Le danger des particules fines PM10

L'Institue de veille sanitaire dans son premier Bulletin épidémiologique hebdomadaire publié le 6 janvier 2015, quantifie l'impact des particules fines PM10. Ces particules fines accroissent le risque de mortalité immédiate et pas seulement sur le long terme.
Ces microparticules, dont le diamètre est inférieur à10 microns, sont générées par les gaz d'échappement des véhicules ; notamment les moteurs diesel, l'activité industrielle et les systèmes de chauffage. Elles affectent les voies respiratoires, le cœur et peuvent provoquer des pathologies importantes telles que : crise cardiaque, rupture d'anévrisme, embolie pulmonaire. Ces maladies peuvent apparaitre dans les cinq jours suivant une exposition. Les effets sont plus importants pour les personnes âgées de plus de soixante quinze ans.
Les villes françaises ne dépassent pas la valeur réglementaire européenne de 40µg/m3 de particules fines mais seule Dijon respecte le seuil de pollution admis par l'Organisation mondiale de la santé, à savoir 20µg/m3. Les villes les plus polluées sont Lille, Lyon, Nice, Grenoble, Lens-Douai.
La maire de Paris, Anne Hidalgo, qui soumettra son plan antipollution le 9 février 2015, veut agir « dans l’urgence » pour bannir les véhicules polluants de la capitale. Les premières mesures d’interdiction s’appliqueront dès le 1er juillet 2015. Anne Hidalgo tient une promesse de campagne, et souhaite agir au plus vite en raison des risques de santé publique. Une place de « zone à basse émission » va être mise en place qui interdira l’accès aux véhicules polluants, diesel comme essence. La maire de Paris, le 1er juillet 2015, va interdire la circulation des cars et des poids lourds les plus polluants. De plus le 1er juillet 2016, en s’appuyant sur la loi de transition énergétique, cette interdiction s’appliquera à tous les véhicules les plus polluants.
Les véhicules roulant au diesel apparaissent comme la cause de pollution cependant ils gardent des défenseurs au sein du gouvernement. En 1999 à Tokyo, pour venir à bout de la pollution, les autorités avaient appelé à "ne pas conduire, ne pas acheter et ne pas vendre de véhicules diesel". Au sein du gouvernement, le sénateur écologiste Ronan Dantec propose une taxation spécifique qui financerait une prime à la casse, et le député François de Rugy, réclame surtout "un signal fiscal de rééquilibrage" pour réduire l'écart de 20 centimes par litre entre diesel et essence. Les partisans du diesel jouent la carte écologique. En effet, les moteurs diesel consomment moins, et ils émettent moins de dioxyde de carbone (CO2), le composé chimique jugé responsable du réchauffement climatique. Les particules fines émises par le diesel posent effectivement un problème de santé publique, cependant leur diffusion est limitée par le filtre à particules rendu obligatoire pour les véhicules mis en service à partir de 2011 par la norme européenne E5.
En 2012,70,8% du parc automobile français est composé de diesel (contre 9,9% il y a 30 ans). Résultat, les véhicules diesel rejettent 87% des particules émises par le trafic routier français contre moins de 10% pour les moteurs à essence non catalysés. C’est le résultat d’une politique continue des autorités françaises depuis des années, qui a rendu la fiscalité du gazole plus favorable que celle de l’essence.
Le ministre de l'Écologie Philippe Martin a annoncé vouloir rencontrer Renault et PSA Peugeot Citroën afin d'évoquer la stratégie industrielle concernant le diesel. Le gouvernement s'attaque à l'avantage fiscal accordé au gazole. Le diesel n'est pas "l'élément prioritaire", a insisté le ministre. Philippe Martin énonce "qu' en aucune façon" la question de la lutte contre la pollution "ne saurait se résumer à celle sur la fiscalité du diesel".
Début décembre, Manuel Valls, le premier ministre, voulait réparer «l'erreur» d'avoir longtemps privilégié le diesel. Les propos sont plus modérés. Ségolène Royal, ministre de l'Écologie, a expliqué, que l'objectif du gouvernement est désormais «de faire disparaître les vieux diesels datant d'avant 2005 non équipés de filtre à particules». Le gouvernement souhaite identifier les véhicules les plus et les moins polluants. La pastille verte entre 1998 et 2003 semble de retour mais sous une forme plus complexe.
Dans un premier temps, un «certificat de qualité de l'air» pourra être attribué gratuitement aux conducteurs qui en feront la demande. Le plus «écologique» sera accordé aux voitures électriques ou hybrides rechargeables. Ensuite, une différence devrait être faite entre les voitures immatriculées avant et après le 1er janvier 2011. Cette date correspond à l'entrée en vigueur de la norme Euro 5, qui limite fortement les émissions polluantes des voitures. Il n'y aura donc pas de différence entre moteurs diesel et essence, montrant bien que le gouvernement cesse sa guerre personnelle contre le diesel.
Le but est d'accorder des avantages aux voitures pour les véhicules les moins polluantes. Cependant, en France, l'âge moyen des voitures est d'un peu plus de 8 ans, et un tiers des véhicules ont plus de 10 ans. Ce sont ces véhicules qu'il faudrait remplacer, explique le Comité des constructeurs français de l'automobile (CCFA). D'autant que le système du bonus-malus a favorisé l'achat de moteur diesel. Il sera difficile sans aide, car les ménages les plus modestes, soit deux à trois millions, n'ont pas les moyens de renouveler leur voiture. Cette tendance devrait se poursuivre car la future norme Euro 6 qui sera en place en septembre, sera beaucoup plus sévère et devrait faire grimper le prix des modèles diesel d'environ 1.000 euros.