Le trafic international d’animaux se définit comme le commerce illégal d’animaux et pose notamment un problème pour la conservation des espèces. Les trafics d'espèces protégées répondent à la demande de multiples secteurs d'activités économiques, industriels ou de loisirs. Le commerce d’une espèce morte ou vivante, entière ou pour certains de ses organes, entraine la plus grande partie du temps sa chasse dans la nature alors même qu’il fait sans doute l’objet de mesures de protection interdisant sa chasse, sa capture, son commerce ou son abattage. Ces pratiques ont provoqué une décroissance des populations jusqu’à atteindre un seuil critique où la survie de l’espèce est fortement compromise tel que c’est le cas pour le lion, le tigre ou encore l’éléphant. Cette activité est une source de revenus occultes très importante et n’est pas prête à connaître un déclin, la demande de produits dérivés d’espèces sauvages (ivoire d’éléphant, ailerons de requins, os de tigre, corne de rhinocéros) étant de plus en plus forte. Pour un animal prélevé dans la nature et parvenu vivant à destination, de nombreux autres sont morts au court du transport ou au cours de la chasse organisée pour la capture. En effet, les espèces adultes qui cherchent à protéger leur progéniture contre l’enlèvement sont tuées. De nos jours, certaines espèces d’animaux sauvages comptent d’avantage de spécimens tenus en captivité qu’à l’état sauvage. Des collectionneurs passionnés et des trafiquants n’hésitent pas à empêcher la reproduction de certains animaux ou d’éliminer certains représentants des spécimens en utilisant différentes techniques afin de provoquer leur rareté dont la conséquence directe est l’augmentation de la valeur marchande des spécimens qu’ils détiennent ou qu’ils souhaitent vendre comme c’est le cas pour les aras. L’affaire récente de la mort du lion Cecil ne fait qu’affirmer le manque de scrupules des braconniers. En juin 2015, un amateur de chasse sportive au grand gibier aurait payé 50 000 dollars à un guide et chasseur professionnel pour qu’il lui permettre de tuer un lion. Alors que Cecil vivait dans le parc national Hwange au Zimbabwe, il a été attiré hors du sanctuaire, de nuit, à l’aide d’un animal mort attaché à un véhicule, puis il a été blessé avec un arc. La traque dura près 40 heures à la suite desquelles il fut abattu au fusil. Il a été dépecé par la suite et sa tête a été coupée. Lorsque les autorités du parc retrouvèrent sa carcasse, son collier émetteur avait disparu. Il semblerait que le chasseur se soit entendu avec le propriétaire du parc pour tuer le lion mais La Zimbabwe Parks and Wildlife Management Authority a indiqué que ni le guide ni le chasseur n’avaient le permis approprié pour abattre un lion. Cette affaire atteste bien que les braconniers et les chasseurs sont capables de faire disparaître une espèce pourtant protégée pour leur propre plaisir ou pour l’appât du gain.

Il arrive que dans certaines hypothèses, les animaux capturés parvenus à destination arrivent à s’échapper ou sont relâchées dans la nature par leurs acquéreurs car ils ne répondent pas aux attentes. Alors certes, l’animal retrouve sa liberté mais cela perturbe l’équilibre des écosystèmes du pays où a été libéré l’animal et peut même parfois entrainer la disparition ou la menace d’espèces locales. Tel a été le cas pour le vison d’Europe dont la disparition est due au vison d’Amérique ou encore pour la cistude d’Europe éliminée par la tortue de Floride. Des risques sanitaires importants sont également encourus, les espèces importées illégalement pouvant être vecteurs de maladies pour lesquelles les traitements sont rares ou inexistants.

Les animaux concernés par le trafic intéressent aussi bien les collectionneurs passionnés particulièrement avides de perroquets et oiseaux rares que les centres d’expérimentation recherchant des primates et des batraciens ou encore les amateurs de nouveaux animaux de compagnie voulant à tout prix posséder des animaux exotiques parfois rares et dangereux. Désormais, il n’est pas rare que dans certains pays, le maître se baigne dans sa piscine avec son tigre ou son lion ou même les deux. Ce trafic d’animaux porte aussi bien sur des spécimens vivants que sur des spécimens morts destinés à la taxidermie ou dont les parties peuvent avoir d’autres utilités telles que la consommation alimentaire, la confection d’articles de maroquinerie, d’objets de décoration ou encore de vêtements.

Il convient de remarquer que le bien-être animal n’est absolument pas une préoccupation des trafiquants. Lorsque l’animal doit être acheminé vivant à destination, son transport se déroule le plus souvent dans des conditions déplorables. A titre d’exemple, il arrive que les animaux soient transportés dans des contenants non adaptés à leurs besoins essentiels. Ainsi certains trafiquants n’hésitent pas à modifier le fond de leurs valises en les recouvrant de différents matériaux destinés à occulter la présence d’animaux. Certains optent pour le transport des animaux sauvages dans leurs poches de vêtements portés au cours du voyage en avion et spécialement conçus à cette fin, le bec ou le museau de l’animal ficelé très étroitement afin d’éviter que l’animal n’émette le moindre son pouvant trahir sa présence. Une autre méthode de trafic consiste à mettre l’animal dans des sacs en coton recouverts d’une couche de zinc isolante fermée par des joints de silicone pour passer les contrôles aéroportuaires des bagages soumis aux rayons X. Outre l’entassement avec des congénères dans des contenants trop étroits, les animaux ne bénéficient, pour la majeure partie des cas, d’aucune alimentation ou d’aucun abreuvement voire même d’aucune aération ou oxygénation alors même que la durée du transport peut parfois être très longue lorsqu’il s’agit d’acheminer les animaux d’un continent à un autre.

