Les combats, Les victoires, les espoirs : Greenpeace chassé par le gouvernement indien
Par Camille Bridey
Posté le: 09/05/2015 18:22
Greenpeace se cache derrière ses simples mots à la résonnance forte en matière d'environnement : des combats, des victoires, un espoir. Ces trois mots résument l'action de cette organisation non gouvernementale internationale (ONGI) de protection de l'environnement détenant des branches dans plusieurs pays.
Stigmatisée par certains en raison de ses actions directes , sa médiatisation ne joue pas toujours en sa faveur. Cependant, elle demeure une organisation qui se bat pour l'environnement à partir d'expertises et d'investigations techniques qui fondent ses campagnes publicitaires.
Greenpeace est connue et reconnue mondialement .
La question de la dangerosité des méthodes employées par Greenpeace s'est posée : certains ont vu une menace plus forte que les enjeux qu'ils souhaitaient dénoncer. C'est dans ce contexte de chasse aux militants de Greenpeace que l'Inde veut la fermeture de l'organisation.
Les autorités ont révoqué, début avril, les licences de 8 975 organisations non gouvernementales qui, selon le gouvernement, n’auraient pas respecté la réglementation en matière de financement. L’organisation non gouvernementale de défense de l’environnement Greenpeace a ses comptes gelés depuis un mois et sa licence est suspendue pour au moins 180 jours.
L'organisation est présente en Inde depuis quatorze ans , mais privée de ses fonds elle devra fermer ses portes si le gouvernement indien ne change pas d'avis. Vinuta Gopal, responsable, chez Greenpeace Inde, de la campagne pour le climat et l’énergie, s'interroge sur cette décision" Jamais dans aucun pays Greenpeace n’a été obligée de fermer ses bureaux. Ce serait sans précédent. Pourquoi un pays qui prétend être la plus grande démocratie du monde préfère taire les voix discordantes plutôt que dialoguer avec elles?"
Le gouvernement indien met en avant des soucis financiers comme des erreurs comptables et des mauvaises déclarations de fonds en 2008.
A l'heure actuelle , Greenpeace est paralysée mais d'autres organisations subissent le même sort, de plus il est interdit à ses collaborateurs de quitter le pays. Le gouvernement indien multiplie depuis plusieurs mois les attaques contre Greenpeace Inde.
En mars dernier, les autorités avaient interdit à la chargée de campagne Priya Pillai de se rendre à une conférence au Royaume-Uni, où elle devait présenter les impacts de l’industrie sur la population indienne.
Il est légitime de se demander pourquoi le gouvernement Indien souhaite bâillonner cette organisation . Greenpeace en Inde, a lutté contre le nucléaire et le charbon : Ses actions ont déjà permis des avancées majeures, par exemple en protégeant récemment les forêts de Mahan de l’exploitation de charbon, ou en mettant en avant des solutions pour les Indiens les plus pauvres comme dans le village de Dharnaï, le premier en Inde où toute l’électricité est produite à partir de l’énergie solaire .
En Inde, tout le monde vit de l’extraction illégale du charbon. Femmes, et enfants grattent le sol fumant pour extraire quelques kilos d’or noir dans le Nord-est de l’Inde, dans le Jharkhand, l’un des bassins houillers les plus importants au monde. Pour survivre, les habitants du village de Bokapahari extraient un peu de charbon. La quasi totalité des minéraux de l'Inde se trouve dans les régions les plus forestières, cela a été un des combats de Greenpeace. Les systèmes fluviaux étaient également touchés. Greenpeace s'est battue contre l'exploitation des mines par les enfants, contre les impacts nocifs sur l'environnement et la déforestation.
Greenpeace a surtout mit en avant les soucis de sécurité qu'imposait le nucléaire sur le territoire de l'Inde: La région de Jaitapur est traversée par trois failles tectoniques. Au cours des 20 dernières années, de nombreux tremblements de terre ont été recensés dans cette zone. Le plus violent, enregistré en 1967 à une centaine de kilomètres de Jaitapur, affichait une magnitude de 6,5 sur l'échelle de Richter. Entre 1990 et 2000 un séisme d'une magnitude supérieure à 6 sur l'échelle de Richter et deux supérieurs à 5 ont été mesurés dans la région de Jaitapur. De plus, le niveau de sureté imposé dans le nucléaire est inférieur à celle de la France.
Ainsi Greenpeace a peut être entravé la volonté des autorités indiennes, concernant le charbon et le nucléaire, et ces dernières refusent de se laisser dicter une certaine conduite.
On ne peut pas oublier de mentionner, qu'aujourd'hui Dharnai un village d’Inde, situé dans l’une des zones les plus pauvres du pays, est désormais complètement alimenté par l’énergie solaire. Il s’agit là du premier village indien où l’électricité est entièrement produite par le soleil, pour couvrir les besoins de 450 maisons, 50 commerces, deux écoles ainsi que ceux d’un centre dédié à la formation et à la santé.
Le site internet de Greenpeace mentionne cette histoire, l'organisation en est fière tant sur l'impact environnementale que sur la santé des Hommes. Cette organisation permet de faire avancer les populations vers des conditions de vie meilleures.
La cour d'appel de New Delhi a déjà condamné cette répression des organisations non gouvernementales en janvier dernier, mais le gouvernement maintient sa ligne de conduite. Des dizaines d'autres associations environnementales ont d'ailleurs subi le même sort ces derniers mois.
Le département d'État américain a déjà demandé des explications aux mesures prises par le gouvernement indien. Selon une fuite de documents, le gouvernement indien serait inquiet de retards dans la construction d'infrastructures importantes causés par des activistes et manifestations.
L'Inde a également placé l'organisation humanitaire Ford Foundation, basée aux États-Unis, sur une liste de surveillance.
Greenpeace subit elle le fait d'avoir parlé de thé sans pesticide, de pollution de l'air et d'un avenir plus juste et plus vert pour tous les Indiens ? Samit Aich, directeur exécutif de Greenpeace Inde en est aujourd'hui persuadé.