Le 4 mai 2015, l’organisation internationale de coopération policière lance une alerte portant sur les effets du 2,4-dinitrophénol, produit illégal et extrêmement dangereux. Depuis l’Affaire Médiator, ayant engagée la responsabilité du laboratoire Servier ainsi que celle de son fondateur, à l’origine de plusieurs centaines, voire milliers de morts, les pilules d’amaigrissement font l’objet de mise en garde auprès des consommateurs.


LA PRISE DE CONSCIENCE POST-MEDIATOR


Cette affaire a été une réelle prise de conscience du danger que représentaient de tels médicaments. Le Mediator, médicament originellement prescrit en cas d’hypertriglycéridémie ou diabète de type 2, a été largement utilisé en dehors de ses indications pour l’amaigrissement du patient, l’anorexigène (coupe-faim) étant un effet secondaire. L’utilisation de ce médicament est à l’origine de plus de 500 décès et 3500 hospitalisations selon l’Agence Française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps). Retiré de la vente en 2009, le Mediator a engagé la responsabilité pénale de Jacques Servier et est à l’origine de la transformation de l’Afassps en Agence Nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), à la suite à son inaction vis-à-vis de ce médicament.

L’ANSM est aujourd’hui particulièrement vigilante à ce sujet : elle publie le 18 juillet 2012 un rapport d’expertise sur l’évaluation des risques liés à l’utilisation de produits de santé à des fins d’amaigrissement. Elle met en place une interdiction de préparation contenant des produits dangereux (comme les médicaments détournés de leur Autorisation de Mise sur le Marché), le retrait de plusieurs produits du fait d’une balance bénéfice/risque négative, et l’interdiction de certaines plantes entrainant des effets secondaires graves. De même, elle suit le rapport produit par la FDA (Food and Drug Administration) la même année établissant une liste noire de 25 produits vendus en pharmacie ou sur Internet contenant des actifs pharmaceutiques dangereux tels que FlatLoss Slimming, 2 Day Diet ou 3x Slimming Power qui contiennent des actifs non déclarés parce que sévèrement contrôlés ou tout simplement interdit.

Cependant, malgré une communication médiatisée importante et des mises en garde régulières, ces produits bénéficient de publicité et sont encore largement utilisés. Dans une société qui glorifie la minceur, maigrir sans effort est argument de vente à toute épreuve. Cet argument est largement utilisé par les producteurs de ces produits : leur publicité est présente sur les réseaux sociaux, Facebook majoritairement, par des publications suggérées relatant de témoignages plus ou moins fondés de célébrités sur l’efficacité de ce remède miracle.


LA DIFFICULTE DU CONTROLE DE LA VENTE PAR INTERNET


Malgré les mises en gardes des agences sanitaires, la vente sur Internet de médicaments ne permet pas un réel contrôle sur la production et sur la vente de ces produits. La vente contrôlée de médicaments sur Internet a été autorisée le 1er janvier 2013, autorisation soumise à conditions bien sûr, mais qui favorise considérablement l’insécurité des consommateurs. Effectivement, L’OMS estime à plus de 50% la masse de médicaments contrefaits vendu sur Internet. Le transfert des produits devenant international grâce à la vente en ligne, un contrôle est-il réellement possible ?

En effet, la situation a considérablement évoluée. Alors que lors de l’affaire Médiator, les consommateurs achetaient leur produit auprès des distributeurs d’un laboratoire pharmaceutique identifiable, aujourd’hui déterminer dans quels pays se trouvent les laboratoires, pour la plupart clandestins, par des ventes en ligne est bien plus compliqué. La mort d’une femme au Royaume-Uni et les complications subies par un français ont amené Interpol à lancer une alerte mondiale concernant un ancien produit de régime, le 2,4-dinitrophénol, déjà utilisé en 1930 mais retiré de la vente très rapidement. Ce médicament est issu de laboratoire clandestins n’appliquant, selon Interpol, aucune réglementation en matière d’hygiène et exposant les consommateurs à un risque accru d’overdose du fait de leur absence de compétences spécialisées.

Face à cela, semble nécessaire de renforcer le contrôle imposé à la vente de produits pharmaceutique sur Internet, c’est la raison pour laquelle entreront en vigueur le 1er juillet 2015 les articles R5125-70 et R5125-76 du Code de Santé Publique relatifs aux conditions de mise en ligne de médicaments. Ceux-ci devront contenir « les coordonnées de l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé, un lien hypertexte vers le site internet de l'ordre national des pharmaciens et du ministère chargé de la santé, ainsi que le logo commun mis en place au niveau communautaire, qui est affiché sur chaque page du site internet qui a trait au commerce électronique de médicaments » et les pharmaciens seront en charge de « tenir à jour une liste des sites internet des officines de pharmacie autorisés et la met à la disposition du public sur son site internet » cette liste sera également disponible sur le site du ministère chargé de la santé.

Cependant, compte tenu du fait que la vente se fait sur un marché international, des solutions internes ou même européennes sont-elles suffisantes ?