Dans un monde dans lequel la population atteint les 7 milliards, de nouvelles questions alimentaires se posent, et de nouveaux produits doivent être exploités pour nourrir une population qui atteindra les 9 milliards d’ici 2030. L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) à cet égard, se prononce en faveur du développement de l’élevage de petites bêtes à grande échelle.


1) Qui sont les pays consommateurs de cette denrée alimentaire ?


L’entomophagie est pratiquée en Afrique, en Amérique Latine et en Asie, alors qu’en Europe la question se pose de plus en plus. Effectivement, cet aliment a la double qualité d’avoir une valeur nutritive importante et une production n’ayant qu’un faible impact environnemental. La FAO s’est d’ailleurs prononcé en faveur de l’expansion de la production et de la consommation d’insectes et a initié en 2008 des travaux pour appuyer le fait que cette expansion serait source de sécurité alimentaire.

Face à ce marché en éclosion de plus en plus de restaurants et grandes surfaces européennes proposent à leur clientèle cette nouvelle denrée, bien que la consommation d’insectes en Europe ne soit que tolérée. Effectivement, l’entreprise Rentokil, entreprise de dératisation et de désinsectisation, a projeté d’organiser un « food truck », une dégustation d’insectes, qui n’a pu voir le jour par décision de la DGCCRF (Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes) justement parce que la consommation de cet aliment n’est pas autorisé par la loi.


2) L’Europe pourrait-elle faire partie des pays consommateurs ?


L’autorisation européenne d’entrée sur le marché d’un nouvel aliment est régie par le règlement 258/97 « novel food » selon lequel est considéré nouvel aliment toute denrée alimentaire dont la consommation humaine est restée négligeable dans l’Union Européenne avant la date du 15 mai 1997, date d’entrée en vigueur du règlement. Les nouveaux aliments sont donc soumis à une procédure européenne d’évaluation avant d’entrer sur le marché européen, afin de démontrer une absence de danger significatif pour le consommateur. Les potentiels vendeurs ou producteurs d’insectes sont donc soumis à deux options : procéder à cette demande d’autorisation ou prouver la présence d’une consommation significative avant le 15 mai 1997. Il n’a pas été démontré que la consommation d’insectes était significative, et donc l’autorisation est la seule option pour autoriser l’entrée sur le marché d’insectes comme nouvelle denrée alimentaire. Cependant cette procédure est longue et complexe.
C’est la raison pour laquelle la Commission européenne a proposé le 18 décembre 2013 un projet de révision du règlement « novel food » afin de faciliter l’entrée sur le marché de nouvelles denrées alimentaires. Le Parlement européen et le Conseil doivent se prononcer sur cette révision qui devrait entrer en vigueur en 2016.

La Belgique, malgré le règlement européen, a autorisé la consommation d’une dizaine d’insectes : le grillon domestique, le criquet migrateur africain, ver de farine géant, grillon à ailes courtes ou encore chenille de la fausse teigne. L'Agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire (AFSCA) belge, l'institut chargé de surveiller la sécurité alimentaire, a autorisé la consommation de ces produits à la condition du respect de la législation en vigueur, c’est-à-dire, « l'application de bonnes pratiques d'hygiène, la traçabilité, la notification obligatoire, l'étiquetage et la mise en place d'un système d'autocontrôle ».


3) Quels sont les dangers de cette consommation ?


L’autorisation de consommation belge, bien qu’en avance sur la règlementation européenne, n’est pas générale : seuls dix espèces sont autorisées par l’AFSCA. Effectivement, la mise sur le marché de cette nouvelle denrée présente des risques sanitaires : sont à prendre en compte les mécanismes chimiques de défense, les dards, les mandibules, les allergies et la difficulté d’établir une liste d’espèces comestibles et d’espèce dangereuses.

C’est la raison pour laquelle l’Anses (l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation) a publié le 9 avril 2015 une étude qui dresse un état des lieux des connaissances scientifiques, en partenariat avec l’unité d’entomologie fonctionnelle et évolutive de l’Université de Liège, et une analyse approfondie auprès d’un collectif d’experts sur ces questions. Selon cette étude, la consommation d’insectes présente différents risques, des risques d’allergie, majoritairement. Ces risques sont présents dans d’autres aliments plus communs mais leur effet concret et leur ampleur ne sont aujourd’hui pas connu. A l’égard de cela, il est nécessaire d’établir des conditions d’élevages et de production constituant un encadrement spécifique et ainsi garantie une maitrise des risques sanitaire.

L’étude conclut par « en attendant la mise en place de normes spécifiques et d’un encadrement adapté, l’Anses recommande la prudence aux consommateurs présentant des prédispositions aux allergies ».

Sources :

http://www.lemonde.fr/planete/article/2015/04/09/que-risque-t-on-a-manger-des-insectes_4613087_3244.html

http://www.lemonde.fr/planete/article/2013/12/19/la-belgique-autorise-la-consommation-de-dix-insectes_4337298_3244.html

http://agriculture.gouv.fr/FAQ-Insectes-pour-la-consommation

http://www.agro-media.fr/dossier/reglementation-leurope-interdit-la-commercialisation-dinsectes-comestibles-17248.html