Anne Hidalgo, maire de Paris, a réaffirmé ce 5 mai son vif souhait de lutter contre la pollution dans la capitale, en annonçant le lancement de « l’acte II de la reconquête des berges de la Seine ». Son plan d’action passerai notamment, par le désengorgement de certaines zones de Paris, via une limitation et une réduction significative du trafic automobile.
Ce programme vise pour l’été 2016, à rendre exclusivement piétonne la rive droite des arrondissements centraux, suite au succès lié à l’interdiction prononcée il y a deux ans, de la circulation des voitures sur une distance de 4,5 hectares, entre le pont Royal et le pont de l’Alma.

Depuis le début du mois de juin, deux projets sont soumis à la consultation du public, bien que la maire ne dissimule pas sa préférence à celui préconisant une piétonnisation complète sur 3,3 km de la voie Georges-Pompidou.
Cette proposition concernerait un espace situé à proximité de la Bastille et, qui s’étendrait du port de l’Arsenal jusqu’au tunnel des Tuileries. L’exposé des motifs de la délibération soumise au Conseil de Paris à la fin du mois dernier, explique que "L’aire piétonne ainsi constituée, ferait 4,5 hectares, dont 8 000 m² d’espaces verts couverts dans les deux tunnels" Henri-IV et des Tuileries, interdisant également la circulation automobile.

Plus modeste, le deuxième scénario, dont l’aire piétonne serait de 2,6 hectares, consisterait à interdire l’accès à la voie Georges-Pompidou sur une longueur de 1,5 km aux automobilistes, entre la rampe de sortie Châtelet et le bas de la rampe d’entrée avant le pont de Sully.

La population parisienne a la possibilité de s’exprimer sur les deux plans d’aménagement qui lui ont été présenté mais pourra de surcroit, faire ses propres propositions.
Au même titre que sur les berges situées sur la rive gauche de la Seine, les infrastructures proposées devront toutefois être réversibles afin de prévenir tout risque de crue et permettre un éventuel retour à la circulation automobile. Bien que plus étroits que sur la rive droite, les quais pour être aménagés, nécessiteront un coût estimé à 8 millions d’euros.
Selon Anne Hidalgo, cet “acte II” ayant pour visé d’établir “une liaison douce de la place de la Bastille à la Tour Effeil”, prolonge de façon logique la transformation de la rive gauche effectuée lors de l’été 2013. Cette transformation avait été vivement critiqué il y a 2 ans, par le premier ministre François Fillon, qui craignait une augmentation des embouteillages et un engorgement de la ville.

En 18 mois, la fermeture des voies sur les berges rive gauche de la seine a remporté un franc succès en y attirant plus de 4 millions de visiteurs. Parallèlement à cette fréquentation, on peut dresser "bilan très positif en matière de qualité de vie, d’écologie et de circulation", les émissions polluantes ayant diminué de 15% dans la zone concernée, et les nuisances sonores au niveau du quai ayant baissé en moyenne, de jour comme de nuit, de 10db. De plus, il a été souligné par l’adjoint au maire chargé des transports (EELV), Christophe Najdovki, que l’impact sur la circulation a été modéré "la traversée d’est en ouest a été rallongée de seulement deux minutes, au lieu des six à sept minutes attendues".

Les conséquences du report du trafic sur les voies de la berge rive droite devraient être publiées d’ici le début de la concertation publique. Lors de la présentation de son projet, Anne Hidalgo avait énoncé qu’il s’agissait d’"un enjeu écologique, un enjeu de santé publique, d’image de la ville et aussi de rythme de vie. Tout cela s’inscrit dans une politique globale que j’assume, que nous assumons de façon délibérée".
Déterminée à faire de la circulation automobile dans la capitale "marqueur très fort de [sa] mandature” cette dernière annonce sans hésitation qu’elle escompte bien réduire le trafic dans le centre de Paris.

Présidé par Nathalie Kosciusko-Morizet, le groupe des républicains au Conseil de Paris (anciennement UMP) ne va pas à l’encontre de ce projet "La réduction de la place de la voiture dans la ville pour diminuer la pollution est un principe largement partagé". En outre, ces derniers ne sont pas entièrement d’accord avec les 2 scénarios soumis par la mairie et souhaiteraient proposer un projet “alternatif”.

Montée avec l’aide d’une équipe d’architectes et d’urbanistes, leur proposition aboutirait à la transformation radicale des quais bas (la voie express) comme des quais hauts sur un tronçon de 2,3 km entre le Louvre et le milieu de l’Ile Saint-Louis.
Bien plus onéreux, il engendrerait un investissement de 15 millions d’euros pour les aménagements de voirie, de 17 millions d’euros pour la construction de deux nouvelles rampes descendantes pour les voitures (au Louvre et au Châtelet) et de 28 millions d'euros pour les équipements (dont l’installation d’une piscine flottante proche de l’Hôtel-de-Ville. L’ensemble de ces couts représenteraient un montant de 60 millions d’euros à investir sur une dizaine d’années.
Un élu républicain précise qu’« Il ne s’agit pas d’enfermer le débat dans une opposition stérile entre deux projets mais d’ouvrir la réflexion dans un temps long ».
La raison principalement évoquée par l’opposition, réside dans leur crainte d’une « déclinaison improvisée » de ce type d’aménagement sur la rive droite, qui « condamnerait » les commerces situés sur les quais hauts en raison des reports de trafic.
Aussi, l’idée phare de leur plan serait d’instaurer une circulation alternée sur les quais bas et les quais hauts.

Sources:
-http://www.lemonde.fr
-http://www.lesechos.fr
-http://www.leparisien.fr