Actuellement, les trafiquants d’espèces sauvages sont organisés en réseaux très structurés et très difficiles à démanteler tant ils sont performants. Dans certains pays, des mafias locales exploitent ce marché très florissant et rendent la lutte contre un trafic d’une si grande ampleur très complexe. En France, certaines animaleries, afin de répondre aux besoins des particuliers désireux d’obtenir un NAC, se livrent à la commercialisation de certaines espèces de spécimens normalement interdits à l’importation et à la vente sans pour autant faire l’objet de sanctions.

Cependant les autorités soucieuses d’assurer la protection des espèces menacées et souhaitant réprimer les agissements des trafiquants sont confrontées à un constat aussi bien inattendu qu’alarmant : les animaux découverts par les douaniers sont, pour la plupart, insusceptibles de réintroduction dans leur habitat d’origine en raison de :

- leur fragilité ;
- leur mauvaise santé ;
- leur imprégnation par l’homme.

Certaines espèces ne pourront pas être relâchées dans leur pays d’origine de peu qu’elles ne réapparaissent sur le marché quelque temps plus tard. La conséquence de cette impossibilité de relâchement se traduit par leur placement dans des structures spécialisées. Néanmoins, les établissements capables d’accueillir ces différentes espèces d’animaux sauvages sont peu nombreuses ou n’existent même pas pour certaines espèces, la cohabitation de certains animaux étant impossible. Pour les installations qui existent, la capacité d’accueil est très limitée et ne permet pas aujourd’hui de recevoir tous les animaux en attente d’un placement. Ces derniers sont donc voués à une mort certaine et, s’il est possible d’ordonner une saisie conservatoire de ceux-ci impliquant que leur garde soit confiée au contrevenant, une telle mesure reste imparfaite car elle ne satisfait pas aux besoins de l’animal. Elle est toutefois pratiquée dans de nombreux pays. Consciente de l’ampleur du trafic, la communauté internationale a décidé d’intervenir pour lutter contre le commerce illégal d’espèces sauvages à travers l’adoption de normes destinées à combattre ces pratiques frauduleuses.

Le droit international a dû faire face au développement du trafic d’animaux sauvages en raison des possibilités de gains qu’il offre à ses protagonistes. Il constitue une source essentielle de souffrance et de mortalité pour chaque espèce sauvage victime de ce commerce mais également pour l’ensemble de la communauté internationale en raison de l’ampleur du phénomène. Alors que la plupart des conventions abordent la conservation des espèces en ne réglementant que certains aspects, la convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction du 3 mars 1973 connue sous son sigle « CITES » ou sous le nom de convention de Washington est le premier instrument international à façonner un régime élaboré d’autorisation et de contrôle du commerce international des espèces inscrites à ses annexes.

Par cette convention, les Etats signataires s’engagent à veiller à ce que le commerce international des spécimens d’animaux ne menace pas la survie des espèces auxquelles ils appartiennent. Approuvée par 180 pays, elle concerne 5 000 espèces animales. Le dispositif du texte est fondé sur trois outils principaux :

- la mise en place d’une base de données centrale qui précise le statut de chaque espèce dans chaque pays signataire ;
- la délivrance de certificats d’exportation lorsque les espèces quittent un pays ;
- la délivrance de certificats d’importation lorsque ces espèces rentrent dans un pays.

Ces dispositions ont pour objectif d’assurer la traçabilité des ventes et achats réglementés par la convention. Concernant certains animaux menacés d’extinction, toute importation ou exportation à des fins commerciales est interdite. Seul un motif scientifique peut justifier le transport de ces animaux sous réserve d’obtenir une autorisation. Le commerce des bêtes appartenant à une espèce vulnérable peut être autorisé si, toutefois, ils ont été obtenus légalement et que leur exportation ne nuit pas à la survie de l’espèce. Suite à la prise de position ferme du droit international, érigeant la lutte contre le trafic d’espèces menacées comme politique d’action prioritaire, l’Union Européenne a décidé de rendre la CITES applicable au sein de son territoire. Plusieurs règlements ont été pris et ont même renforcé le dispositif de la convention. Le texte communautaire le plus important est le règlement n°338/97 du Conseil de 9 décembre 1996 relatif à la protection des espèces de faune et de flore sauvages par le contrôle de leur commerce. L’objectif de ce règlement est d’assurer la protection et la conservation des espèces animales et végétales sauvages menacées d’extinction, par le biais du contrôle du commerce de ces espèces en établissant des conditions pour leur importation, leur exportation ou réexportation et leur circulation au sein de l’Union Européenne conformément à la convention CITES.