Dans un contexte mondial qui craint l’augmentation de 4°C de la température globale d’ici à 2050, la lutte contre le réchauffement climatique se fait de plus en plus pressante. L’Agence Internationale de l’Energie (AIE) chiffre la somme nécessaire à cette lutte à plus de 792 milliards d’euros. Les fonds publics levés sont loin d’être suffisants pour récolter une telle somme, cependant l’ajout de l’investissement privé pourrait permettre de financer ces besoins.

Effectivement, les obligations vertes, green bounds ou climate bounds, « des obligations émises par une société ou une entité publique pour financer des projets environnementaux de développement des énergies renouvelables ou d’amélioration de l’efficacité énergétique », est sans doute « l’outil le plus efficace pour accélérer les changements dans la transition économique » selon Philippe Zouati, directeur général de Mirova, filiale de Natixis. Le principe est simple, il s’agit de titres de dettes, comme dans le cadre d’une obligation traditionnelle, l’entreprise lève de l’argent auprès des investisseurs qu’elle remboursera à une échéance fixée d’avance, ce qui permet d’investir sur du long terme. La différence entre une obligation au sens classique du terme et une obligation verte est la destination des investissements : l’argent collecté sert exclusivement à financer des projets à vocation environnementale comme des projets d’énergies renouvelables ou d’efficacité énergétique, ou sociale. A ce titre, ces investissement rentrent dans la politique RSE des entreprises et leurs permettent de s’assurer une meilleure réputation auprès de l’opinion publique.
Cette pratique n’est pas vraiment neuve en réalité, les obligations vertes ont été introduites en 2007 par les banques d’investissement et sont à l’origine de la création de nombreux projets, tels que l’apport d’énergie solaire dans les zones rurales au Pérou, des transports urbains non-polluant en Colombie, ou encore une meilleure efficacité d’irrigation en Tunisie.

Si en 2007, les seuls émetteurs étaient les institutions internationales, telles que la Banque européenne d’investissement ou la Banque mondiale, aujourd’hui le secteur privé ainsi que le secteur public ont investi considérablement : GDF Suez a investi plus de 2,5 milliard d’euros d’obligation verte en 2014, et la région Ile-de-France a levé 600 millions d’euros. La pluralité des émetteurs de fond est sans hésitation une grande force de ce nouveau titre qui permettrait ainsi de réunir la somme nécessaire au frein de l’émission de gaz à effet de serre global.
Lors de son introduction, le rayonnement de cette pratique restait limité, or lors du sommet du climat du 23 septembre 2014 à New York, Jim Yong Kim, président de la Banque mondiale, avait encouragé les investisseurs à s’engager de manière durable et responsable dans le marché de l’obligation verte, marché en plein essor : elles avait permis de lever la somme de 11 milliards de dollars en 2013, 35 milliards en 2014 selon l’agence Bloomberg et la Banque mondiale estime la somme collectée à plus de 90 milliards en 2015.
A l’égard de cela, force est de constater que ce nouveau titre pourrait permettre de diminuer de manière significative les émissions de gaz à effet de serre, dans la mesure où, au regard des projets menés à bout grave à ce mode d’investissement, il permet de limiter ces émissions notamment dans les pays en voie de développement, qui en sont une source importante.

Cependant, comment s’assurer de la destination des fonds levés ? Car effectivement, cet investissement « vert » peut être utilisé à des fins d’écoblanchiment ou Greenwashing, « un procédé de marketing ou de relations publiques utilisé par une organisation dans le but de se donner une image écologique responsable ». Pour lutter contre cela, les cabinets externes ont mis en place des critères de labellisation de ces obligations par des certifications ou des reportings. Par exemple, l’agence de notation Vigeo a créé, en collaboration avec GDF Suez, des « critères d’éligibilité » lesquels sont : la protection de l’environnement, la contribution au développement local et au bien-être des communautés locales, le respect des principes éthiques et d’équité envers les fournisseurs et sous-traitants, la gestion des ressources humaines et la gouvernance des projets sélectionnés. Cependant, les détracteurs considèrent que ces critères relèvent plus de principes généraux que de réelles conditions d’investissement ce qui limite considérablement leur efficacité. Il serait donc nécessaire de créer de réelles normes de certifications internationales afin de garantir la finalité « verte » de ces titres.

http://www.banquemondiale.org/fr/news/feature/2015/01/22/green-bonds-changing-investor-expectations-three-trends.print

http://multinationales.org/Obligations-vertes-un-nouvel-outil

http://www.youphil.com/fr/article/07718-obligations-vertes-green-climate-bonds-banque-mondiale

http://www.lemonde.fr/economie/article/2015/03/24/les-obligations-vertes-nouvelle-coqueluche-des-entreprises_4600162_3234.html