Que ce soit à travers les rapports du GIEC ou par les interventions des diverses associations de protection de l’environnement, nous sommes conscients que le réchauffement climatique est en marche et qu’il ne fera que s’amplifier si les différentes puissances ne respectent pas les objectifs fixés par les accords et réglementations relatifs à la limitation des émissions de gaz à effet de serre.
Deux événements, l’un nouveau et l’autre datant déjà de six ans, viennent appuyer l’urgence de la situation.


Le premier est apparu en juillet dernier, au nord de la Sibérie : un « cratère géant » (1) est apparu dans la péninsule de Yamal et a suscité beaucoup d’interrogations sur ses origines. Celui-ci mesure trente mètres de diamètre et soixante-dix de profondeur. Quelques jours plus tard, toujours en Sibérie mais dans des régions un peu plus éloignées, deux autres cratères de la même nature ont été découverts.
Les scientifiques se sont alors lancés dans des recherches pour cerner l’origine de ces cratères. Marina Leibman, chercheure à l’institut de la cryosphère terrestre de l’Académie des sciences russes, a alors avancé l’idée selon laquelle ces « trous se seraient formés sous l’effet d’un relargage de méthane mélangé à de l’eau et du sel après la fonte du pergélisol » (1). Cette thèse est soutenue par plusieurs autres scientifiques qui attribuent la fonte du pergélisol (ou « permafrost ») au réchauffement climatique.
Or, la fonte du pergélisol entrainerait des conséquences non négligeables. En effet, « lorsque le sol est moins froid, la matière organique accumulée […] va être décomposée soit par des bactéries anaérobies ce qui produirait du méthane, soit en présence d’oxygène ce qui produirait du dioxyde de carbone » (1), qui sont des gaz à effet de serre. Le phénomène contribuerait donc à son tour au réchauffement climatique qui entrainerait une fonte plus importante du pergélisol. Le pergélisol est donc un indicateur du réchauffement climatique, mais aussi une « bombe à retardement pour le climat » (1).
Cependant, Gerhard Krinner, chercheur au laboratoire de glaciologie et de géophysique de l’environnement, se veut rassurant en affirmant que « ce dégel entrainerait un surplus d’émissions de carbone de 10% par rapport aux émissions actuelles, alors que des estimations précédentes tablaient sur 20% » (1). Des estimations qui demeurent inquiétantes quant à la progression du réchauffement climatique, surtout au vu du second événement rapporté par les médias en juin 2008.

Le second événement qui a suscité de nombreuses réactions s'est déroulé il y a six ans : deux ours polaires, à quelques jours d’intervalle, sont arrivés dans le nord de l’Islande alors qu’il ne s’agit pas de leur habitat naturel. La problématique à laquelle les autorités islandaises avaient du faire face était fondée sur une exigence de sécurité des citoyens de l’île.
En effet, les deux ours polaires se situaient dans des zones habitées. Le premier des deux ours a, en quelque sorte, pris de court les autorités islandaises qui ne disposaient alors pas du matériel adéquat pour intervenir dans ce genre de situation : « le sédatif correspondant au plantigrade n’était pas disponible dans l’île » (2). De plus, les conditions météorologiques ne permettaient pas de conserver une bonne visibilité de l’animal pour pouvoir en maitriser les déplacements. Ces éléments ont donc conduit à l’abatage de l’ours qui représentait, dans ces conditions, un risque pour la population.
Face aux vives réactions qui ont suivi la mort d’un membre de cette espèce menacée, les autorités islandaises ont tenté de gérer la situation du second ours polaire différemment. Quand ce dernier a été repéré sur les terres de l’île, le gouvernement s’est empressé de faire venir en urgence un vétérinaire spécialisé du zoo de Copenhague avec le matériel nécessaire à l’anesthésie puis au transport de l’animal afin de pouvoir le rapatrier dans son milieu. Mais malheureusement, l’ours a été abattu à son tour lorsqu’il s’est remis à l’eau, puisqu’ « une fois à l’eau, il risquait de reprendre pied plus loin, dans une zone habitée » (3).
Suite à ces deux mésaventures, le gouvernement islandais a décidé de créer « un groupe d’intervention ours polaires » (3) dans le but d’améliorer la gestion de ce genre de situations.
Et les principaux acteurs ont surtout cherché à comprendre comment ces animaux ont pu arriver aux endroits où ils ont été observés. Sur ce point, les théories divergent. En effet, pour Thor Jakobsson, responsable de l’unité de recherche sur la banquise à l’office météorologique islandais à l’époque, la venue des ours polaires dans ces régions de l’Islande serait due au réchauffement climatique (3). Les ours polaires, selon lui, sont contraints d’aller s’alimenter plus à l’est, où la banquise est plus ferme, puisque cette dernière fond près des côtes groenlandaises. C’est alors qu’ils se retrouveraient à dériver, en raison des courants, sur les pans de glace qui se détachent et arrivent non loin de l’Islande. En revanche, d’autres scientifiques, comme Magnus Andersen, croient à la théorie de l’accident ou de l’ « événement climatique très ponctuel et localisé » (3).


Au-delà des nombreux rapports publiés par les scientifiques sur la progression du réchauffement climatique, ses conséquences sont de plus en plus concrètement perceptibles par les citoyens du monde. Il serait fâcheux qu’il soit nécessaire de voir apparaitre de nouveaux événements de la sorte pour provoquer un élan de conscience chez tout un chacun.




(1) Audrey GARRIC, Les cratères géants de Sibérie sont-ils dus au réchauffement climatique ?, http://ecologie.blog.lemonde.fr, 29 juillet 2014.
(2) Le nouvel Observateur Planète, Un ours polaire dérive à la nage jusqu’en Islande, 17 juin 2008.
(3) Olivier TURC, La dérive islandaise de l’ours polaire, Le Monde, 2 juillet 2008.