Les sites où se pratiquent les activités associées à l’eau se divisent principalement en deux catégories : d’une part, les piscines, dans lesquelles l’eau est traitée et notamment désinfectée afin d’assurer sa qualité micro-biologique ; d’autre part, les sites naturels, qui font parfois l’objet d’aménagements particuliers pour l’accueil du public, mais dans lesquels l’eau n’est pas traitée. Les eaux thermales, pour leur part, obéissent à des réglementations différentes. Les sites naturels de baignade peuvent être contaminés par des eaux usées plus ou moins épurées, d’origine individuelle ou industrielle, par des eaux de ruissellement ou par des sources ponctuelles ou temporelles de pollution comme les excréments d’animaux domestiques ou sauvages. L’épuration naturelle du site, qui consiste en un filtrage par les plantes et la terre notamment, est d’une efficacité variable d’un site à l’autre.
Le risque lié à ces pollutions est principalement micro-biologique, c'est-à-dire lié à la présence dans l’eau de microorganismes. Ces derniers, tels que bactéries ou virus, sont susceptibles, après ingestion ou contact direct avec la peau et les muqueuses, de provoquer des maladies comme la gastro-entérite, ou des affections respiratoires et cutanées. La qualité des eaux de baignade naturelles est réglementée, depuis 1976, au niveau européen par la directive 76/160/CEE, transposée par décret en droit français en 1981. Elle est suivie par le ministère de la santé et ses services déconcentrés.

La qualité globale des eaux de baignade dans l'UE s'est nettement améliorée depuis 1990. Pour la période allant de 1990 à 2008, le taux de conformité avec les valeurs obligatoires (exigences minimales de qualité) est passé de 80 % à 96 % pour les eaux de baignade situées en zones côtières, et de 52 % à 92 % pour les eaux intérieures. En 1987, 50 % des baignades ne respectaient pas la Directive Européenne sur la qualité des eaux de baignade et 14 % des baignades étaient classées en catégorie D (baignade interdite), le bassin Artois-Picardie était « le point noir » du littoral français. C’est une politique active de 20 ans qui a permis d’obtenir des résultats de qualité : à l’issue de la saison 1999, 96 % des baignades respectaient la réglementation. Une amélioration de la qualité sanitaire des eaux littorales qui nous démontre l’efficacité et la rentabilité de près de 400 millions d’euros de travaux investis.

En cours de saison, des prélèvements d’eau sont effectués sur chaque site de baignade avec une fréquence au minimum bimensuelle. Les résultats des mesures micro-biologiques réalisées sur ces prélèvements sont comparés à des limites de qualité fixées par la directive 76/160/CEE. Des indicateurs de qualité physico-chimique sont également relevés. Ces résultats sont interprétés par les directions départementales des affaires sanitaires et sociales (DDASS) placées sous l’autorité des Préfets de département, et transmis aux communes concernées, qui assurent l'information du public. En cas de dépassement des seuils réglementaires, la baignade peut être interdite. Dès la fin de la saison, des bilans départementaux sont réalisés et une synthèse nationale est effectuée par la Direction générale de la Santé (Ministère de la Santé) et transmise à la Commission Européenne. Les résultats font l'objet d'une communication au public avant le début de la saison balnéaire de l'année suivante. Ils sont maintenant accessibles par internet.

Pour que chacun puisse connaître la qualité des eaux de baignade en France, la Direction générale de la Santé (DGS) met à la disposition du public un site d'information. Les touristes accèdent en temps réel aux résultats des contrôles de la qualité des eaux de baignade mais également aux aménagements des plages. Les internautes y découvrent, notamment, les résultats des prélèvements de l'année en cours, classés selon trois critères bon, moyen et mauvais. Pour les plus intéressés, le détail des analyses et les résultats des années précédentes sont conservés sur le site.
Les eaux de baignade en France parmi les plus propres

