Après un bilan plutôt positif, les huit OMD adoptés en 2000 arrivent à terme à la fin de l’année 2015. Six des huit OMD ont été atteints dont la réduction de moitié de la pauvreté mondiale. En 2010, un milliard de personnes étaient sorties de l’extrême pauvreté. Concernant l’éduction pour tous, la scolarisation au primaire a atteint un taux de 91% dans les pays en développement. Concernant l’égalité des sexes, le nombre de femmes dans les parlements a doublé. Sur le plan de la mortalité infantile, on note une baisse de 50% en 25%. Dans le domaine de la santé, il convient de constater une réduction de 40% des infections par le VIH et une diminution de 58% de la mortalité due au paludisme. Malgré ces succès, le bilan concernant les actions en faveur de l’amélioration de l’état de la planète est négatif. En effet, l’objectif de réduction de plus de 50% des émissions de carbone n’a jamais été atteint tout comme l’objectif d’attribuer 0,7% du revenu national brut des pays donateurs à l’aide au développement.

Dès 2013, un groupe de travail, composé de 30 représentants du monde entier désignés par l’Assemblée Générale des Nations Unies, a fourni une première base de réflexion aux objectifs post OMD. Depuis janvier 2015, des négociations internationales se déroulent tous les mois à New York dont l’objectif consiste à adopter un nouvel agenda du développement international pour l’après 2015. Depuis la fin du mois de juillet 2015, l’agenda définitif pour un développement durable a été adopté. C’est dans ce contexte que les 193 pays membres de l’ONU ont défini un programme comportant 17 objectifs et 169 cibles visant à « transformer notre monde » d’ici 2030 afin de répondre aux enjeux économiques, sociaux et environnementaux de notre terre. Jamais encore les dirigeants du monde ne s’étaient engagés à mettre en œuvre collectivement un programme d’action aussi vaste et universel. Selon Matthieu Boussichas, responsable de programmes à la Fondation pour les Etudes et Recherches sur le Développement International (FERDI), « ces ODD sont une grille de lecture commune aux problèmes du monde. Ils proposent un début de réflexion collective pour y remédier ». Alors que les OMD étaient adressés aux pays en développement, les ODD concernent l’intégralité des pays, qu’ils soient pauvres ou riches. Les inégalités dans le monde continuent de se creuser de plus en plus. Bien que les OMD ont offert un cadre commun aux enjeux de développement des 15 dernières années, les progrès sont inégaux : les pays les moins avancés restent des zones peu touchées par ces évolutions. On estime que d’ici à 2080, 600 millions de personnes supplémentaires pourraient souffrir de la faim en raison des dérèglements climatiques. Alors que de nos jours, plus de 800 millions de personnes à travers le monde vivent avec moins de 1,25 dollar par jour, le premier objectif vise à éradiquer la pauvreté et la faim sous toutes ses formes et partout dans le monde. Pour ce faire, le rôle important de la protection sociale est mis en avant : tout le monde doit pouvoir bénéficier d’un niveau de vie adéquat. Afin de favoriser la santé et le bien-être physique et mental et pour allonger l’espérance de vie, l’Etat doit assurer la couverture maladie universelle et l’accès de tous à des soins de qualité sans discrimination aucune.

Grâce à ses nouveaux ODD, l’environnement fait un retour sur la scène internationale et devient une des préoccupations principales pour les 15 prochaines années. Le développement économique et social dépend d’une gestion durable des ressources naturelles et c’est pour cette raison que les pays s’engagent à :

- assurer des modèles de consommation et de production durables ;
- agir urgemment pour combattre le changement climatique et ses impacts ;
- protéger et gérer durablement les océans, mers et ressources marines ;
- gérer durablement les forêts, combattre la désertification, arrêter et inverser le processus de dégradation des terres et stopper la perte de biodiversité ;
- revitaliser le partenariat mondial pour le développement durable ;
- promouvoir un tourisme durable ;
- résoudre les problèmes de pénurie d’eau et de pollution des eaux.

Néanmoins, afin d’assurer un développement durable, il est nécessaire d’assurer la paix et la sécurité et inversement : sans développement durable, la paix et la sécurité sont compromises. C’est pour cette raison, que les nouveaux ODD insistent sur l’importance d’édifier des sociétés pacifiques, justes et ouvertes offrant à tous et de manière égale un accès à la justice. Chaque pays est responsable au premier chef de son développement économique et social : il participe au programme sur une base volontaire et choisit les moyens d’atteindre les objectifs. Chaque Etat est convié « à élaborer dans les meilleurs délais des initiatives nationales ambitieuses dans l’optique de la mise en œuvre globale du programme ».

Selon Csaba Kőrösi, vice-président du groupe de travail ODD 2015, « l'aspect le plus important des ODD est qu'ils contiennent les principaux éléments d'une transformation d'envergure. Si ne serait-ce qu'un semblant de ces objectifs est mis en œuvre d'ici 2030, alors une immense réorganisation aura eu lieu ». Reste une question de taille à savoir le financement de ce programme. La facture est estimée entre 3,5 et 5 milliards de dollars par an sur 15 ans. Tous les pays en développement ont d’ores et déjà annoncé qu’ils ne mettraient pas de budget face à ces ODD. Les pays comptent pour l’instant sur « les effets de levier pour attirer des financements privés ».

Sources :

- http://www.actu-environnement.com/ae/news/odd-developpement-durable-nations-unies-25320.php4

- Projet de document final du Sommet des Nations Unies consacré à l’adoption du programme de développement pour l’après-2015