
Renouvellement du Plan de développement durable de l’apiculture
Par Pauline Bureau
Préfecture administrative de Paris - Contrôle des actes d'urbanisme et d'aménagement du territoire
Posté le: 02/07/2015 17:20
Le 19 juin 2015, le Ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, a dressé le bilan du Plan de développement durable de l’apiculture 2013-2015 lors de l’inauguration de l’Observatoire français d’apidologie à Mazaugues dans le Var. À cette occasion, il a annoncé que ce plan serait prolongé pour une durée de deux ans, soit jusqu’en 2017.
Le plan, lancé en février 2013, a pour objectif de mieux organiser la filière française, fragilisée depuis une vingtaine d’années par la mortalité accrue de colonies d’abeilles. L’Union Nationale de l’Apiculture Française a annoncé que la production de miel 2014 avait chuté de 10 000 tonnes, rendant la quantité produite trois fois inférieure à celle de 1995. Les apiculteurs expliquent cette diminution de production par l’impact du climat, des parasites (varroa, cynips du châtaignier…), du frelon asiatique et des pesticides néonicotinoïdes.
Parallèlement, la Ministre chargée de l’environnement, Ségolène Royal, a lancé fin mai 2015 un plan national d’actions « France, terre de pollinisateurs », afin d’enrayer la perte d’espèces de pollinisateurs sauvages, à savoir les abeilles solitaires, les bourdons ou encore les papillons.
La France est ainsi dotée de deux plans complémentaires, le premier relatif aux abeilles domestiques et à l’apiculture et le second relatif aux pollinisateurs sauvages.
I. Bilan du Plan de développement durable de l’apiculture
Le Plan de développement durable de l’apiculture 2013-2015 comportait dix-sept axes et cent-quinze actions. Sur ces cent-quinze actions du plan, quarante sont complètement finalisées et trente-cinq le seront fin 2015. Sept d’entre elles ont été abandonnées, notamment du fait de modifications réglementaires. Ainsi, d’ici la fin de l’année, 70 % des actions du plan auront été complètement mises en œuvre.
En fonction de leur nature, ces actions devaient être réalisées par l’État et ses établissements publics, par les agriculteurs et les apiculteurs ou encore par les autres acteurs de la filière apicole tels que l’Institut de l’abeille (ITSAP), les distributeurs, les conditionneurs...
Les objectifs de deux axes ont été atteints à 100 %. Le premier est l’axe 2, relatif à la diminution de l’impact des pesticides sur la santé des abeilles. Il a été atteint grâce à l’adoption, sur proposition de la France, de nouvelles méthodes d’évaluation des pesticides néonicotinoïdes au niveau européen et à la mise en place d’un dispositif conciliant exigence de protection des abeilles et activité agricole en période de floraison. Le second est l’axe n°4, relatif à la lutte contre le frelon asiatique, objectif atteint grâce à son classement en danger sanitaire de catégorie 2 le 26 décembre 2012.
Les objectifs de six axes ont été atteints à plus de 75 %, à savoir:
• l’axe 1 « objectiver le problème de santé des colonies d’abeilles par une approche globale et multifactorielle » grâce à la création de programmes de recherche ;
• l’axe 3 « lutter contre les maladies des abeilles » grâce à la promotion de nouveaux médicaments et la mise en place d’un réseau de vétérinaires référents réalisant des visites sanitaires systématiques ;
• l’axe 7 « retrouver la biodiversité nécessaire à l’apiculture » grâce à la mise en place de mesures agro-environnementales pour encourager l’implantation de ruchers et/ou de cultures mellifères ;
• l’axe 12 « organiser la filière apicole » grâce à la constitution de comités économiques et sanitaires dédiés au sein de FranceAgriMer (FAM) et à la mise en place d’un comité stratégique agricole en octobre 2013, chargé de suivre la mise en œuvre du plan ;
• l’axe 15 « mieux organiser la production de reines et d’essaims » grâce à la définition d’une charte de qualité des reines élevées en France ;
• l’axe 17 « contribuer à l’élaboration d’un plan global européen pour une apiculture durable ».
Les objectifs de trois axes ont été atteints à plus de 50 %, à savoir :
• l’axe 8 « maintenir et développer le service de la pollinisation assuré par les colonies d’abeilles » grâce à l’adoption en mars 2014 de la Charte de bonnes pratiques agricoles et apicoles en pollinisation ;
• l’axe 10 « mieux former les apiculteurs et les personnes travaillant dans le domaine de l’apiculture » grâce à l’intégration de modules spécifiques dans l’enseignement agricole ;
• l’axe 16 « développer la recherche et l’enseignement supérieur en apidologie ».
