Depuis le 1er janvier 2015, le bisphénol A (ou BPA) est définitivement interdit en France dans les contenants alimentaires et les tickets de caisse, comme le prévoit la Loi 2012-1442 du 24 décembre 2012. Cette décision a été fortement saluée par l’opinion publique. Forcément, ce perturbateur endocrinien, donc dangereux pour la santé, était utilisé pour la conception de plastiques et de résines destinés à la fabrication de récipients alimentaires, comme par exemple les biberons. Mais la menace pour la santé est-elle vraiment écartée ? Quelles sont substances utilisées pour le remplacer ? L’une d’entre elles se nomme bisphénol S (ou BPS). De la même famille que son prédécesseur, ce composé chimique présente des effets sanitaires encore trop méconnus et semblerait, selon de récentes études scientifiques, s’avérer tout aussi toxique et dangereux pour l’organisme que le BPA. Sachant qu’il est couramment utilisé, ce constat pose un problème. En effet, cela signifierait qu’un danger sanitaire aurait été écarté au profit d’un autre. Par ailleurs, ce composé présenterait également une menace non négligeable pour l’environnement. C’est à ce titre qu’il convient d’étudier plus en détail les dangers de ce substitut chimique.


Les dangers sanitaires


Le bisphénol S présente plusieurs dangers au niveau sanitaire, malheureusement ceux-ci sont encore aujourd’hui assez peu connus, la cause principalement au faible nombre d’études scientifiques parues à son sujet. L’Institut national de l’environnement industriels et des risques (Ineris) avait pourtant, dans un rapport en date de 2011, averti des risques liés au polyethersulfone, substituant au bicarbonate et fabriqué à partir du bisphénol S, qui aurait des effets en tant que perturbateur endocrinien, comme le BPA. Plus récemment, une étude américaine publiée dans la revue scientifique Environmental Health Perspectives en janvier 2013 et réalisée par des chercheurs de l’Université du Texas vient corroborer cela. Il semblerait selon elle que le BPS agisse en tant que perturbateur endocrinien et ce, même à faible dose. Les effets causés à l’organisme seraient similaires à ceux du BPA, notamment en ce qui concerne l’altération des réponses cellulaires aux œstrogènes. Il causerait par ailleurs des altérations du rythme cardiaque.

Une prise de conscience de la part de la communauté scientifique française semble néanmoins émerger. En effet, l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM) a publié le 15 janvier dernier, dans la revue Fertility and Sterility, une étude démontrant que le BPS avait pour effet de réduire la testostérone produite par les testicules humains, notamment par les testicules fœtal. Il serait alors aussi néfaste pour l’Homme que ne l’est son cousin BPA.

Le principal problème en France est qu’à ce jour le bisphénol S n’a aucune traçabilité obligatoire dans l’industrie. Aucune réglementation ne vient l’encadrer. Aucune obligation de déclaration n’existe. Cela signifie qu’il peut être employé dans la fabrication d’un produit sans que le consommateur n’en soit informé. S’il s’avère aussi dangereux que ces études le prétendent, il serait fortement avantageux que le législateur vienne encadrer son utilisation, sous peine de se retrouver, dans quelques années, devant des cas de maladies qui auraient pu être évités.


Les dangers environnementaux


En plus d’être nocif pour la santé humaine, le bisphénol S est nocif pour l’environnement. Une étude japonaise réalisée par des chercheurs de l’Université d’Osaka, en 2009, est venue démontrer que, des trois différents bisphénols examinés (A,F et S), le bisphénol S est celui le moins dégradable. Les scientifiques ont en effet examiné la dégradation des trois composés dans l’eau de mer et n’ont observé aucun signe de détérioration de ce dernier. On peut alors aisément en déduire que le BPS est très polluant du fait cet impact environnemental durable, de manière plus importante encore que le BPA, pourtant interdit.

En considérant que cette molécule est relativement répandue, du fait de son statut d’alternative au BPA, que se soit dans les contenants alimentaires, ou bien dans les tickets de caisse ou encore les tickets de cinéma, il est alors de facile de faire le constat suivant : un quantité non négligeable de déchets contiennent et contiendront du bisphénol S dans leurs composantes. Cette substance mettra un temps très long avant de se décomposer dans l’environnement, entraînant alors un risque accru pour la planète et pour l’Homme.


Les récentes, mais encore trop peu nombreuses, études scientifiques ont permis de démontrer que le BPS devrait être classé dans les substances dangereuses. Sa nocivité en tant que perturbateur endocrinien, au moins aussi importante que le BPA, ne lasse pas d’interroger sur les conséquences dans le futur. Le vide juridique l’encadrant favorise son utilisation pour la fabrication de produit du quotidien. Malheureusement, les effets qu’il est susceptible de causer sur l’Homme et sur l’environnement sont difficiles à évaluer en raison de son utilisation encore jeune et du peu de recul qu’ont les populations vis-à-vis de lui. Il est difficile de pouvoir réellement cerner les dommages sanitaires et environnementaux qu’il est susceptible de causer. D’autant plus qu’il n’existe pas encore de molécule alternative ayant les mêmes propriétés pour le remplacer de manière définitive dans l’ensemble de l’industrie où il est employé. Il est vrai que, compte-tenu de son incertitude scientifique encore forte, il est logique en pratique qu’aucun texte ne vienne l’encadrer, même si certains crieront au scandale. Néanmoins, peut-être les choses changeront en avril, lorsque que l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) publiera les résultats d’une étude qu’elle doit réaliser sur l’exposition du bisphénol S.

Affaire à suivre.







Sources :
- www.asef-asso.fr
- www.journaldelenvironnement.net
- www.topsante.com
- www.futura-sciences.com
- www.fertsert.com
- www.actu-environnement.com