L’employeur est tenu de mettre en place une politique de prévention des risques professionnels efficace au sein de son entreprise. L’article L. 4121-1 du code du travail énonce les principes généraux en matière de prévention des risques professionnels. Ce texte fondamental en la matière dispose qu’il revient à l’employeur de mettre en œuvre les mesures qui y sont prévues, à savoir : éviter les risques, évaluer les risques ne pouvant pas être évités, combattre ces risques à la source, adapter et répartir le travail en fonction des personnes, prendre en compte l’état d’évolution de la technique, remplacer ce qui est dangereux par ce qui ne l’est pas ou par ce qui l’est moins, planifier la prévention, prendre des mesures de protection collectives en leur donnant la priorité sur celles individuelles, et enfin donner les instructions appropriées aux travailleurs, notamment par le biais de notices de postes. C’est à partir de ces grands principes que la politique de prévention des risques devra être adaptée à chaque type d’activités.

Il sera ici intéressant de s’intéresser à l’étude de cette prévention pour les risques spécifiques au métier de garagiste. Outre ceux liés aux bruits, aux vibrations ou encore aux produits dangereux, nombre d’entre eux concernent les activité de peinture, de soudure, de vidange et même de nettoyage des pièces. Sachant que la profession de garagiste peut se scinder en deux branches, la mécanique d’une part et la carrosserie d’autre part, il convient que des règles de sécurité particulières soient prévues pour chaque poste. Elles doivent être continuellement rappelées aux travailleurs, notamment par le biais de notices de postes, affichées sur les lieux de travail. Elles permettent ainsi une information permanente des salariés sur les règles de sécurité à respecter dans le travail auquel elles sont assignées.

Aux vues de ces considérations, il semble alors pertinent d’étudier successivement, et de manière plus précise, les règles applicables à l’atelier mécanique (I) et les règles applicables à l’atelier carrosserie (II).


I. L’atelier mécanique


Le mécanicien est confronté à diverses tâches aux effets nuisibles pour sa santé. Il doit notamment s’occuper du nettoyage des pièces, qui se fait à l’aide de produits lessiviels et de solvants, aux composés toxiques pouvant pénétrer dans le corps par voie cutanée ou respiratoire. Il s’occupe également des opérations de vidanges et se retrouve alors confronté à la manipulation de liquides dangereux pour la santé, notamment les liquides de frein ou de refroidissement, ou encore d’huiles de moteur, néfastes également envers l’environnement. Enfin, il faut également noter qu’il se retrouve exposé aux gaz d’échappements, comprenant, selon le type de carburant, du monoxyde de carbone ou même du benzène, pouvant provoquer des nausées, des vomissements, des maladies pulmonaires, des comas, voire des décès, en fonction de la fréquence et du taux d’exposition.

L’employeur se doit ainsi de prendre des mesures pour éviter la survenance de ces dangers chez ses salariés. Les moyens à mettre en œuvre concernent avant tout l’organisation du travail et les missions attribuées aux agents mécaniciens. Il paraît ainsi pertinent d’étudier les mesures de sécurité à prendre pour les opérations de vidange (A) et de nettoyage des pièces (B).


A. L’opération de vidange


L’une des tâches les plus courantes effectuées par le mécanicien est la vidange des huiles du moteur. Celle-ci présente de nombreux dangers sanitaires pour le travailleur. En effet, ce dernier est confronté à la manipulation d’huiles usagées contenant des hydrocarbures aromatiques polycycliques susceptibles de pénétrer dans le corps par voie cutanée. Les conséquences pour celui qui les manie sont des infections cutanées, c’est-à-dire de l’eczéma et des irritations, mais aussi un risque de cancer de la peau en cas d’exposition prolongée et enfin une irritation oculaire. Par ailleurs, il y a une possibilité d’ingestion dans le cas où les mains sont portées à la bouche.

Il convient alors que le travailleur effectuant une opération de vidange s’équipe d’un matériel de protection individuel, afin de réduire la survenance de ces risques. Les consignes à respecter sont les suivantes : porter des gants de nitrile et des lunettes de protection, se laver les mains après avoir effectué l’opération, veiller à nettoyer les vêtements de travail et enfin ne jamais mélanger les vêtements de travail souillés avec les vêtements propres. Le bon suivi de ces consignes permettra ainsi d’écarter au maximum les risques pour la santé et la sécurité des mécaniciens.

