La revue Nature, prestigieuse publication, scientifique estime que les projections de la production américaine de gaz de schiste pourraient être considérablement surestimées par l’Energy Information Administration, l’agence fédérale chargée de la prospective énergétique. « Ces prévisions sont importantes car elles nourrissent des décisions politiques sur l’énergie prises au plus haut niveau » dixit la revue scientifique.
L’Energy Information Administration donne des estimations sur la production du gaz de schiste cependant ce sont des dizaines de milliards de dollars d’investissements prévus outre- Atlantique pour le développement d’infrastructures lourdes de liquéfaction, d’exportation, et de production électrique. Les estimations de l’agence ne sont pas sans conséquence financières.
Le gaz naturel est la source la plus propre d'énergie respectueuse de l'environnement de tous les combustibles fossiles. Elle est caractérisée par une faible émission de gaz à effet de serre et l’absence de déchets dangereux. L’exploitation à grande échelle du gaz de schiste a démarré au cours des années 2000 lorsque le prix des hydrocarbures s’est établi au-dessus d’un seuil élevé en relation avec la stagnation de la production du pétrole et du gaz conventionnel et la croissance de la consommation énergétique mondiale. Grâce au gaz de schiste les États-Unis sont redevenus un exportateur net de gaz naturel et dans le futur devraient être à nouveau un exportateur net d’énergie. Les réserves non prouvées dans le monde sont estimées à 206.000 milliards de m³ de gaz de schiste (32 % des réserves totales de gaz naturel) et 345 milliards de barils d’huile de schiste (10 % des réserves totales de pétrole). Les réserves de gaz de schiste sont réparties sur tous les continents mais la Chine, l’Argentine, l’Algérie et les États-Unis en sont, dans cet ordre, les plus gros détenteurs.
Un article dans le New York Times est en train de bouleverser l'industrie américaine des gaz de schiste. Le journaliste Ian Urbina a réuni de nombreux éléments tendant à montrer que les réserves exploitables et la rentabilité de la production de ce gaz naturel non-conventionnel, en plein boom depuis cinq ans aux Etats-Unis, ont été largement surestimées.
En effet, il est important de noter que les prévisions de l’Energy Information Administration sont bien plus élevées que les estimations faites par des chercheurs indépendants. De plus l’Energy Information Administration ne publie pas de chiffres ni de statistiques illustrant la quantité du gaz de schiste. Parallèlement au travail de cette agence, des économistes, des ingénieurs et des géologues ont entrepris le même travail que l’Energy Information Administration et parviennent à des résultats qui eux sont publiés et qui prouvent la production n’augmente pas autant que le prêtent L’Energy Information Administration. La production du gaz de schiste serait donc surestimée. Il est certain qu’il existe une divergence, c’est pour cette raison que la revue Nature a demandé à l’Energy Information Administration de communiquer les détails de ses analyses pour comprendre la différence de résultat.
A la comparaison des deux modes de calculs, il apparait que les données sont traitées de manière radicalement différente. En effet, la méthode de l’Energy Information Administration consiste à faire la moyenne de la production de chaque comté, l’autre groupe de scientifiques a utilisé un calcul plus « fin » pour repérer les zones les plus productives.
De plus, l’Energy Information Administration considère que le nombre de puits peut s’accroitre alors que les chercheurs ont démontré que cela n’était pas réaliste d’aller réaliser des forages dans les grandes villes ou sous les lacs. En définitive, il est clair que les deux méthodes ne donnent pas les mêmes résultats. Afin extraire le gaz naturel piégé dans les schistes, il faut fracturer cette roche peu perméable en y injectant, de l'eau agrémentée d'un cocktail impressionnant de produits chimiques toxiques. Cette technique ne permet de récupérer le gaz naturel que dans un périmètre limité autour de la zone fracturée. Il est très fréquent de voir les extractions d'un puits chuter de moitié dès la première année.
Pour maintenir un niveau de production élevé, il faut donc sans cesse creuser de nouveaux puits. Selon Art Berman un pétro géologue de Houston, les industriels américains surestiment de 73 à 350 % le montant des réserves qu'ils sont capables d'exploiter.

La revue Nature rappelle que les réserves polonaises de gaz de schiste ont été divisées par dix d’après les analyses du bureau géologique nationale. On est en droit de se demander qui à tort ou à raison et si le gaz de schiste va perdurer dans le temps. Il semble que la quantité de gaz de schiste soit amplifiée et encensée par l’industrie américaine. Le gaz de schiste ne serait pas le "combustible de transition" entre les combustibles fossiles riches en carbone, comme le charbon et le pétrole, et n'aurait qu'un avenir très incertain dans le domaine des transports. L’exploitation de ce nouveau combustible sur le marché ne devrait pas connaître de hausse substantielle.