Lundi 3 août 2015, les douanes de l'aéroport de Zurich ont saisi 262 kg d'ivoire de contrebande, les défenses d'éléphants étaient cachées dans plusieurs bagages à destination de Beijing, en Chine. Les braconniers avaient également ajoutés des crocs et des griffes de lions. Une telle saisine ne représente malheureusement pas un cas isolé puisque les douanes mondiales saisissent très fréquemment de telles cargaisons.
La Chine représente 70% de la demande mondiale d'ivoire, l'ivoire y est utilisée sous forme de défenses gravées, de baguettes en ivoire sculpté etc.. Les conséquences de ce commerce illégale sont désastreuses pour la faune. En effet, en décembre 2014, l'ONG environnementale Save the Elephants ainsi que la fondation Aspinall ont évalué à plus de cent mille le nombre d'éléphants abattus entre 2010 et 2012. À la fin du mois de mai 2015, les autorités chinoises ont détruit 660kg d'ivoire censé illustrer la lutte du gouvernement contre la contrebande. Néanmoins, le commerce de contrebande ne cesse de s'accroître aussi bien en Chine qu'à l'échelle mondiale c'est pourquoi face à la gravité de la situation l'Organisation des Nations Unies (ONU) a adopté une résolution historique le 30 juillet dernier. Cette résolution fait également suite à la mort du célèbre lion Cecil, icône du parc national Hwange auZimbabwe, qui a été tué puis décapité par un dentiste américain, amateur de chasse.

Ainsi, l'Assemblée générale a adopté sans procéder au vote une résolution intitulée la " Surveillance du trafic des espèces sauvages ". Cette résolution a avant tout été initiée par le Gabon et l'Allemagne qui ont ensuite été soutenu par soixante-dix autres pays. Le Ministre des affaires étrangères, de la francophonie et de l’intégration régionale du Gabon, M. Emmanuel Issoze-Ngondet, qui a présenté le projet de résolution, a rappelé que le trafic illicite d’espèces sauvages était estimé à environ 19 milliards de dollars par an. Ce document est le résultat de plusieurs années de travail et d'efforts diplomatiques puisque, pour la première fois, les États ont reconnu sans exception l'importance de la situation et la nécessité d'unir leur forces pour combattre cette criminalité liée aux espèces sauvages.

Le braconnage serait, selon l'ONG WWF, le quatrième trafic le plus important au monde après le trafic de drogue, la contrefaçon et la traite des humains. Ce braconnage intensif est évidemment une entrave aux mesures de protections de la faune mises en œuvre depuis des années à l'échelles mondiale. L'Assemblée générale des Nations Unies se dit être "gravement préoccupées par l'augmentation constante du braconnage de rhinocéros et les niveaux alarmants des massacres d'éléphants en Afrique, qui menacent ces espèces d'extinction au niveau local et, dans certains cas, au niveau mondial".

Par ailleurs, l'Assemblée générale mentionne dans cette résolution plusieurs textes juridiques corrélés à cette situation ainsi que différents accords multilatéraux. Parmi ces textes figure la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction qui a été signée à Washington le 3 mars 1973 qui a pour but de veiller à ce que le commerce international des spécimens d'animaux et de plantes sauvages ne menace pas la survie des espèces auxquelles ils appartiennent. L'ONU rappelle également l'importance de la Convention sur la conservation des espèces migratrices appartenant à la faune sauvage, la Convention sur la diversité biologique, la Convention pour la protection du patrimoine mondial, culturel et naturel, ainsi que la Convention relative aux zones humides d'importance internationale, particulièrement comme habitats de la sauvagine.

L'assemblée générale encourage les États membres à adopter des mesures efficaces pour prévenir et combattre le grave problème que constitue le braconnage et le trafic d’espèces de flore et de faune protégées par la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction. Elle sollicite également les États à prendre les mesures décisives à l'échelle nationale afin de prévenir, de combattre et d'éradiquer ce commerce illicite mais également à harmoniser leurs réglementations judiciaires afin de permettre une plus grande coopération à l'échelle mondiale. Enfin, la résolution insiste également sur l'importance des communautés locales dans la lutte contre le braconnage et elle souhaite élargir leurs droits et leur capacité à gérer les ressources sauvages et à en tirer bénéfice. En effet, le Président de l'Assemblée a indiqué que le trafic illégal menaçait les moyens de subsistance des communautés locales et qu'il compromettait les efforts de lutte contre la pauvreté et pour la réalisation du développement durable.

Malgré la multitude de textes fondamentaux en matière de protection des espèces sauvages, la résolution du 30 juillet 2015 est la première jamais adoptée par l'Assemblée générale des Nations Unies sur la surveillance du trafic des espèces sauvages. Une résolution intitulée "Mesures de prévention du crime et de la justice pénale visant à lutter contre le trafic illicite d'espèces de faune et de flore sauvages protégées" avait néanmoins été adoptée par le Conseil économique et social de l'ONU le 25 juillet 2013.

À compter de l'année 2016, le secrétariat général de l'ONU rendra compte chaque année de l'évolution de la criminalité mondiale liée aux espèces sauvages et de l'état d'avancement de l'application de la résolution au sein des différents pays.



Sources :
- http://www.wwf.fr/?5460/Lutte-contre-la-criminalite-liee-aux-especes-sauvages-les-Nations-Unies-adoptent-une-resolution-historique

- http://awsassets.wwfffr.panda.org/downloads/2015_07_30_resolution_nu_liste_pays.pdf

- http://bigbrowser.blog.lemonde.fr/2015/07/28/un-dentiste-americain-amateur-de-gros-gibier-accuse-detre-le-tueur-du-lion-cecil/

- https://www.cites.org/fra/disc/text.php#I

- http://www.un.org/ga/search/view_doc.asp?symbol=E/RES/2013/40&referer=http://www.un.org/en/ecosoc/docs/res2013.asp&Lang=F

- http://www.actu-environnement.com/ae/news/resolution-onu-surveillance-lutte-trafic-especes-sauvages-25058.php4