Enfin, il est intéressant de préciser que les huiles noires de moteur sont des produits inflammables. Outre l’interdiction formelle pour les salariés de fumer dans les locaux affectés au travail, qui doit être rappelée par l’employeur par voie d’affichage, il est important que des extincteurs se trouvent à proximité de la zone où sont effectuées les opérations de vidange. C’est la sécurité de l’ensemble des travailleurs qui est ici en jeu, voire même celle des personnes utilisant les locaux aux alentours de l’atelier. Cette précision doit par conséquent figurer sur la notice de poste et des extincteurs doivent se trouver effectivement sur les lieux.


B. L’opération de nettoyage des pièces


Lorsque le mécanicien effectue une réparation, le changement ou le démontage des pièces, il est amené à nettoyer ces dernières, avant d’effectuer la réparation ou bien simplement de les replacer dans le véhicule. Ces pièces sont souvent très encrassées et il convient de les nettoyer efficacement à l’aide de produits spécialement prévus à cet effet.

Le nettoyage des pièces se fait donc par l’utilisation de fontaines de lessiviels ou de fontaines biologique. Ces fontaines comportent des produits lessiviels et des agents bactériens, représentant un certain seuil de danger aussi bien sanitaire qu’environnemental. Concernant les dangers sanitaires, ceux qui vont nous intéresser ici, les produits utilisés sont susceptibles provoquer des intoxications ou des allergies en cas de contact avec la peau ou de projection dans l’œil. Il existe également des risques d’infections, même s’ils sont peu probables si l’entretien est correctement effectué par le travailleur.

Ces produits sont susceptibles d’entrer en contact avec le travailleur par voie cutanée ou par oculaire. Il convient par conséquent que l’agent mécanicien qui les manipule se protège grâce à des équipements de protection individuels. Ce matériel de protection se caractérise par le port de gants de PVC et des lunettes de protection, comme pour les opérations de vidange. Il est aussi très important que le travailleur concerné respecte les consignes d’utilisation édictées par les producteurs de ces produits. Il est enfin nécessaire que les salariés et surtout l’employeur, en raison des obligations qui pèsent sur lui, veille à ce que les fontaines soient entretenues régulièrement, afin de permettre des conditions d’hygiènes optimales.

Pour terminer avec ces opérations, il peut être judicieux de noter qu’en plus de ces règles de protection individuelle, il faut que soient respectées des mesures de protection collective. Ainsi, des extincteurs doivent se situer à proximité du poste de nettoyage. Les produits chimiques utilisés présentent effectivement toujours un risque de départ de feu susceptible de causer d’importants dégâts matériels et humains sans la présence des moyens nécessaires pour empêcher sa propagation.


II. L‘atelier carrosserie


L’activité de carrossier présente également de nombreux dangers en matière d’hygiène et de sécurité, qui peuvent notamment être source de cancers pour les agents. Ces dangers sont liés en grande en partie à l’utilisation de produit dangereux, comme les peintures, les solvants, ou encore les poussières issues du ponçage, dont l’inhalation est fortement nuisible et dont il convient de se prémunir avec le plus grand soin. Des moyens de prévention doivent alors être prévus pour les carrossiers, surtout en ce qui concerne les équipements de protection, tant individuelle que collective. Ils doivent être adaptés aux différentes tâches effectuées par ces travailleurs, afin de leur garantir une protection optimale.

Il faut alors envisager la suite du raisonnement par l’observation successive de la cabine de peinture (A) et du poste de soudure (B), faisant l’objet des principaux risques sanitaires chez le métier de carrossier.


A. La cabine de peinture


La cabine peinture occupe une place importante en carrosserie. En effet, les véhicules ayant subi des dégâts tôliers nécessitent le plus souvent qu’une couche de peinture soit appliquée, afin de les rendre plus propres. Par ailleurs, cet atelier a aussi vocation à peindre les différentes pièces nécessaires à la carrosserie. Mais c’est également un lieu très dangereux pour la santé des travailleurs. Il faut alors le sécuriser au maximum pour éviter que des dommages sanitaires ne surviennent.

