La Journée a été adoptée le 22 février 1993 par l’Assemblée générale des Nations unies, conformément aux recommandations de la Conférence des Nations Unies sur l’environnement et le développement (CNUED). Célébrée depuis 1993, date de son adoption, elle présente l’occasion de poser les enjeux et la problématique de l'eau dans le monde, à savoir l'accession, sa gestion durable. Dans ce cadre, un thème est fixé chaque 22 mars. Celui de 2015 est : Eau et développement durable.

« EAU ET DÉVELOPPEMENT DURABLE » : L'EAU, CONVERGENCE DE TOUTES LES ACTIVITÉS HUMAINES

Au cœur de toutes les activités économiques, sociales et environnementales de l'homme, l'eau douce est le bien de l'humanité le plus communément partagé. Devant une population mondiale en constante augmentation qui doit se nourrir, se laver, se vêtir, se loger, arroser la terre cultivable, nous en arrivons à une époque où la question de la pénurie de la denrée n'est plus taboue. En effet, à l'image du pétrole et des énergies fossiles, l'eau est aussi épuisable. M. Ban Ki-moon, secrétaire général de l'ONU prend toute la mesure de l'urgence dans ce discours : « Afin de faire face aux nombreux enjeux relatifs à l’eau, nous devons travailler dans un esprit de coopération, être ouverts aux idées nouvelles et à l’innovation et nous tenir prêts à partager les solutions dont nous avons tous besoin pour garantir un avenir moins précaire  ».

LA PROBLÉMATIQUE DE L’ACCÈS A L'EAU POTABLE ET A L'ASSAINISSEMENT

Le secrétaire général de l'ONU dans son discours en l'honneur de la Journée nous édifiera sur la situation. En effet, il s'avère que 750 millions de personnes (soit plus d'un dixième de la population mondiale) n'ont accès à aucune source d'eau améliorée et que les femmes et les enfants seraient particulièrement ciblés. S'agissant de l'assainissement, la question de la dignité humaine est en débat, compte tenu du nombre de population en manque. En effet, près de 2,5 milliards de personnes vivent sans infrastructures d'assainissement et un milliard de personnes défèquent à l'air libre. Cette situation tout à fait inquiétante devient une question de santé publique mondiale, compte tenu de l'ampleur du dégât en termes de pathologies diarrhéiques. La question qui mérite d'être posée est celle-ci : pourquoi, autant de déséquilibre à l'accès à l'eau dans le monde ? Quelle est la politique mise en place, notamment par l'ONU (à l'origine de cette Journée mondiale) pour l'accession de tous à l'eau ? Nous savons qu'en France, la loi de 1992 proclame l'eau comme patrimoine commun de la Nation, quid au niveau international ?

L'EAU, PATRIMOINE COMMUN MONDIAL DE L’HUMANITÉ OU POURSUITE DE SA PRIVATISATION ?

Plus on est pauvre, plus difficile est d'accéder à l'eau douce, potable ou pas. Par conséquent, la question de l'accession à l'eau n'est, en définitive, qu'une question de niveau de vie. Partant de ce constat, nous allons nous focaliser sur la situation des pays pauvres et nous demander pourquoi la question de l'eau comme patrimoine commun mondial de l'humanité reste chimérique, voire impossible.

En effet, confrontés au problème de remboursement de leurs dettes, les pays du sud, pour la plupart, ont été soumis à des plans d'ajustement structurels préconisés par la Banque Mondiale et par le FMI. Ce fut un désastre pour ces pays, particulièrement dans la politique de l'eau. Les formules néolibérales imposées par ces institutions ont conduit à la libéralisation du secteur de l'eau. L'eau devient une marchandise comme le pétrole soumise aux lois du marché. Les grandes sociétés occidentales de l'eau, à l'image de la Lyonnaise des eaux, Vivendi Environnement, et SAUR International se frottent les doigts. Ces sociétés citées et beaucoup d'autres n'explorent et n'exploitent l'eau que lorsque l'intérêt financier le demande.

Au vu de ce qui est dit, l'eau ne peut être considéré comme un patrimoine commun mondial de l'humanité. Pour qu'il en soit ainsi, les collectivités et les Etats doivent avoir la mainmise sur leurs ressources aquatiques aussi bien dans l'exploration que dans l'exploitation, ce qui de toute évidence, ne parait pas venir de si tôt. La célébration de la Journée mondiale de l'eau n'aura d'impact qu'à mesure de la cessation de sa privatisation.



Références :

Message du Secrétaire général de l'ONU : "http://www.un.org/fr/events/waterday/2015/sgmessage.shtml"

"L’eau : patrimoine commun de l’humanité" : http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/l-eau-patrimoine-commun-de-l-114179