I. DEFINITION DES MATERIAUX BIOSOURCES

Un matériau ou un produit de construction biosourcé est un éco-matériau qui incorpore de la matière issue de la biomasse végétale et/ou animale pouvant être utilisé comme matière première dans des produits de construction et de décoration, de mobilier fixe et comme matériau de construction dans un bâtiment. Ces matériaux répondent au besoin réel de retour au naturel et de durabilité, à la fois sur le plan environnemental, sanitaire et économique.

Il peut s’agir de la pierre, de la terre crue, du bois, du chanvre, de la paille de céréales, de liège, de lin, de coton, de jute, de fibre de coco, de plumes de canard, de laine de mouton…

Les matériaux biosourcés à l’état pur ont de nombreuses utilisations. Ils peuvent ainsi servir à réaliser le gros œuvre d’un bâtiment, d’isolant, de composant ou encore de revêtement. Il est possible de fabriquer du béton de chanvre, de bois ou encore de lin. La paille compressée ainsi que les particules ou les fibres végétales peuvent être utilisées en tant que panneaux. Certains de ces matériaux peuvent être utilisés dans différentes gammes produits. Ainsi, la terre crue peut être utilisée comme matériau structurel ou de remplissage mais aussi en tant qu’enduit. Le bois présente également une large variété d’usages. Il peut ainsi être utilisé comme structure porteuse, comme façade, pour les menuiseries extérieures et intérieures ou encore pour les revêtements des sols et des murs.

Le terme biosourcé fait ainsi référence à l’origine des matières premières utilisées et non à la performance environnementale et sanitaire du produit. Ces matériaux sont transformés, à travers un processus de fabrication de mise en œuvre, ce qui fait qu’ils contiennent des additifs, la plupart du temps qui ne sont pas biosourcés. Il ne s’agit donc pas de matériaux entièrement naturels, mais certains d’eux sont très peu transformés. Afin de mesurer l’impact de ces matériaux sur l’environnement, il convient de prendre en considération leur énergie grise et leur comportement à long terme. Le matériau choisit ne doit pas nécessiter de longs transports afin de valoriser les ressources locales et de favoriser la mise en œuvre une économie circulaire.

La filière des matériaux biosourcés, encore récente, a été identifiée par le ministère de l’écologie, du développement durable et de l’énergie dès 2009 comme l’une des dix-huit filières vertes ayant un potentiel de développement économique élevé pour l’avenir. Elle faisait également partie de la liste établie en mars 2013 . Cette filière permet en effet de diminuer la consommation de matières premières d’origine fossile, de limiter les émissions de gaz à effet de serre et de créer de nouvelles filières économiques.

L’article 14 de la loi de transition énergétique pour une croissance verte prévoit que l’utilisation des matériaux biosourcés est encouragée par les pouvoirs publics lors de la construction ou de la rénovation des bâtiments, cette utilisation concourant significativement au stockage de carbone atmosphérique et à la préservation des ressources naturelles.

II. LABEL « BATIMENT BIOSOURCE »

Le label « Bâtiment Biosourcé » a pour objectif de valoriser l’emploi de matériaux biosourcés. Il a été créé par le décret n°2012-518 du 19 avril 2012, en application de la loi Grenelle II, et est en vigueur depuis le 24 décembre 2012. Il permet de développer la pénétration de matériaux d’origine végétale ou animale dans la construction neuve. Son contenu ainsi que ses conditions d’attribution ont été définis dans l’arrêté du 19 décembre 2012.

Ce label, prévu à l'article R. 111-22-3 du Code de la construction et de l'habitation atteste la conformité des bâtiments nouveaux à un référentiel intégrant le respect d'un taux minimal d'incorporation au bâtiment de produits de construction biosourcés et mobiliers fixes, dotés de caractéristiques minimales ; des exigences de mixité relatives à la fonction des produits de construction biosourcés ou à la famille de produits biosourcés mis en œuvre ; et de modalités minimales de contrôle.

Ce label est divisé en trois niveaux. Le premier niveau nécessite la mise en œuvre d'au moins deux produits de construction biosourcés appartenant ou non à la même famille et remplissant des fonctions différentes au sein du bâtiment. Les deuxième et troisième niveaux nécessitant la mise en œuvre d’au moins deux familles de produits. Chaque niveau requiert également un taux minimal d’intégration de matière biosourcée. Ce taux est différent en fonction de l’usage principal du bâtiment.

Le label ne peut être délivré qu’aux bâtiments ayant fait l'objet d'une certification portant sur la qualité globale du bâtiment, à savoir sur sa performance énergétique et sur l'aptitude à l'usage des produits qui le composent. Il ne peut être délivré, à la demande du maître d’ouvrage, que par un organisme conventionné par l’Etat. Trois organismes se partagent la certification, à savoir Céquami pour les maisons individuelles, Cerqual pour le logement collectif et Certivéa pour le tertiaire.

Le premier bâtiment biosourcé, démontable et réversible à souhait a été inauguré au Havre le 19 décembre 2014. Ce bâtiment rectangulaire de deux étages incorpore 71 kg/m2 de surface plancher de matériaux biosourcés, soit le double du seuil requis pour atteindre le niveau 3 du label. Il est conçu en bois et recyclable à 80%. Les locaux techniques du bâtiment et les murets extérieurs sont constitués d’un béton de terre, plus cher et moins solide que du béton classique, mais ayant un fort aspect écologique. Le bois utilisé est du mélèze issu de forêts écologiques autrichiennes. Afin de faciliter le démontage, le bâtiment est constitué de modules en bois boulonnés les uns aux autres. Le bardage extérieur en bois a été thermohuilé avec de l’huile naturelle afin de ne nécessiter qu’un faible entretien et de ne pas virer au gris en vieillissant. Enfin, un séparateur d’hydrocarbures a été installé à proximité des places de stationnement afin de filtrer les eaux de ruissellement. Ce bâtiment a vocation à être loué en tant que bureaux et si l’opération est une réussite, deux autres bâtiments identiques devraient être construits sur le même terrain .