Il est primordial que la peinture soit appliquée dans une cabine spécialement prévue à cet effet, en raison des produits dangereux qui sont utilisés. Cela concerne les opérations de peinture pour tout ou partie d’un véhicule. Les principaux dangers concernent les risques d’inhalation et les risques d’explosion, en raison de la forte teneur inflammable des produits utilisés. L’application des différentes peintures se fait alors par la voie d’un pistolage. Les dangers liés à ce poste et ces opérations sont aussi bien environnementaux, avec le rejet atmosphérique de COV présents dans les produits, mais aussi et surtout, dans le cadre qui nous intéresse ici, sanitaires.

Les travailleurs sont ainsi exposés aux risques d’inhalation de vapeurs de produits contenant des isocyanates, susceptibles d’entraîner de graves problèmes d’asthme. Par ailleurs, l’atmosphère du lieu de travail se retrouve chargée de produits volatiles très inflammables et explosifs. C’est alors que, pour pallier à ces risques de santé et sécurité, des outils de protection individuelle et collective doivent être mis en place. La cabine de peinture doit ainsi bénéficier d’un bon système de ventilation, afin d’évacuer au fur et à mesure la dangerosité de l’atmosphère de la pièce. Les peintres doivent quant à eux porter un grand nombre d’équipements individuels : des masques, une combinaison, des gants de PVC et des chaussures de sécurité.

Les consignes de sécurité doivent enfin être connues, respectées et rappelées constamment aux travailleurs par la voie des notices de postes. Il faut une mise à terre du véhicule et des outils utilisés, interdire toute étincelle ou flamme nue dans la cabine de peinture et enfin veiller au bon entretien de la cabine, avec un changement régulier des filtres. La présence d’extincteurs à proximité reste par ailleurs toujours aussi impérative.


B. Le poste de soudure


L’autre activité du carrossier concerne le soudage et l’oxycoupage. A l’aide d’un poste de soudure, le carrossier procède au soudage de pièces ou à leur oxycoupage au chalumeau oxy-acétylène. Pour cela, il utilise un poste de soudure à arc électrique et un poste de soudure oxy-acétylène. Ces activités présentent des risques en matière de santé et de sécurité, comme l’inhalation de fumées portant atteinte au système respiratoire en provoquant des irritations, toux ou risques de cancer en cas d’exposition chronique.

Le rayonnement infrarouge et ultra-violet est également source de risques de brûlures de l’œil et du visage. La chaleur qui se dégage du poste de soudure peut elle aussi provoquer des brûlures de la peau ou de l’œil du fait de la projection de particules chaudes, de contact avec une pièce chaude, de contact avec la flamme ou bien l’arc électrique. Enfin, il existe un risque d’incendie et/ou d’explosion en raison de la projection de particules chaudes sur des substances combustibles ou inflammables se situant à proximité de la zone de travail.

Pour pallier la survenance de ces risques, plusieurs outils de protection doivent être mis à disposition des travailleurs. Premièrement, en ce qui concerne la protection incendie, un extincteur au moins doit se trouver à proximité de la zone du poste de soudure. Par ailleurs, la zone de travail doit être dégagée afin d’éviter un départ de feu ou bien sa propagation et permettre, le cas échéant, de faciliter un maîtrise rapide des flammes.

Deuxièmement, en ce qui concerne les équipements de protection et de prévention des salariés, il est nécessaire que des postes d’aspiration soit prévus autour de la zone de soudage ou d’oxycoupage, afin d’aspirer les fumées qui s’en dégagent. Il est également impératif que les agents utilisant le poste de soudure soient munis d’une tenue de soudeur appropriée, c’est-à-dire qu’il porte les EPI nécessaires à cette opération. Il doit en effet être muni de gants de chaussures de sécurité, d’une combinaison ininflammable et d’une visière ou d’un masque et de lunettes protégeant son visage de la chaleur et des rayonnements.