En 2014, au lendemain de la journée nationale contre le gaspillage alimentaire, Ségolène Royal, Ministre de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie et Stéphane Le fol Ministre de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et de la Forêt souhaitaient déjà accélérer et accroitre la prévention concernant le gaspillage alimentaire.
En effet, ces derniers considèrent qu’il s’agit là d’un défi majeur pour notre société : premièrement car cela peut permettre aux français de gagner du pouvoir d’achat, secondement parce que ce qu’il n’est pas acceptable de jeter quand certains sont dans le besoin, troisièmement parce que réduire nos déchets, c’est économiser des ressources et protéger l’environnement, et enfin, car d’ici à 2050 il faudra être en mesure de répondre aux besoins alimentaires de 9 milliards de personnes.
Inscrit dans le projet de loi de transition énergétique pour la croissante verte, la lutte contre le gaspillage, sous toutes ses aspects, est l’un des objectifs prioritaires de la ministre et prévoit entre autres, la réalisation de plans de lutte contre le gaspillage alimentaire dans les services de restauration collective gérés par les collectivités territoriales, l’Etat ou ses établissements publics, mais également, le déploiement de solutions de tri à la source des déchets alimentaires pour chaque ménage d’ici 2025, soit par compostage domestique soit par collecte séparée.
Cette dynamique va dans la continuité du Pacte national de lutte contre le gaspillage alimentaire lancé en juin 2013 par Guillaume Garot, Ministre délégué à l’agroalimentaire auprès du Ministre de l’Agriculture à l ‘époque.

Aussi, la ministre de l'Écologie a récemment trouvé avec les enseignes françaises un accord prévoyant un renforcement des mesures pour lutter contre le gaspillage alimentaire dans les grandes surfaces : celui-ci se fonde sur des engagements volontaires que le secteur préfère à une loi, qu'il estime trop rigide.
«Je pense que c'est aussi leur intérêt, c'est leur image de marque qui est en jeu», le ton a été donné par Madame Royal qui expliquait vouloir contraindre les enseignes de grande distribution alimentaire tricolores à faire plus d'efforts dans leur lutte contre le gaspillage de denrées consommables. Bien qu’ayant dû renoncer mi-août à plusieurs articles de sa loi sur la transition énergétique relatifs à son cheval de bataille, la ministre ne s’est pas découragée et a ainsi convoqué fin aout tous les grands distributeurs français afin de faire respecter les mesures initialement prévues dans la loi, puisque selon cette dernière « ils s'y attendaient»..

De nombreux grands patrons ont répondus à l’appel, puisque outre la FCD (Fédération du Commerce et de la Distribution) qui représente les principaux acteurs du secteur mis à part les groupes coopératifs comme Intermarché ou Leclerc, la majeure partie des responsables des grands groupes étaient présents. C'était notamment le cas de Serge Papin, PDG de Système U, ou encore de Noël Prioux, directeur exécutif de Carrefour France. Leur venue non anodine, est bien une marque de l'engagement du secteur sur ce sujet, spécialement dans un contexte de crise agricole qui s'enlise et où les distributeurs ont déjà été montrés du doigt. «La menace est contre-productive», estimait toutefois Serge Papin, qui comme ses homologues était surtout favorable à des engagements pris sur la base du volontariat. Suite à plusieurs jours de tractation, l'État et les distributeurs on donc trouvé un terrain d’entente sur une «convention d'engagement volontaire», prônant la lutte contre le gaspillage alimentaire. Celle ci ne comporte pas de sanction en cas de non-respect, mais les mesures qui y sont inscrites sont toutefois claires.

L’accord en question reprend les principales mesures prévues dans la loi de transition énergétique, comme par exemple celle de la hiérarchie dans la lutte contre le gaspillage. Après avoir limité au maximum les denrées invendues, les distributeurs privilégieront les dons à des associations d'aide alimentaire pour les humains, puis les dons à des associations animales et enfin la méthanisation pour les denrées non consommables.
Le texte prévoit aussi l'interdiction de rendre impropres à la consommation des denrées consommables, «sans préjudice des règles relatives à la sécurité sanitaire des aliments». C'est la fameuse javellisation des produits, une pratique que les enseignes disent être révolue. Enfin, les grandes surfaces s'engagent à donner leurs invendus aux associations caritatives «habilitées» et «qui en font la demande». La signature de conventions avec les associations se heurte en effet régulièrement à l'absence de structures suffisamment équipées (camions frigorifiques, lieux de stockage) pour récolter les invendus.

Excédées par les récentes déclarations de la ministre sur le rôle de la distribution alimentaire dans le gaspillage, alors qu’elle ne représenterait que 6 à 14% du gaspillage français, les enseignes souhaitaient obtenir des contreparties.
Tout d'abord que les efforts engagés depuis plusieurs années soient reconnus dans l'accord signé avec le ministère: comme la mise en place d'équipes dédiées à la lutte « anti-gaspi », l'allongement des dates limites de consommation sur certains produits, la vente de fruits et légumes «disgracieux» ou trop mûrs pour faire des confitures, ou la vente à prix cassés de produits à date courte. Depuis la signature du Pacte national de lutte contre le gaspillage alimentaire en 2013, les groupes estiment en effet être déjà très vertueux sur le sujet, distribuant l'équivalent de 120 millions de repas par an, et réduisant jusqu'à 40% leurs invendus en rayons.
Enfin, Carrefour, Casino, Intermarché, Système U ou Auchan demandaient à ce que l'État s'engage à mieux doter les associations pour assurer une collecte efficace et sûre d'un point de vue sanitaire. Ils ont eu gain de cause: l'État a promis de soutenir financièrement les associations, qui elles, étaient les grandes absentes des débats.




Sources :

- http://www.fao.org/world-food-day/home/fr/
- http://agriculture.gouv.fr/journee-nationale-de-lutte-contre-le-gaspillage-alimentaire-le-gouvernement-et-tous-les-acteurs-sont
- http://www.lefigaro.fr/societes/2015/08/27/20005-20150827ARTFIG00007-gaspillage-segolene-royal-attend-de-pied-ferme-les-distributeurs.php