En 2008, 75 nouveaux sites sont venus s'ajouter à la liste des zones de baignade faisant déjà l'objet d'une surveillance. La France compte 15% des sites de baignade référencés au sein de l’Union Européenne. Sur les 21 400 zones de baignade contrôlées en 2008 dans l'Union européenne, deux tiers étaient situées sur le littoral et le reste le long de lacs et de rivières. C'est en Italie, en Grèce, en France, en Espagne et au Danemark que l'on trouve le plus grand nombre de sites de baignade en zones côtières. L'Allemagne et la France disposent quant à elles du plus grand nombre de sites situés en eaux intérieures. On entend par «zones de baignade» les zones dans lesquelles la baignade est expressément autorisée ou n'est pas interdite et est habituellement pratiquée par un nombre important de baigneurs.
Concernant la France, un peu plus de 96,4 % des eaux de baignade (97,2 % pour les eaux de mer et 95,1 % pour les eaux douces) remplissent les critères d'hygiène européens, ce qui place l'Hexagone en troisième position derrière Chypre (98,2%) et la Grèce (97,7%). La France compte toutefois 118 sites (53 plages et 65 lieux de baignade ''intérieurs'') qui ne sont pas considérés conformes, environ 4% du total. De leur côté, l'Italie et la République tchèque comptent respectivement 9,7 et 8% de leurs sites de baignades interdits en 2008, soit 553 sites pour l'Italie. Au total, l'UE compte 307 sites côtiers (contre 313 en 2007) et 315 zones de baignade intérieures (contre 378 en 2007) interdits en 2008. Durant la saison balnéaire 2008, ce sont au total 3 312 points de contrôle (1 968 en eau de mer et 1 344 en eau douce) répartis sur 1 760 communes de métropole et d’outre-mer qui ont fait l’objet de 32 857 prélèvements. Chaque eau de baignade est classée dans l’une des quatre catégories suivantes, les eaux de qualité A et B étant réputées conformes à la réglementation européenne, celles de qualité C et D non conformes :
A, eau de bonne qualité,
B, eau de qualité moyenne,
C, eau pouvant être momentanément polluée,
D, eau de mauvaise qualité.
Pour les 3 312 sites dont le classement a été calculé,
60,1% ont été classés en A
36,1% en B
3,3% en C
0,3% en D.
Entre 2007 et 2008, le taux de conformité a augmenté, tant pour les eaux côtières que pour les eaux intérieures (de respectivement 3,3 % et 1,1 %). En effet le pourcentage de plages conformes était en 2007 de 94,3% (95,7% pour les eaux de mer et 92,5% pour les eaux douces).Un premier bilan de la saison balnéaire 2009 sera disponible en octobre prochain.
L'évaluation de la qualité des eaux de baignade consiste en l'analyse de celles-ci au regard d'un certain nombre de paramètres physiques, chimiques et micro-biologiques pour lesquels la Directive 76/160/CEE relative la qualité des eaux de baignade a défini des valeurs impératives. Les États-membres sont tenus de respecter ces dernières. Néanmoins ils sont libres d'adopter des normes plus strictes en se conformant aux valeurs guides non contraignantes.

Des normes plus strictes déjà appliquées dans 12 Etats membres

En juin 2004, a été approuvé par la commission européenne un projet de révision de la directive 76/160/CEE, relative à la qualité des eaux de baignade. La démarche générale reste la même, mais certains points diffèrent néanmoins :
1. le classement est effectué sur quatre années de données et non sur une seule ;
2. trois catégories de qualité conformes à la baignade sont proposées et non deux ;
3. deux indicateurs microbiologiques sont considérés et doivent être systématiquement présents (les entérocoques intestinaux et les Escherichia coli) ;
4. les seuils définis pour les indicateurs sont différents pour les eaux douces et les eaux de mer ;
5. la méthode de calcul de la classe de qualité à partir des résultats de prélèvements est différente ;
6. certains résultats de prélèvements peuvent être écartés s’ils correspondent à une situation de pollution à court terme.

