Alors que l’Agence européenne pour l’environnement (AEE) vient de publier sa synthèse le 2 mars dernier, elle dresse un bilan préoccupant pour la biodiversité en Europe. En ce sens, la propagation d’espèces exotiques envahissantes fait partie des coupables de la perte de la biodiversité. Cette tendance n’est pas nouvelle, en 2010, la Commission Européenne avait déjà établi ce constat, ce qui l’avait poussé en mai 2011 a adopté la Stratégie de la biodiversité pour 2020 visant à protéger et à améliorer la biodiversité, en réaction aux lacunes du premier plan d’action élaboré en 2001. Elle avait ainsi défini six objectifs prioritaires, dont le cinquième est : « Lutter contre les espèces allogènes envahissantes ».
Qualifiées de « menace pour la biodiversité européenne », il convient de définir ce que sont les espèces allogènes envahissantes.

1) Des définitions

La Commission européenne définit les espèces allogènes comme : « un organisme introduit du fait d’activités humaines, directement ou indirectement, intentionnellement ou accidentellement, à l’extérieur de sa zone de croissance naturelle passée ou présente. » Ce n’est que lorsque ces espèces ont une incidence négative sur la biodiversité, la socio-économie ou la santé humaine qu’elles sont désignées comme envahissantes. L’apparition et le développement de ces espèces envahissantes sont corrélatifs à l’explosion des flux liée au commerce et aux voyages ainsi qu’au changement climatique.
Les menaces qu’elles font peser sont de deux ordres, environnemental, par la perte de la biodiversité et économique.

2) Des exemples

Deux exemples seront pris pour montrer d’abord les désagréments que ces espèces apportent sur l’environnement puis ceux qu’elles apportent sur l’économie.
Prenons le cas de la moule zébrée (Dreissena polymorpha), vient de l’Europe de l’Est et s’est propagé vers l’Europe de l’Ouest en se fixant sur la coque des bateaux.
En se propageant, elle est entrée en concurrence avec la population indigène, les moules d’eau douce, et a entrainé sa diminution, voire son extinction dans les milieux où la nourriture serait plus rare. En effet à la différence des moules d’eau douce qui se déplace pour se nourrir, les moules zébrés se fixent et ne se déplacent pas. Ainsi elles se retrouvent en supériorité numérique, occasionnant par la même la détérioration de la qualité de l’eau dans leur espace de vie.
A l’impact environnemental qu’elle génère s’ajoute l’impact économique. Elles obstruent les prises d’eau des centrales électriques, les réseaux d’eau industriel en s’agglutinant les unes aux autres formant ainsi une masse solide. Le coût pour les déloger peut atteindre des milliards d’euros.

3) Des mesures prises et des mesures à prendre

Le premier constat à faire est que l’éradication des espèces allogènes envahissantes ne concerne pas un seul pays, ni un seul continent, mais doit être prise en compte à l’échelle mondiale par les pays hôtes de ces espèces et par les pays récepteurs.
A l’initiative de plus de cent scientifiques européens a été conçu un inventaire dans lequel plus de 11 000 espèces invasives ont été répertoriées dans le projet DAISIE (Delivering Alien Invasive Species Inventory for Europe). Il faut souligner l’apport de ce recensement qui a nécessité un travail de 3 ans mais il nécessite d’être mis à jour ce qui est tout autant contraignant.
La première mesure à prendre est la mise en œuvre effective de la Stratégie de la biodiversité pour 2020 la mise en place d’une politique cohérente au sein des pays de l’Union Européenne. De même, il faudrait prévoir l’élargissement d’une politique concertée à l’échelle mondiale pour s’assurer notamment que les atteintes à l’environnement ne soient transférées en dehors des frontières européennes, n’occasionnant par là aucune réduction de la perte de la biodiversité à l’échelle planétaire.
Les mesures à prendre concernent également le citoyen qui importe intentionnellement des espèces comme animaux de compagnie ou plantes ornementales puis les abandonnent délibérément. On peut ainsi présenter la grenouille taureau nord-américaine qui a été implanté en Europe par le commerce d’animaux d’aquarium.

-----------------------------------------------------------------------
Bibliographie :
http://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/?qid=1425480701224&uri=URISERV:ev0029
http://ec.europa.eu/environment/news/efe/articles/2013/06/article_20130601_11_fr.htm
AEE, 2015. L'environnement en Europe : état et perspectives 2015 – Synthèse.
http://ec.europa.eu/environment/nature/info/pubs/docs/nat2000newsl/nat25_fr.pdf
http://www.rsba.ca/recherche_espece/fiche_espece.php?recordID=332&lan=fr