Enfin, les objectifs de six axes ont été atteints à moins de 50 %, à savoir :
• l’axe 5 « mettre en place une filière française compétitive d’élevage de reines et d’essaims » ;
• l’axe 6 « mieux connaître et protéger l’apiculture française » ;
• l’axe 9 « promouvoir le rôle des colonies d’abeilles comme indicateur des atteintes à la biodiversité et à l’environnement » ;
• l’axe 11 « encourager l’installation de nouveaux apiculteurs et soutenir les investissements visant à développer la production, la transformation et la commercialisation de miel et de produits associés ». Le plan prévoyait l’installation de deux cents à trois cents jeunes apiculteurs par an, ce qui n’est pas le cas ;
• l’axe 13 « organiser la production apicole » ;
• l’axe 14 « mieux organiser la production de miel, gelée royale et autres produits de la ruche ».
L’ensemble des axes concernant l’environnement de la production apicole (santé, prédateurs, pollutions, reconquête de la biodiversité, accompagnement de l’organisation par les pouvoirs publics) sont aujourd’hui mis en œuvre. Suivent directement les axes relatifs à la formation et l’évolution des métiers de l’apiculture. Pour les six axes les moins avancés, les outils sont mis en place mais la mobilisation de l’ensemble des acteurs de l’ensemble de la filière est nécessaire à leur réalisation.
Un guide des bonnes pratiques apicoles a également été réalisé par l’ITSAP afin de permettre une meilleure gestion des cheptels et de l’activité apicole.
II. Perspectives d’évolution du Plan de développement durable de l’apiculture
Dans le bilan du 19 juin, Stéphane Le Foll présente les actions qu’il souhaite mener afin de réaliser l’ensemble des objectifs d’ici 2017. Le plan sera recentré sur les axes les moins aboutis et leur réalisation nécessitera la mobilisation de tous les acteurs ainsi que la mise en place d’outils de formation. Pour ce faire, il estime que le développement de la filière passe par sa structuration autour d’une interprofession afin que ces objectifs deviennent une véritable stratégie de filière. Seule une approche globale est en mesure de répondre aux enjeux du milieu apicole.
La création d’une véritable structure passerait par la constitution d’un groupement d’intérêt économique et environnemental. Ce GIEE regrouperait alors des agriculteurs et des apiculteurs au service de la pollinisation afin de permettre une gestion plus solidaire des reines et des essaims. Depuis janvier 2014, une expérimentation GIEE pollinisation associe un apiculteur et trente-deux agriculteurs. Ce groupement a d’ores et déjà bénéficié d’un financement de 91 000€ au titre du compte d’affectation spéciale « Développement agricole et rural », dit CASDAR.
Les acteurs de la filière pourraient également signer un pacte apicole, structuré autour d’une démarche de label « miel de France », à l’automne 2015. Ce label permettra de garantir la provenance du miel aux consommateurs et ainsi de relancer la production.
De plus, le Ministre souhaite que l’État mette en place un certificat de compétence, à savoir Certi Api, afin de professionnaliser le métier. Ce certificat sera destiné aux apiculteurs professionnels ou prestataires auprès de tiers tels que des collectivités ou des agriculteurs auxquels ils offrent des services de pollinisation. En février 2013, seuls mille six-cent-soixante apiculteurs professionnels français étaient recensés, soit 4 % d’entre eux.
Enfin, Stéphane Le Foll se dit favorable au classement du frelon asiatique dans la catégorie 1 de danger sanitaire si les apiculteurs y sont prêts. Si la catégorie 2 permet à l’autorité administrative de définir des actions de surveillance et de prévention, la catégorie 1 permet quant à elle la mise en place de programmes de lutte obligatoires au niveau national et départemental.
Bibliographie :
Ministère de l’agriculture
• Plan de développement durable de l’apiculture 2013-2015
• Bilan du Plan de développement durable de l’apiculture
• Communiqué de presse du 19 juin 2015 « Stéphane Le Foll renouvelle son engagement en faveur de l’apiculture »
Actu environnement
• http://www.actu-environnement.com/ae/news/plan-apicoledurablestephanelefoll2017interprofession-apiculteurs-24817.php4