En 2006, une nouvelle directive européenne Directive européenne 2006/7/CE sur la gestion de la qualité des eaux de baignade a été adoptée par le Parlement européen. En 2008, seuls 12 pays (Chypre, le Danemark, l'Estonie, la Finlande, l'Allemagne, la Hongrie, la Lettonie, la Lituanie, la Slovaquie, l'Espagne et la Suède, Luxembourg) ont contrôlé les eaux de baignade conformément à la nouvelle législation européenne plus stricte, basée sur deux paramètres : les entérocoques intestinaux et Escherichia coli. Cette nouvelle directive doit être appliquée au plus tard en 2015 dans tous les Etats-membres y compris la France. La directive européenne 76/160/CEE a été abrogée par la directive 2006/7/CE du parlement européen et du conseil du 15 février 2006 et sera applicable à partir de 2015.

Les nouvelles exigences européennes (nouvelle directive baignade), affichent des normes plus sévères mais permettent le reflet d’une photographie plus juste (résultats obtenus sur une période de 4 ans). Elles renforcent le principe de « gestion des eaux de baignade » en introduisant un « profil » des eaux de baignade. Ce profil correspond à une identification et à une étude des sources de pollutions pouvant affecter la qualité de l’eau de baignade et présenter un risque pour la santé des baigneurs. Il permettra de mieux gérer, de manière préventive, les contaminations éventuelles du site de baignade. L’ensemble des acteurs est concerné, en particulier les collectivités, qui se doivent également d’élaborer avant mars 2011 des profils de risque pour la baignade sur leur territoire.

Une plage française sur quatre déclassée en 2015 ?

Rappelons que deux études publiées en 2008 par l'Afsset et l'association Surfrider prévoyaient un déclassement de nombreuses zones de baignade françaises du fait de la nouvelle méthode de classification qui entrera en vigueur en 2015. Le nombre de baignades présent dans chaque classe de qualité de la nouvelle directive (excellente, bonne, suffisante, et insuffisante), calculé à partir des données 2003-2006, a été comparé à celui présent dans chaque classe de l’ancienne directive : A (de bonne qualité), B (qualité moyenne), C (eau pouvant être momentanément polluée) et D (eau de mauvaise qualité) pour l’année 2006. Selon l'étude publiée en juillet dernier par Surfrider Foundation Europe, 131 plages du territoire français pourraient être classées en qualité insuffisante si la nouvelle directive européenne plus restrictive était appliquée dès aujourd'hui 22% des plages en France métropolitaine et outre-mer, soit une plage sur cinq, seraient susceptibles d'être déclassées : « Le fait de prendre en compte les conditions micro-biologiques des eaux de baignade des années précédentes tend à tirer vers le bas certaines plages », avait expliqué l'organisation environnementale. Il s’avère que les résultats de cette comparaison résumés en 6 points dans le rapport de l’Afsset concluent essentiellement que :
1. le pourcentage de sites de baignades présents dans la classe de qualité Excellente est dans tous les cas supérieur ou égal à celui de l’actuelle classe A ;
2. lorsque tous les prélèvements sont pris en compte pour le classement, la nouvelle directive conduit à une légère augmentation du pourcentage de sites non-conformes à la baignade par rapport à celle de l’ancienne directive ; et
3. a contrario, lorsque les prélèvements considérés comme correspondant à des situations de pollution à court terme sont écartés, la nouvelle directive conduit à une diminution du pourcentage de sites non-conformes.
Suite à la publication de ces rapports, le Ministère en charge du développement durable a lancé, en août 2008, un label de qualité pour les eaux de baignade, basé uniquement sur les résultats des analyses physico-chimiques et micro-biologiques de l'eau contrairement au Pavillon Bleu délivré aux plages et aux ports de plaisance pour leur gestion globale de l'environnement. A travers cette certification, le Ministère espère laisser le temps aux collectivités d'améliorer la qualité des eaux et d'éviter la fermeture de plusieurs sites d'ici 2015.
La nouvelle directive vise également à améliorer la gestion du risque en cas de pollution à court terme et les mesures à prendre dans cette situation. Durant la saison de baignade, les sites naturels peuvent être contaminés par diverses sources de pollution entraînant des interdictions temporaires de baignades. L’Afsset a ainsi été sollicitée par les pouvoirs publics pour travailler sur la détermination d’une valeur seuil à partir de laquelle il existerait un risque sanitaire pour les baigneurs nécessitant la mise en place de mesures de gestion allant jusqu’à la fermeture temporaire du site.