L'utilisation des sols en Europe et le recul des zones naturelles a poussé l'Union Européenne à légiférer pour préserver les habitats naturels et prévenir la diminution de la biodiversité.
Le réseau Natura 2000 est un réseau composé de deux types de sites car il a été fondé sur la base de deux directives. La directive Oiseaux du 2 avril 1979 (remplacée en 2009 par une deuxième directive), qui impose aux Etats membres l'instauration de zones destinées à la nidification des oiseaux sauvages menacés, et la directive Habitats, du 21 mai 1992, qui impose aux Etats de délimiter des zones de conservation des habitats naturels qui représentent l'écosystème spécifique propre à chaque région.
En France, le réseau Natura 2000 représente 13% du territoire de la métropole et 25% des communes françaises sont concernées par ce réseau.
Mauvais élève, la France a été condamnée au début des années 2000, et elle a en urgence procédé à l'extension de son réseau de protection.
Au niveau européen, c'est 18% du territoire qui fait l'objet d'une protection juridique au titre de Natura 2000.
En décembre 2014, la Commission européenne a mis en place un recensement et une analyse de différents textes afin d'en déterminer leur efficacité. L'objectif de ce recensement est de réduire les charges inutiles qui pourraient être causées par l'application de textes obsolètes ou inefficaces.
Les directives Habitats et Oiseaux ont été passées au crible et c'est une analyse approfondie qui a été mise en place les concernant. La commission veut réétudier les objectifs initiaux afin de mettre en lumière leur coût et leur pertinence, aux travers des résultats obtenus grâce à ces directives.
Il conviendra dans un premier temps d'étudier le bilan mitigé de ce rapport (I), avant d'en mettre en avant les causes et solutions d'amélioration (II).

I. Natura 2000: un bilan mitigé

L'expression très scolaire "peut mieux faire" pourrait résumer le bilan du réseau Natura 2000. La Commission s'est penchée sur l'état de conservation des habitats et des espèces d'oiseaux sur la période 2007/2008 à 2012, et a dégagé certaines tendances.

Ainsi, il a été démontré que 52% des espèces d'oiseaux étaient hors de danger. Si certains y voient un signe d'encouragement, d'autres préfèrent y voir que 48% des espèces restent en danger. Concernant les tendances, 4% des espèces en déclin font l'objet d'une progression, et 6% de ces espèces sont stables. Le rapport met en avant un constat alarmant: 20% des espèces d'oiseaux sont en déclin.
Si les Etats membres arrivent à stabiliser et à augmenter le ratio de certaines espèces, il n'en reste pas moins que le réseau Natura 2000 n'est pas efficace pour 20% des espèces d'oiseaux.
Le rapport met en avant de façon positive l'activité de certains pays, tels que l'Espagne, l'Autriche, la Hongrie etc. qui ont contribué à l'essor de certaines espèces, en élaborant des programmes de gestion des sols ou encore des programmes agro-environnementaux.
Concernant les espèces protégées par la directive Habitats, 23% seulement de ces dernières sont considérées comme dans un état de conservation favorable, tandis que 42% sont dans un état défavorable-insuffisant et 18% défavorable-médiocre. Le bilan est ici moins rayonnant que pour la protection des espèces d'oiseaux. A cela s'ajoute des tendances qui ne présagent aucune amélioration: en effet, seulement 4% des évaluations défavorables sont en amélioration, les autres étant en dégradation ou stables.
Si la région Baltique est le plus mauvaise élève en matière de conservation, il est à noter que la région alpine ainsi que la région de la mer Noire font preuve d'une grande progression en matière de conservation puisque c'est dans ces régions qu'ont été observés les meilleurs résultats en matière d'amélioration.
Autre constat, l'état de conservation des espèces, s'il est très préoccupant,il n'est rien comparé à l'état de conservation des habitats qui fait l'objet de conclusions alarmantes. Sur les habitats évalués, seulement un quart fait l'objet de conclusions favorables, et les trois quarts sont partagés entre une évaluation défavorable-insuffisant et défavorable-médiocre. Les tendances sont tout aussi préoccupantes puisque seulement 4% des habitats évalués négativement font l'objet d'une amélioration.

