, « la chimie est le premier secteur industriel utilisateur de pétrole et gaz avec 7,5 milliards d’euros d’achat. Si le prix moyen du baril reste autour de 50 dollars en juin 2015, notre facture s’allègera de 1,5 milliards de dollars » s’exprime Jean Pelin, directeur général de l’Union des Industries Chimiques. Cette marge de manœuvres concerne aussi les transporteurs, terrestres ou aériens.

Cependant, la fluctuation du cours du baril étant incertaine, les entreprises sécurisent le prix de celui-ci par des contrats particuliers dont l’utilisation les empêche de bénéficier de cette baisse.

Les gros utilisateurs de produits pétroliers recourent aux produits dérivés et techniques de couvertures pour se prémunir contre les risques de prix et de change. En effet, pour les producteurs et consommateurs finaux, le risque prix est absolu, toute évolution défavorable transforme la structure du résultat et crée un manque à gagner.
L’utilisation du contrat « swap » devient nécessaire : il prévoit l’échange d’un prix variable contre un prix fixe portant sur le volume de produits définis. Il permet donc garantir un prix fixe sur toute la durée du contrat.
Comment s’utilise-t-il ? Un consommateur fixe un contrat d’achat à prix de marché et conclut un contrat swap avec une banque pour échanger le prix variable contre le prix fixe. Si, à la date du constat, le prix variable est inférieur au prix fixe, le consommateur verse la différence. Ce contrat permet de se prémunir contre une éventuelle remontée, il s’agit d’une gestion de risque financier.

Cependant, dans le cas où le cours dévisse, le transporteur ne bénéficiera pas de cette baisse. Par exemple, des entreprises de transports aériens comme Air France ont conclu ces contrats swaps en 2000 afin de se couvrir à 70 – 75% sur plusieurs années et donc ne bénéficient pas de la baisse du cours et continuent à payer un prix exorbitant par rapport au prix de vente actuel. La baisse du prix que le baril de pétrole connaît depuis 2014 met en lumière le défaut que peut comporter une gestion de risque financier sur du long terme qui ne prend en compte que l’augmentation du prix de vente.

C’est la raison pour laquelle il semble plus favorable d’utiliser d’autres contrats dérivés, tels que l’option d’achat à prix fixe moyennant prime. Ce contrat permet au transporteur de garantir un prix plus bas en cas d’une remontée, et dans le cas de la baisse du prix de vente, il n’aura à payer que la prime d’assurance au contractant, la banque. Ces options sont plus variables et plus aléatoires mais permettent de gérer plusieurs risques : celui de la baisse du cours comme celui de sa remontée.