Parti dans l’État de San Luis Potosi, dans le nord du Mexique, en vue de réaliser une série sur les familles autochtones du monde, le réalisateur argentin Hernan VILCHEZ en est revenu avec un film documentaire « commandé » par les huichols même, exposant leur combat pour préserver leur terre sacrée au monde entier.
Ce film a été présenté le 5 juin dernier à Paris, à l’Institut des hautes études d’Amérique Latine, puis au cinéma Commune Image de Saint-Ouen en Seine-Saint-Denis.

Derniers peuples amérindiens à faire de la résistance identitaire au Mexique aux côtés des zapatistes chiapanèques, les huichols luttent depuis 2010 contre les compagnies minières canadiennes First Majestic Silver Corporation et Revolutions Resources afin de protéger leur sanctuaire.

En effet, ces dernières ayant décelé des filons d’or et d’argent dans les sols du désert de Wirikuta, elles ont entrepris d’en acheter les concessions au gouvernement mexicain afin d’y installer un complexe d’exploitation minière à ciel ouvert présentant de fort risque de pollution de ces terres.

Rappelons que l’extraction des métaux précieux nécessite l’utilisation d’eau et de substances chimiques nocives, comme le cyanure, qui auront pour conséquence une contamination rapide des terres et un assèchement subséquent des nappes phréatiques qui assuraient jusqu’à présent la subsistance de ces populations du désert mexicain. En dépit des lois nationales et internationales protégeant les droits de ces peuples autochtones, et du classement d’une partie du territoire litigieux sur la liste des sites naturels sacrés de l’UNESCO, le gouvernement mexicain leur a malgré tout, octroyé les précieuses concessions.

Les deux porte-paroles des huichols entendent défendre fermement leur terre sacrée, lieu de naissance du soleil et du monde selon leur croyance. Par ailleurs, le désert de Wirikuta est le berceau d’espèces végétales et animales rares et protégées comme le peyotl, cactus hallucinogène qu’ils utilisent lors de leur cérémonie.

C’est ainsi que depuis près de 4 ans déjà, ceux-ci multiplient les manifestations et cérémonies afin d’attirer l’attention des pouvoirs publics, allant même jusqu’à se rendre au siège social des compagnies minières, et ralliant l’ONU de New York à leur cause.

Plusieurs écrivains et artistes étrangers, dont les Prix Nobel Jean-Marie LE CLEZIO et Orhan PAMUK, se sont ralliés à leur cause, en adressant une pétition au président Felipe CALDERON pour rétracter les concessions minières litigieuses.

Cette affaire n’est pas sans rappeler le procès très médiatisé Equador vs Chevron Texaco, dans lequel la compagnie pétrolière ayant causé de nombreux dégâts environnementaux dans la forêt amazonienne avait été condamnée en 2011 à une amende de 9,5 milliards de dollars. L’affaire est toujours en attente de solution devant la Cour Pénale Internationale de La Haye.



Source : http://www.lemonde.fr/planete/article/2015/06/06/la-bataille-des-indiens-huichols-au-mexique-pour-defendre-leur-terre-sacree_4648823_3244.html