Pourquoi un bilan si négatif ?

Les Etats ont fournis un ensemble d'informations permettant de déterminer les causes empêchant le réseau Natura 2000 d'atteindre ses objectifs.
Concernant les systèmes terrestres, la première cause est l'agriculture : en effet, l'utilisation massive de pesticides, la réduction des pratiques de pâturage, sont autant de facteurs qui ont des conséquences négatives sur les espèces et les habitats.
Aussi, le dérèglement climatique rompt l'équilibre naturel qui permettait autrefois à la nature de se régénérer et aux espèces de proliférer selon le respect d'une chaîne alimentaire. Les hausses de température ont pour effet de profiter à certaines espèces qui se multiplient et prennent l'ascendant sur d'autres. Les espèces invasives sont aussi une source de perturbation pour l'équilibre naturel et pour les espèces européennes.
Pour les systèmes marins, c'est la surexploitation des ressources qui ne permet pas à la nature de se régénérer assez rapidement. Les changements climatiques ont aussi des conséquences sur les océans, comme l'acidification des océans.

II. Quel avenir pour le réseau Natura 2000 ?

Suite à ce bilan mitigé, deux écoles s'affrontent concernant l'avenir du réseau Natura 2000.
Certains acteurs, notamment politiques, sont partisans de supprimer les directives Habitats et Oiseaux afin d'élaborer un nouveau système de protection.
D'autres acteurs, associations et ONG pour la plupart, sont au contraire en faveur d'un renforcement de la politique de conservation et non une refonte totale.

Les députés verts européens mettent en avant ce rapport pour promouvoir un renforcement drastique des mesures de conservation.
Face au débat, la Commission européenne a décidé de lancer une procédure de consultation publique, afin de recueillir les avis des citoyens et de les responsabiliser sur le sujet. L'idée est aussi d'évaluer l'importance accordée par les citoyens au réseau Natura 2000, qui sera le fondement de la décision de la Commission. Une faible participation ou des commentaires négatifs motiveront alors l'Union Européenne à opérer à une refonte du système de conservation.
Le problème de ces directives est aussi financier: mettre en place des zones spéciales de conservation a un coût et peut parfois s'opposer aux intérêts locaux. C'est une contrainte pour certaines communes qui préfèreraient allouer leurs efforts au développement urbain plutôt qu'à la conservation des habitats. C'est pourquoi la refonte totale de ces textes ne paraît pas totalement comme un recul, en ce sens où elle pourrait apporter plus de contraintes dans l'application des textes de protection.
Le rapport propose quelques solutions pour rendre plus efficace le réseau Natura: Il préconise la mise en place d'actions ciblées en prenant exemple sur le programme LIFE Nature, qui est un programme de financement qui a été mis en œuvre lorsque les directives Oiseaux et Habitats furent créées. Beaucoup d'acteurs ont contribué à ce projet, notamment les agences de l'eau, les collectivités locales etc. ce qui a permis de créer une vraie coopération, notamment locale, pour contribuer à réaliser les objectifs européens de conservation.
La promotion des échanges sur les expériences de gestion et de remise en état peut aussi être un atout pour une meilleure cohésion des travaux entre les différents acteurs.
L'adoption de mesures agro-environnementales est aussi la clé de réussite en matière de conservation naturelle. En effet, l'avenir et l'efficacité du réseau Natura 2000 s'inscrit dans un travail commun, qui résulte des efforts de tous les domaines. Les causes qui empêchent le réseau d'atteindre ses objectifs doivent être étudiées et écartées.



Bibliographie:

(1) Anne-Sophie Luchez, << Biodiversité: l'avenir incertain des directives Oiseaux et Habitats>>, Actu-environnement,
http://www.actu-environnement.com/ae/news/biodiversite-avenir-incertain-directives-oiseaux-habitats-24564.php4

(2) Commission Européenne, Rapport sur l'état de conservation des types d'habitats et des espèces couverts par la directive Oiseaux et la directive Habitats et tendances observées pour la période 2007-2012