L’évaluation du risque chimique tient compte de l’ensemble des activités exercées au sein de l’entreprise et doit être renouvelée périodiquement, notamment en cas de modifications importantes qui affecteraient la santé ou la sécurité des travailleurs. Compte-tenu de l’article R.4121-2 du code du travail qui dispose que le document unique au sein duquel sont consignés les résultats de l’évaluation des risques doit être mis à jour au moins une fois par an, il parait approprié de retenir une périodicité annuelle pour le renouvellement de l’évaluation du risque chimique.

Lors d’une nouvelle activité supposant l’exposition à des produits chimiques dangereux, l’employeur doit préalablement réaliser une évaluation des risques et mettre en œuvre les mesures de prévention appropriées. L’analyse doit également être revue en cas de maladie ou d’anomalie. S’agissant de l’utilisation des CMR, l’analyse des risques doit être revue régulièrement afin de tenir compte de l’avancée de connaissances et tenir compte de tout changement de leur condition d’utilisation.
L’évaluation tient compte de nombreux critères tels que la nature des opérations de mise en œuvre des produits chimiques, leur mode d’émission, les voies d’exposition (inhalation, contact cutané, ingestion, etc.) la quantité, la durée et la fréquence d’exposition.

L’un des points les plus cruciaux en la matière et qui relève de préoccupations relativement récente, est l’analyse des risques liés à la combinaison des produits et substances chimiques.

Le 22 décembre 2009, lors du conseil environnement de l’Union Européenne, les ministres de l’environnement mettaient l’accent sur le risque lié à « l’effet cocktail » des produits chimiques. Des enquêtes réalisées par divers organismes attirent particulièrement l’attention sur ces effets pour les consommateurs et les travailleurs exposés à une pluralité de pesticides. A ce titre, l’article R.4412-7 du code du travail dispose qu’il doit obligatoirement être tenu compte de l’effet combiné de ces agents.

Plus encore, l’analyse des risques liés à la multi exposition des salariés peut dépasser la simple exposition à plusieurs produits chimiques et tenir compte d’autres risques, tel que l’exposition au bruit. Ainsi, la directive européenne n°2003-10 du 6 février 2003 concernant les prescriptions minimales de sécurité et de santé relatives à l'exposition des travailleurs aux risques dus aux agents physiques (bruit) prévoit que les employeurs doivent tenir compte de l’interaction entre les risques liés à l’exposition au bruit et les risques liés à l’exposition de produits ototoxiques. Cette directive a notamment été transposée en droit interne à l’article R.4433-5 4° du code du travail et par le décret n°2006-1044 du 23 août 2006 relatif aux prescriptions de sécurité et de santé applicables en cas d'exposition aux risques dus au bruit des personnels employés à bord des navires.

La multi exposition est à ce jour l’un des enjeux majeurs qui est susceptible de faire évoluer la réglementation en matière d’analyse des risques.

L’évaluation des risques n’est par essence pas une démarche qui ne concerne que l’employeur en vue de se mettre en conformité avec la réglementation. Elle concerne au premier chef les travailleurs exposés aux risques. Pour cette raison, l’employeur à l’obligation de transmettre les résultats de l’analyse des risques au Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) lorsque les conditions de sa constitution sont réunies. S’il n’existe pas de CHSCT, alors l’employeur transmet les résultats aux délégués du personnel ou à défaut à tout travailleur intervenant dans l’entreprise. Le médecin du travail est également destinataire des résultats de l’analyse des risques.

Bien que les salariés ne soient pas destinataires de premier ordre des résultats de l’évaluation, ces derniers peuvent y avoir accès. En effets, les résultats sont consignés au sein du document unique d’évaluation des risques qui, selon l’article R.4121-4 du code du travail, doit être tenu à disposition entre autres des travailleurs.
La principale difficulté de l’évaluation des risques réside dans le fait que tout employeur ne dispose pas nécessairement des connaissances scientifiques ou techniques sur l’ensemble des produits qu’il est amené à utiliser dans le cadre de son activité. Dès lors, c’est la transmission d’informations et la connaissance de produits qui joue un rôle de premier plan dans l’efficacité de l’évaluation du risque chimique. C’est précisément pour cette raison que la FDS joue un rôle important, tel qu’expliquer dans le premier chapitre.

Néanmoins, de nombreux autres moyens que la FDS ou l’étiquette sont mis à la disposition de l’employeur pour l’aider à recenser s’informer sur les produits chimiques. Les fiches toxicologiques de l’INRS sur plus de deux cents produits utilisés dans le monde du travail apportent à l’employeur des informations sur la toxicologie et la réglementation ainsi que des conseils propres au produit concerné. Dans le même esprit, le portail des substances chimiques de l’INERIS met également à disposition de nombreuses informations sur les produits chimiques. Enfin, les tableaux des maladies professionnelles renseignent quant à eux l’employeur sur les pathologies professionnelles reconnues pour des travailleurs exposés à un ou plusieurs produits chimiques.